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  • CDM 2018
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  • Belgique-Japon (3-2)

Le Japon, ou l’insouciance kamikaze

Par Adrien Hémard
3 minutes
Le Japon, ou l’insouciance kamikaze

La solidité défensive du Japon avait été sa principale force jusqu'ici. Contre la Belgique, le Japon a renoué avec son insouciance offensive. Laquelle est autant responsable de la belle performance des Samouraïs bleus que de leur élimination. Aussi beau que cruel.

Ils nous avaient laissés sur une fin de match honteuse contre la Pologne, lors de laquelle ils avaient refusé le jeu pendant un bon quart d’heure en se contentant de répéter les passes latérales entre défenseurs. Une prestation qui avait propulsé le Japon en Une des journaux internationaux. Pas pour leur qualification, mais pour leur anti-jeu flagrant qui les envoyait en huitièmes de finale du Mondial aux dépens du Sénégal.

Contre la Belgique, les Samouraïs bleus sont en revanche redevenus l’équipe insouciante qui régale par sa technique et sa propension à se projeter rapidement vers l’avant. Tant mieux pour les spectateurs. Mais tant pis pour eux. Car c’est cette même insouciance qui a causé l’élimination du Japon après lui avoir presque offert l’exploit contre la Belgique. Tout est malheureusement dans le « presque » .

Le retour des feux follets japonais

Si, dans l’ensemble, la première période nippone a été plutôt prudente face à l’armada belge, les joueurs de Nishino ont tout de même envoyé un message clair aux Belges. Frappe de 35 mètres pleine d’audace de Gen Shoji dès la neuvième minute, jeu de feu follet, quelques tentatives lointaines… Oui, le Japon avait décidé de tout tenter ce soir. Surtout après la pause.

Car au retour des vestiaires, les Samouraïs bleus ont véritablement dégainé leurs sabres. Comment ? En tentant des relances osées (et réussies) par Shoji. En se permettant des montées fulgurantes du Marseillais Hiroki Sakai. Bref, en retrouvant une insouciance qui fait normalement la spécificité de la nation. Et qui la rend si attachante, si séduisante. À l’image de l’intenable Inui sur son côté gauche. Pleins de culot, les Japonais ont ainsi envoyé deux brindilles dans les cages de Thibaut Courtois. Le problème, c’est que cela cache souvent une part de naïveté.

Corner à la japonaise

Parce qu’à 2-0, aux portes de l’exploit, ils n’ont pas su freiner leur insouciance. Enfin associés, Kagawa et Honda ont fait des ravages dans la défense belge en jouant tous les coups à fond, là où la sagesse aurait été de calmer le jeu et de laisser venir les Belges dont les jambes tremblaient. Las, les Japonais n’ont pas su le faire et se sont entêtés dans une insouciance aussi séductrice que destructrice.

Certes, elle aurait pu leur ouvrir les portes des quarts sans un grand Courtois. Mais elle les a au contraire anéantis à la 94e minute. Une histoire de secondes, où le ballon est passé du poteau de corner belge aux filets nippons. Le moment précis où l’insouciance se mue en cruelle naïveté. Plutôt que de joueur ce corner à deux et de gagner de précieuses secondes synonymes de prolongation, les Japonais, culottés, ont cru pouvoir en faire leur balle de match. Aveuglés par leur propre folie, ils en ont offert une aux Belges.

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