- C1
- Quarts
- Atalanta-PSG (1-2)
Le héros s’appelle Choupo-Moting
Après avoir été longtemps raillé, Eric Maxim Choupo-Moting a obtenu ce mercredi face à l'Atalanta la juste récompense de son travail acharné et de sa place appréciée dans le groupe. En moins d'un quart d'heure sur le terrain, l'ancien attaquant de Schalke 04 a prouvé qu'il pouvait soigner les maux offensifs parisiens les soirs où Mauro Icardi a décidé de ne pas bouger son postérieur. Qu'on se le dise : le Camerounais n'est définitivement pas une arnaque.
Le symbole est fou : à l’issue de la rencontre, tous n’avaient d’yeux que pour un homme souvent moqué. Ander Herrera a loué ses mérites lors des traditionnelles réactions d’après-match ; Neymar a même été plus démonstratif en se jetant dans ses bras face aux journalistes du monde entier. De fait, Eric Maxim Choupo-Moting est le sauveur du club parisien. Le symbole est d’autant plus fort que le titulaire légitime au poste, Mauro Icardi, a produit une copie laborieuse dans une rencontre qui dépendait pourtant tant de sa performance. Preuve en est que dans ce type de matchs disputés et brouillons, le PSG doit s’en remettre à des soldats. Choupo-Moting en est un, et les stars de l’effectif parisien lui doivent ce mercredi une fière chandelle.
Docteur Choupo et Mister Icardi
Dans ce match, il y a tout d’abord un constat, au pire alarmant, au mieux inquiétant. Mauro Icardi, comme lors des derniers matchs du Paris Saint-Germain – en finale de Coupe de France face à Saint-Étienne (1-0) et en finale de la Coupe de la Ligue contre Lyon (0-0) – a été fantomatique. Certes, le système à deux attaquants mis en place par Thomas Tuchel n’est pas à l’avantage de l’Argentin. Ce dernier est inutile sur le front de l’attaque, car il ne peut ni donner la pleine mesure de ses talents de renard, ni participer au jeu. Mais c’est dans un autre compartiment que l’ancien joueur de l’Inter a pêché face à l’Atalanta ce mercredi : dans la générosité, dans l’envie, dans la capacité à dépasser ses fonctions. Il n’a jamais coupé les centres et n’a tiré qu’une seule fois, et encore la tentative n’était pas cadrée.
Eric Maxim Choupo-Moting, à l’inverse, a été exemplaire dans ce domaine. Il est en toute hypothèse moins talentueux que son compère argentin, moins clinquant aussi, et probablement moins utile sur le long terme. Et pourtant, à partir de son entrée en jeu à la 79e minute de jeu, Chupa Chups a fait tout ce que l’Argentin n’a pas fait : être solide dans l’impact et plus impliqué dans le jeu. L’égalisation vient d’ailleurs de lui, et ce n’est pas un hasard : après avoir pris possession du ballon sur le côté droit, l’ancien de Schalke adresse le centre au second poteau qui amène la transformation opportuniste de Marquinhos. De même, alors qu’il libère ses coéquipiers dans le temps additionnel, il se jette désespérément au premier poteau, prêt à sacrifier son corps pour faire entrer le cuir.
Une sucette sucrée
Le Camerounais reçoit là la récompense de son travail acharné et de son investissement irréprochable. Jamais la sucette parisienne n’a signifié un quelconque mécontentement, bien consciente de son rôle apparemment limité sur le terrain, mais crucial dans la vie du groupe. Ce mercredi, ce n’est pas le talent qui a triomphé, c’est bien plus que ça : une volonté de gagner ensemble sans aucune considération des statuts. Les Parisiens l’avaient assuré avant la rencontre : les uns étaient prêts à mourir pour les autres. Et dans ce domaine, Choupo est exemplaire : parfaitement intégré, jamais enclin à se plaindre, grand adepte du dépassement de fonction, il a démontré qu’il était un formidable joueur d’équipe, un garçon capable d’être présent quand on fait appel à lui.
Et cela ne doit pas faire oublier que Choupo-Moting est loin d’être une fraude : son talent n’est pas le plus évident du vestiaire parisien, mais il est réel. Surtout, il va à l’encontre de l’étiquette du joueur aux pieds carrés qu’on a voulu lui coller un soir d’avril 2019, où ses pieds avaient bégayé et provoqué les moqueries de la génération réseaux sociaux. Le centre qu’il donne au second poteau face à l’Atalanta est chirurgical et ne relève pas du coup de bol. Son appel qui délivre ses coéquipiers est un geste d’attaquant doté du sens du but. Un ensemble de qualités, humaines comme sportives, qui pourrait inciter les dirigeants du club de la capitale à revoir le statut du Camerounais : le futur parcours du PSG en Ligue des champions dépendra de son rendement, capital en sortie de banc. Et s’il n’est pas encore assuré de prolonger son contrat, chacun sait désormais que le nouveau chouchou parisien, du haut de ses 31 ans, n’est pas une imposture. Au contraire, ce mercredi, il est un sauveur.
Par Valentin Lutz