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Le guide du supporter français au Brésil

Par Mathias Edwards, à Rio
5 minutes
Le guide du supporter français au Brésil

Ils sont quasiment 20 000 à avoir décidé de passer leur été au Brésil. Eux, ce sont les supporters de l'équipe de France, reconnaissables au premier coup d'œil dans les rues de Porto Alegre, Salvador de Bahia ou Rio de Janeiro. Et pas seulement grâce à leurs tuniques bleues. Petit manuel de survie à leur intention pour profiter de la fin de la compétition…

1 – Comment se faire comprendre

Non, il ne suffit pas de rajouter -ao à la fin de chaque mot pour maîtriser le brésilien. Mais certains « trucs » sont tout de même susceptibles de garantir une petite crédibilité auprès des locaux, au moins dans les premiers instants de vos échanges. Comme savoir que les « o » se prononcent presque tous « ou » . « Por favor » ( « s’il vous plaît » ), devient par exemple « por favour » . De même, tout ce qui se termine en « -im » ou en « -em » se chante avec l’accent marseillais. Ainsi, « viagem » ( « voyage » ) se prononce « viageing » . Quant au h, il change la prononciation de la consonne qui le précède : « nho » se transforme en « gno » , « lhe » en « lie » , tandis que le e final se prononce « chi » ou « gi » . « Cidade » ( « ville » ) se dit donc « cidadgi » . Enfin, le fameux « ão » se prononce « a-an » . Pour résumer, « demain, je commence un voyage pour voir jouer Fernandinho et Dante » , s’écrit « amanhã, eu começo uma viagem para ver o jogo Fernandinho e Dante » et se prononce « amaingnain, éou começou uma viageing para ver o jogo Fernandigno e Dantgi » . Fastoche, non ?

2 – Le vocabulaire obligatoire

Ne pas hésiter à distribuer du « Tudo bom ! » ( « très bien ! » ) à l’envi, sans avoir peur de tomber dans la caricature, pour exprimer votre capital de sympathie. Dans le même esprit, tous les gens que vous croisez méritent leur « bom dia ! » ( « bonjour ! » ), contrairement aux Parisiens, par exemple… Côté bourdes, ne parlez pas de « favelas » à un Carioca. À Rio, les autochtones préfèrent le terme « comunidades » , plus politiquement correct, lorsqu’il s’agit d’évoquer leurs quartiers les plus défavorisés. Ne pas oublier également que seuls les habitants de Rio de Janeiro sont des Cariocas, contrairement à ce que pensent bon nombre de commentateurs sportifs. Enfin, entendre parler de poulet ( « frango » ) dans un stade n’est pas forcément mauvais signe, l’expression désignant un but marqué trop facilement. De même qu’un « frangueiro » est un gardien qui n’encaisse que des buts évitables. Pas le style de « golazo » inscrit par une « time » ( « équipe » ) adepte du « carrossel holandês » ( « football total » ).

3 – Comment se nourrir

Bouillie pendant des heures, la fameuse feijoada carioca cale n’importe quel estomac. Mélange de riz, de haricots noirs, de porc, d’oranges coupées en tranches et de farofa, une sorte de farine de manioc, c’est le plat parfait à déguster avant de se rendre au stade en étant certain de ne pas avoir un petit creux à la mi-temps. Généralement servie en très grande quantité, les restes constituent en outre un remède solide contre les lendemains de fête post-victoires. Du poisson frais qu’on croirait tout droit sorti d’une criée marseillaise, des épices qui sentent bon l’Afrique et du piment qui vous envoie directement aux Antilles : impossible de transiter par Salvador sans goûter une moqueca, la spécialité culinaire de l’État de Bahia. Un plat qui représente à lui tout seul le métissage présent dans cette région. À Belo Horizonte, optez pour une belle assiette de fromage. Mondialement réputé pour ses produits frais, l’État du Minas n’a plus rien à prouver en matière de gastronomie. Autre chose que les hamburgers estampillés FIFA servis aux abords des stades. 


4 – Les transports

Partout au Brésil, les points de vue sont superbes, particulièrement à Rio. Une raison suffisante mais pas unique pour profiter de son temps libre pour monter aussi haut que la route vous le permet. Car après le plaisir des yeux, c’est lors de la descente qui mène tout droit au Maracana depuis le quartier de Santa Teresa que le grand frisson attend le voyageur qui opte pour le bus. Au pays d’Ayrton Senna et Nelson Piquet, chaque parcelle de goudron réserve sa part de surprise à bord de véhicules pilotés par des chauffeurs qui manient leur volant comme Pelé le faisait avec son ballon : en cultivant l’amour pour les petits espaces. Dépassements dans des ruelles étroites avec véhicules venant de face, interdiction de freiner même lorsque la marge permettant de s’engouffrer entre deux trottoirs est fine comme du papier à cigarette, trous dans la chaussée faisant racler le bas de caisse contre le sol sur plusieurs mètres et bien sûr, surpopulation à bord qui vous oblige à vivre toutes ses émotions en position debout, le bras accroché à une barre qui ne demande qu’à céder avant votre arrivée au stade. Le tout pour trois petits reais. Pour pas beaucoup plus cher dès que votre équipage se compose d’au moins trois personnes, cette aventure peut se vivre en taxi, le confort de la position assise en prime. Et avec en bonus les jours de match, la rencontre diffusée sur l’écran GPS du chauffeur. Avec pour seul inconvénient que votre pilote y est plus attentif qu’à la route.

5 – Comment s’habiller

Depuis quelques années, l’équipementier de l’équipe de France s’est mis en tête de vêtir les Bleus avec des tenues qui tiennent plus du polo que du traditionnel maillot de foot. Un choix payant, la tunique bleue pouvant se porter dans le civil sans attirer les moqueries. A tel point qu’au final, il ne ressemble tellement plus à une tenue de supporter que le fan de la bande de Deschamps passe inaperçu aux abords de Copacabana. Surtout que la couleur de l’étoffe officielle de l’équipe au coq change tous les six mois. Ainsi, un groupe de Français déambulant aux alentours de la « fan fest » ressemble davantage à une bande de jeunes gens propres dans leurs polos bleu marine, bleu foncé, blanc ou à rayures grises ou bleues qu’à une horde de supporters déterminée à se faire entendre. L’unique solution pour remédier à ce problème se trouve dans le vintage. Et tout le monde possède forcément un maillot de France 98 au fond de son placard.

Au fait, quelle équipe supportes-tu vraiment ? Pour le savoir, réponds au quizz du 12èmehomme.

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