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Le Honduras veut surprendre
Sélection méconnue d'Amérique centrale, le Honduras a pourtant quelques raisons d'espérer jouer la qualification dans un groupe D assez ouvert, derrière l'ogre espagnol. Notamment grâce à la frappe de mule d'un homme au pied estropié.
Du Honduras on ne sait pas grand-chose, sinon que c’est un pays pauvre d’Amérique centrale. À la rigueur, les férus d’histoire se souviendront d’une guerre du football déclenchée après un match de qualification pour le Mondial 1970 contre le Salvador. Une vilaine querelle de voisinage qui aura tout de même fait près de 2000 victimes du 14 au 18 juillet 1969. Niveau ballon rond, les Catrachos se livrent un bras de fer chinois permanent avec le Costa Rica, pour la place de 3e puissance de la zone Concacaf, derrière les intouchables Mexique et États-Unis.
D’ailleurs, lors du tournoi de qualification olympique, le Honduras s’est incliné deux fois contre l’ogre aztèque, sèchement en phase de poules (3-0), puis après prolongation en finale dans un match qui comptait pour du beurre, les deux équipes ayant déjà le précieux sésame pour Londres in the pocket. Leur gros match, les Honduriens l’ont livré en demi-finale face au voisin honni salvadorien en s’imposant 3-2 dans un toujours très chaud derby d’Amérique centrale. Étrangement, la sélection US, qui organisait le tournoi, avait, elle, été sortie en phase de poules.
L’homme aux 8 orteils
Sur le papier, la sélection hondurienne est une énigme. Très peu de visages familiers dans la liste des 18. Ainsi, parmi les joueurs de plus de 23 ans conviés, pas de trace de Georgie Welcome. Visiblement, l’ancien Monégasque n’était pas le bienvenu. Étonnamment, les expats européens tels qu’Emilio Izaguirre du Celtic, Wilson Palacios de Stoke ou encore l’expérimenté David Suazo n’ont pas été appelés à la rescousse non plus. Du coup seuls les amateurs de Premier League reconnaîtront Maynor Figueroa. L’arrière gauche de Wigan est un footballeur singulier, il n’a que 3 doigts au pied gauche, conséquence d’un accident subi lorsqu’il était enfant. Nike a d’ailleurs conçu une chaussure sur mesure pour lui, incluant deux orteils artificiels. Pour autant le natif de Jutiapa sait faire fi de son handicap, puisque une de ses armes favorites est sa puissante frappe… du gauche. Pour preuve ce coup franc hallucinant inscrit depuis sa moitié de terrain lors de la saison 2009-2010 :
Comme quoi on peut allumer de beaux pétards, même avec deux orteils en moins. Figueroa sera avec le milieu Roger Espinoza, le seul Catracho à avoir participé à la Coupe du monde sud-africaine il y a deux ans. Le reste de la sélection est composé de joueurs évoluant dans les grands clubs du pays, l’Olimpia et Motagua, à l’image du capitaine, le solide central Johnny Leveron, et de jeunes aux dents longues qui monnayent leur talent en MLS, comme le prometteur milieu Andy Najar. Enfin, devant, le buteur de la réserve de Valence, Anthony Lozano, devra convertir les occases.
Une préparation encourageante
Pas une mince affaire, puisque lors des derniers Jeux Olympiques à Pékin, la sélection d’Amérique Centrale était rentrée bredouille. Trois matchs pour autant de défaites, et surtout pas un but à se mettre sous la dent. Peanuts. Pourtant cette fois du côté de Tegucigalpa, on trouve des raisons d’espérer. En effet, la préparation de la compétition a été excellente, puisque les Catrachos ont remporté leurs 3 rencontres amicales face à d’autres nations engagées : les Émirats arabes unis, le Gabon et l’Égypte.
Un tour de chauffe idéal pour l’escouade de Luis Suárez, un entraîneur colombien, dont le principal fait d’armes est d’avoir emmené l’Équateur en huitièmes de la Coupe du monde 2006, qui affrontera le Maroc pour son entrée dans sa compétition. D’ailleurs une victoire face aux Maghrébins est indispensable pour les potes de Figueroa. Placés dans un groupe D dévolu à l’Espagne, les Honduriens pourraient alors envisager jouer la qualification face au Japon, le 1er août prochain à Coventry. En attendant, Luis Suárez n’a pas peur et clame ses ambitions haut et fort : « Nous allons jouer pour gagner les 3 matchs » . Voilà qui promet.
Par Arthur Jeanne