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Le Guide TV de la saison

Par Eric Carpentier
7 minutes
Le Guide TV de la saison

Finie, l'époque bénie où le monde se divisait en deux catégories : ceux qui ont Canal+ et ceux qui ont des potes qui ont Canal+. Désormais, pour voir du foot à la TV, il faut passer par un paquet d'abonnements et prévoir de solides compétences organisationnelles. Voici un petit guide de survie télévisuelle de la saison à venir.

« La Une, la Deux m’ont pris dans leur jeu / La Trois, la Quatre je zappe et je mate / La Cinq, la Six en sont les complices / Câblé, survolté, j’ai le syndrome du canapé. » Il y a près de 20 ans, Passi décrit l’offre télévisuelle comme personne. Aujourd’hui, c’est à peine s’il englobe le bordel qu’est devenue la répartition des droits TV du foot. Alors qu’on était habitué à un dilemme plutôt simple, entre le gratuit et le payant au tournant des années 2000, le passage d’Orange suivi de l’arrivée de beIN Sports en France lors de la saison 2012 a redistribué les cartes. Grosso modo : au gratuit la portion congrue, aux fans de sports l’option beIN, et aux frimeurs la pose Canal. Mais, cet été, un nouvel entrant a perturbé le fragile équilibre : Patrick Drahi et son Altice qui, via SFR, prétend à proposer à la fois contenant et contenu, à réunir, dans un groupe unique, télécommunications et médias. Dans le même temps, personne ne veut manquer de grappiller quelques miettes de l’immense gâteau que constitue le football. Résultat, on peut trouver du ballon sur près de 10 chaînes. Zapping.

L’historique mal en point : Canal+

« Maintenant vous pouvez éteindre la télévision et reprendre une activité normale » : voilà une baseline qui aurait pu accompagner l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête du groupe Canal. Pour sa partie foot, la coquille se vide de ses animateurs et, surtout, de sa Premier League. Alors, que reste-t-il à voir sur la chaîne cryptée ? La Ligue 1, évidemment. Et même plus que la saison dernière, puisque Canal récupère le match du vendredi soir (20h45), en plus de celui du samedi après-midi (17h) et de l’affiche du dimanche, qui passe de 21h à 20h45. Pour rester en France, Canal prend cette saison l’affiche de Ligue 2 du lundi à 20h30, et l’affiche du National, le samedi à 15h (les autres rencontres sur Dailymotion). Sans oublier l’incontournable Coupe de la Ligue, autre nouveauté tombée dans l’escarcelle Canal cette année. Frissons.

Au niveau européen, pas de changement majeur : une affiche française par journée de poule, le mercredi. Ensuite, cela dépendra de Paris, Lyon voire Monaco : si deux équipes sont encore engagées, Canal continue avec l’affiche française du mercredi. Dans le cas contraire, elle garde deux matchs pour les 8es, puis un à partir des quarts. Et renvoie sur D8 pour la diffusion de la finale, « événement sportif d’importance majeure » , donc nécessairement accessible en clair. Sympa, la loi.

La nouvelle référence sportive : beIN Sports

Canal aurait aimé substituer son offre en propre par un accord de distribution exclusive pour « le plus grand des spectacles » , mais l’Autorité de la concurrence en a décidé autrement. C’est dommage, parce qu’avec beIN, c’est une place assurée dans le gratin européen : l’ensemble de la Ligue des champions moins les matchs alloués à Canal, mais avec la finale, et 205 matchs de Ligue Europa, légèrement partagés avec W9 (co-diffusion d’une rencontre par journée pour le rejeton de M6). De quoi voir jouer beaucoup d’équipes espagnoles.

Sinon, il y a les championnats domestiques. Le deal reste ici le même : la Liga, la Bundesliga ou la Serie A en exclusivité sur beIN, qui garde aussi un pied outre-Manche : le Championship (à commencer par Fulham-Newcastle, vendredi 5 août), le Community Shield (Leicester-Manchester United, dimanche 7 août), la FA Cup et la Carling Cup. Tout ce qu’il faut pour dire hello régulièrement à Darren Tulett.

Et le meilleur pour la fin, la Ligue 1. Sur beIN, ça se passe le samedi soir pour un Caen-Lorient de première journée, par exemple, et le dimanche après-midi, à 15h puis à 17h. À noter que la chaîne pourra co-diffuser avec Canal jusqu’à 12 matchs du vendredi soir. Un échelon en dessous, le signal Ligue 2 est branché le vendredi soir (8 matchs à 20h) et le samedi après-midi (15h). Bonus, après le Starsbourg-Amiens de ce samedi, Paris et Lyon seront diffusés pour leur Trophée des champions autrichien (20h45).

La babyface killer : SFR Sport

À l’instar d’Orange il y a huit ans, SFR a voulu marquer le coup pour son arrivée dans le monde du foot. Mais là où Orange s’était contenté d’un investissement de 200 millions d’euros pour partager la Ligue 1 avec Canal, SFR frappe fort : plus de 300 millions d’euros sur 3 ans et la très suivie Premier League arrachée à son diffuseur historique. Mais rien ne dit que SFR ne vivra pas un destin à la Orange : sans accord de diffusion avec d’autres FAI jusqu’ici, ces derniers rechignant à voir une chaîne au nom d’un concurrent dans leur bouquet, il faut, pour l’instant, obligatoirement passer par un abonnement internet et box SFR pour suivre le grand règlement de comptes annoncé au Royaume. Conte, Guardiola, Mourinho, Klopp, Ranieri, Wenger, Pochettino ou encore Puel seront-ils des arguments suffisants pour faire venir les amateurs sous la bannière du carré rouge ? Rien n’est moins sûr. Sinon, il y a les abonnements mobiles, et une tablette ou un smartphone et sa loupe. Pas gagné.

Après le contenant, le contenu. SFR Sport 1 est entièrement dédiée à la Premier League : entre cinq et six matchs proposés en direct à chaque journée, quatre rattrapages dans la semaine pour chaque rencontre, des émissions sur le foot anglais et même des rediffusions des saisons précédentes pour combler la grille. SFR Sport 2, qui annule et remplace Ma Chaîne Sport, est plus éclectique. En vrac, on y retrouvera le championnat d’Europe espoirs, de la Libertadores, de la Copa do Brasil ou de la Chinese Super League. En attendant ces destinations exotiques, SFR Sport 2 se chauffe avec une palanquée de matchs amicaux (West Ham-Juventus et Arsenal-City dimanche 7 août, par exemple), et quelques matchs de qualifications à l’Europe, selon des arrangements cas par cas. Après Lille-Qabala la semaine dernière, c’est ainsi au tour d’AEK-ASSE de passer en direct, jeudi (20h).

L’équipe nationale : TF1 et M6

TF1 et l’équipe de France, une histoire d’amour. Si la Une s’est faite taper la finale de l’Euro par M6, la chaîne officielle des Bleus reste celle de Téléfoot. Tous les matchs amicaux et ceux de qualification à la Coupe du monde 2018 seront sur TF1, pendant que les autres matchs qualificatifs seront soit sur Canal (zone Europe), soit sur beIN (zone Amérique du Sud). Une diffusion qui a un coût pour TF1 : 3,5 millions d’euros par match. L’UEFA a tenté de faire gonfler les prix à 4 millions à partir de 2018, mais TF1 et M6 se sont au contraire alliés pour les faire baisser à 3,3 millions. Résultat, un nouveau round de propositions doit être lancé. Les Bleus doivent faire couler les billets verts.

L’équipe de coupes : France Télévisions

Il n’y a pas que Stade 2 sur le service public. Il y a aussi Xavier Gravelaine et Daniel Lauclair. S’ils se sont faits tirer la Coupe de la Ligue par Canal, ils gardent l’option de la co-diffusion d’une affiche par tour à partir des 16es. Idem pour la Coupe de France, propriété partagée avec Eurosport mais dont au moins un match par tour est diffusé sur FT à compter des 32es. Sans attendre un alléchant Wasquehal-Laval, France 4 diffusera l’intégralité du tournoi olympique de l’été, masculin et féminin, puis l’Euro féminin en juillet 2017. Pour la Coupe du monde 2019 en France en revanche, c’est TF1 qui s’est montré le plus gourmand. Et malin, donc.

Ils se battent pour les places d’honneur : les autres

Du côté du gratuit, on retrouve une finale de Ligue des champions (D8), une affiche par journée de Ligue Europa (W9), quatre à cinq matchs de championnat de France féminin (France 4), les matchs à domicile des Bleuets (D17) ou encore du championnat de Russie et de la Coupe du Portugal (L’Équipe 21). De quoi varier les menus plaisirs. Pour le payant, le principal challenger est Eurosport qui, avec ses deux chaînes, regroupe de la Ligue des champions féminine (partagée avec beIN, voire une chaîne en clair pour la finale), la Coupe de France (principalement sur Eurosport), les championnats et coupes féminins français, la MLS américaine. Et si Eurosport a perdu la Ligue 2, elle a aussi récupéré la Coupe et la Supercoupe d’Italie. Deal gagnant ? Pas forcément pour le pro de la zapette : pour pouvoir tout voir, il faudra débourser, au minimum la première année, 75 € par mois. Le prix d’une licence à l’année en District.

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