- International
- Coupe du monde féminine
- Demi-finale
- Japon/Angleterre (2-1)
Le Japon rejoint les USA en finale !
Le match était presque joué d'avance, tant les niveaux semblaient disparates. Finalement, les Japonaises auront bien ramé pour participer à leur deuxième finale de Coupe du monde d'affilée, tandis que les Anglaises peuvent rentrer le buste droit. Sinon ? On a encore eu droit à deux buts sur penaltys.
Japon 2-1 Angleterre
Buts : Miyama (32e sp), Bassett (90e+2 CSC) pour le Japon / Williams (40e sp) pour l’Angleterre
Pas un mot dans la presse. Pas un tweet. Rien. Peanut’s. Voilà un mois que l’équipe du Japon alimente le cliché de la discrétion asiatique dans cette Coupe du monde. Une communication ciselée et des prestations pas toujours abouties, mais un ticket en demies. Jusqu’ici, les championnes du monde en titre avançaient masquées en se la jouant Zorro, donnant parfois l’impression de monter dans les tours sans réellement passer la cinquième. Au coup d’envoi, les Nadeshiko pointaient pourtant ultra-favorites avec une table de résultats verte comme un bon gazon canadien, tandis que les Anglaises présentaient un bilan teinté d’une unique ligne rouge pour une défaite d’entrée face aux Bleues. Et comme dit le proverbe nippon : « La pluie tombe toujours plus fort sur un toit percé… »
Encore deux buts sur penaltys…
Visiblement déterminées à suivre le rythme de leur victoire face aux Canadiennes au tour précédent, les femmes en blanc piquent dès la première minute par la grande Jodie Taylor, auteur d’une frappe à rebond qui manque de surprendre Ayumi Kaihori, la gardienne nippone. Un premier coup de revolver annonciateur du contraste avec la tactique de judokas des Asiatiques : le travail au corps, tout en usure pour mieux dégainer le ippon. Le premier quart d’heure, plutôt fade, ne se pimente qu’au rythme des débordements infructueux des ailières Aya Miyama et Nahomi Kawasumi (13e, 15e) et de ce coup franc non touché que Karen Bardsley repousse presque par hasard (21e). Le coup de katana viendra finalement d’une erreur d’arbitrage – pas la première dans le tournoi – lorsque la latérale droite Saori Ariyoshi lance un amour d’appel dans le dos de la défense. Poussette hors de la surface, Ariyoshi s’écroule dedans, penalty transformé côté gauche par Aya Miyama, 1-0.
Si l’ouverture du score est méritée, il se pourrait bien que les Three Lionesses aient trouvé le méridien faiblissant sur le flanc droit de la défense nippone. Le trio Dugan – Taylor – Lafferty combine, frappe six fois, mais ne cadre pas (19e, 23e, 37e), suffisant toutefois pour provoquer un corner décisif juste avant la mi-temps. Le coup de pied de coin entraîne une baguenaude du cuir dans la surface, Stephanie Houghton est crochetouillée par derrière et Mme Anna-Marie Keigley siffle une seconde fois. À tort, une seconde fois. Farah Williams conclut (40e), score de parité à la mi-temps.
Trois minutes pour tout changer
« Il y a toujours une guêpe pour piquer un visage en pleurs » , édicte un second proverbe japonais. Reste encore à savoir qui lâchera la première larme. Les styles sont en réalité trop opposés pour offrir un spectacle de choix aux spectateurs du Commonwealth Stadium d’Edmonton. Les Anglo-Saxonnes font de l’anglais – de longs ballons devant, neuf fautes à la mi-temps – et les Japonaises singent un ersatz de tiki-taka barcelonais dépourvu de son M-S-N. Mais en trois minutes, le match semble basculer. Le premier wizz du second acte est envoyé sur la barre par Toni Duggan d’une superbe volée du droit, quelques secondes avant que l’expérimentée Ellen White n’oblige Kaihori à se détendre sur un joli enroulé du gauche, et que Farah Williams ne voit sa tête lécher le poteau gauche des cages nippones (62e, 63e, 64e). La sélectionneuse, Norio Sasaki, ne sourcille point : le vent vient de tourner.
Mana Iwabuchi, fraîchement entrée en attaque, presse sur l’aile gauche et virevolte en solo (70e, 73e, 75e), pour finalement faire plier l’armada blanche au bout du bout du temps additionnel, avec un tacle malheureux de Laura Basset qui marque contre son camp. Cruelle rencontre, qui signe surtout la première victoire du Japon contre l’Angleterre en trois matchs de Coupe du monde. « Cette équipe est la troisième à atteindre les demies-finales. Nous voilà dans le même club que les générations masculines de 1966 et 1990 » , déclarait le sélectionneur anglais Mark Sampson avant la rencontre. Pour la suite, ça attendra encore quatre ans.
Par Théo Denmat