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Le guide des villes de la Coupe de France
La vie, la vraie, ce n'est pas un match des Bleus. La vie, c'est un week-end de 7e tour de Coupe de France. Bienvenue dans douze endroits de l'Hexagone où l'on ne met jamais vraiment les pieds par hasard.
Samedi 5h : AS Magenta – Pau FC
L’AS Magenta reçoit Pau, et tout Nouméa est chaud bouillant derrière les Canaris, enfin… presque. À L’Etrave, bar situé dans la baie de l’Anse Vata, Audrey, serveuse, n’est pas tout à fait au courant qu’un match de Coupe de France se jouera dans sa ville dans moins de 24 heures : « Euh… il y a un match ? D’habitude, on diffuse plutôt les gros matchs. L’équipe de France ou les matchs de coupes d’Europe. » Soit. L’AS Magenta, neuf fois championne de Nouvelle-Calédonie, attendra avant de parader sur les écrans de L’Etrave. Pas grave, d’autres ont pensé à eux. Non loin de là, Au Rendez-Vous bar sport, une équipe est prête pour soutenir l’ASM. En salle, Leïla promet de « faire crier les clients, ce sont en majorité des touristes français et australiens, explique-t-elle. Mais après quelques Mai Tai (cocktail à base de rhum, ndlr), ils seront tous derrière l’ASM. » Victor, aux fourneaux, aura les yeux rivés sur les multiples écrans qui jonchent l’endroit : « On va gagner, ici, chez nous, on est obligés, toute la ville est derrière nos gars ! » Au four et au moulin, le Victor ? On ne lui a pas demandé s’il avait le don d’ubiquité. RG
Samedi 14h : Côte Chaude – Marseille Consolat
Si, avec ce nom, vous pensiez vous diriger vers la côte méditerranéenne, basque ou encore bretonne, c’est raté. Direction le Forez et plus précisément la ville de Saint-Étienne. Une fois le panneau de la ville dépassée, rendez-vous dans le nord-ouest et le quartier de Côte Chaude-Montaud. Une fois arrivé dans ce quartier emblématique de la ville, partez à la découverte de la place de la République et sa fameuse statue de Marianne, avant de vous détendre au reconnu golf de Saint-Étienne et son parcours championnat de dix-huit trous pour les adeptes du driver. Amateurs de football, ne ratez pas un match du club le plus vieux de la ville, le Côte Chaude sportif en division d’honneur. Moins soutenu que son grand frère de l’ASSE, le CCS a tout de même rassemblé 37 000 spectateurs à Geoffroy-Guichard en 1994 lors d’un 32e de finale contre le PSG de Ginola, Raí et Valdo. Après une bonne partie de football, quoi de mieux que de la musique pour se ressourcer ? Foncez voir l’orchestre d’harmonie du quartier créé en 1863. SO
Samedi 14h : Avoine Olympique Chinon Cinais – AS Excelsior
Selon la légende, la ville tire son nom de la piètre qualité de sa terre où rien ne pouvait être cultivé excepté l’avoine. Si depuis, à Avoine, pas grand-chose n’a poussé, à part la centrale nucléaire, la ville nichée en plein cœur du Val de Loire offre un point de départ idéal pour partir à l’assaut des châteaux de la Loire. À proximité, vous trouverez aussi Chinon, ville médiévale, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et théâtre du match Tinder entre Charles VII et Jeanne d’Arc le 25 février 1429. Depuis 2013, les clubs des deux villes se sont unis afin de créer l’Avoine Olympique Chinon Cinais. Une belle réussite, qui a permis au club de remonter en CFA 2. À la lutte pour la montée en CFA cette année, tout sourit au club de la Loire. Une raison de plus d’aller voir ce que valent les jeunes pousses d’Avoine ce samedi à 14h. CP
Samedi 17h : AS Erstein – SAS Épinal
Une petite cité du Bas-Rhin avec un passé long comme le bras. Vous en profiterez donc pour satisfaire votre insatiable curiosité relative à l’histoire de l’Alsace. Vous apprendrez ainsi qu’Erstein s’est retrouvée en 1329 entre les mains de Gauthier de Geroldseck, un chevalier aux méthodes d’escroc qui n’hésite pas à dépouiller les bateliers du Rhin. Passée sous domination allemande au XIXe siècle, Erstein revient dans le giron français au début du XXe avant de voir ses environs se transformer en zone de guerre lors des combats pour la Libération en 1944. Depuis, la commune baigne dans la tranquillité, et l’AS Erstein, dont la création remonte à 1919, continue de s’offrir quelques parcours frissons en Coupe d’Alsace dans ses bonnes années. AC
Samedi 18h : Soleil Bischheim – Sarreguemines
Vous avez déjà fait tout le tour de Strasbourg, visité sa cathédrale et flâné dans le quartier de la Petite France ? Remontez alors à peine vers le nord et vous tomberez sur la petite commune de Bischheim, lieu de naissance d’un certain Jean Wendling, ancien international français et double champion de France avec le Stade de Reims. Au menu, balade le long du canal de la Marne au Rhin ou découverte des ateliers SNCF, l’un des fleurons de l’activité économique de la ville. Pour ceux qui voudraient se réchauffer le cœur, direction le stade Allée Blaise Pascal où brille le FC Soleil Bischheim qui évolue en Division d’honneur. Alors faites comme Billy et venez chanter au soleil des tribunes de Bischheim, même si le temps paraît trop court pour goûter au bonheur de chaque jour. Cédric et son drapeau de Sarreguemines trimbalé partout aux Jeux olympiques de Rio pourront aller se rhabiller. RR
Samedi 18h : Les Genêts d’Anglet – St Liguaire Niort
En ce week-end de trois jours, un petit tour sur la côte basque ne se refuse pas. Les Niortais du club de Saint-Liguaire l’ont bien compris et s’octroient une petite virée à Anglet, nichée entre Biarritz la bourgeoise et Bayonne la festive (au moins cinq jours l’été). Pour se détendre avant le match, rien de tel qu’une petite session de surf dans l’un des onze spots d’Anglet. Pour ceux qui craignent la blessure et qui préfèrent décompresser après le match, il y a toujours un petit tour à faire au marché de Quintaou le dimanche matin, pour repartir avec des produits locaux : fromage ossau-iraty, chipirons, légumes pour cuisiner l’axoa de veau, gâteau basque à la cerise… « On ne prend pas de poids quand on vient au Pays basque, on emporte des souvenirs » , s’esclaffe Sophie de l’office du tourisme d’Anglet. MA
Samedi 19h30 : Pouzauges Réaumur – Champigny
Manque de pot, vous avez manqué le week-end de l’année à Réaumur où, à la belle époque, « la tuerie de cochon était un événement rassembleur » . En effet, samedi dernier se tenait la 22e édition de la fête de la fressure (cœur, rate, foie et poumons d’un animal de boucherie) et c’est en tout 950 kilos de viande qui ont mijoté dans des énormes cuves. Les végétariens pourront fuir vers le nord, mais devront se réfugier dans le château de Pouzauges, au risque de tomber sur le siège social de Fleury Michon dans cette commune où Sabri a quand même obtenu 82% de votes aux élections présidentielles dans la série H. Pouzauges et Réaumur auraient donc pu s’assembler pour créer un club de charcuterie, mais ont étrangement préféré le football pour faire vibrer le stade Jacques-Chartier. RR
Dimanche 00h30 : Club franciscain – Lunéville
Marre de la grisaille et du froid de la métropole, vous avez décidé comme les joueurs de Lunéville de vous envoler pour la Martinique. Plus précisément pour Le François (aucun rapport avec le locataire du 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré). Une fois dans la ville qui a donné naissance à Charles-Édouard Coridon, vous ne pouvez pas ne pas prendre un bain dans la baignoire de Joséphine. Le terme désigne les fonds blancs où l’on peut se baigner dans un mètre d’eau. Il se dit que l’impératrice Joséphine aimait se prélasser dans cet environnement paradisiaque. « Il est interdit de venir ici (au François) sans prendre le bateau pour se faire baptiser au rhum dans la baignoire » , explique Jean-Luc qui organise des excursions en bateau. Petit conseil aux joueurs de Lunéville : le baptême, il vaut mieux le prévoir après le match. MA
Dimanche 14h : Misérieux-Trévoux – Grenoble
Direction le 01, l’Ain. Après avoir assisté à un match de rugby à Oyonnax, puis de Ligue 2 à Bourg-en-Bresse, descendez dans le sud du département, quasiment à la frontière du Rhône. Vous êtes arrivé à Misérieux, petite bourgade de 2 000 habitants. Si le village ne possède pas de boulangerie, vous avez, en revanche, le choix entre deux coiffeurs pour vous faire une nouvelle coupe de cheveux, avant de déguster une excellente pizza place de l’Église. Mais attention, « c’est seulement le mardi soir » , prévient Julien, misellans depuis sa naissance. Une fois la pizza digérée, rendez-vous 6km au sud, à Trévoux, et ses 7 000 habitants, labellisé « Plus beau détour de France » , et capitale mondiale de la filière en diamant jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Alors ne ratez pas l’exposition permanente sur cette industrie du diamant ni même le magnifique château de Trévoux et son donjon octogonal. Après ce moment culture, retrouvez le complexe sportif de Fétan pour aller voir le Misérieux-Trévoux AS, invaincu cette saison en DHR. Pour conclure en beauté votre séjour et vous détendre avant de reprendre le travail, filez vers les somptueuses cascades de Trévoux. SO
Dimanche 15h : Rannée-La Guerche – Vertou
Pour les amoureux de la nature. Rannée, ville verte, séduira d’abord les explorateurs forestiers. La commune s’étend sur une superficie de 5 000 hectares dont près de 3 000 en forêt. Une forêt où, en cherchant bien, vous pourrez trouver le célèbre arbre de la Vierge, au pied duquel on raconte qu’aux alentours de 1791, une jeune paysanne en train de prier devant une statue de la Vierge, nichée au creux du chêne, fut fusillée par des gardes républicains, à une époque où la religion n’avait plus tellement la cote. Tout va bien en revanche pour le club de Rannée qui, depuis sa fusion avec le Stade guerchais en 1992, s’est hissé en division supérieur élite. AC
Dimanche 15h : US Sarre-Union – Kronenbourg
Dimanche après-midi, Sarre-Union défie Kronenbourg, on s’attendait à entendre parler de passion, de football, de boisson, tout ça, tout ça. On a vite déchanté, la bourgade de moins de 3 000 habitants n’a pas le cœur à ça. À la pizzeria Da Vinci, rue de Phalsbourg, Louis, d’une voix monocorde, nous indique : « Je ne savais même pas qu’il y avait un match, mais la ville est un peu morose, les gens ici sont renfermés, moi je m’occupe de faire mes pizzas, point. » Au Mak Doner’z, autre pizzeria, même ambiance. Dans un éclat de rire, Yann prévient quiconque a envie de venir à Sarre-Union de « partir en courant, y a rien à faire ici ! » avant de continuer sur le foot qu’il observe de loin, très loin : « Je ne suis pas trop le foot, je sais qu’ils ont fait un beau parcours l’an dernier (Sarre-Union était arrivé en huitièmes de finale, ndlr), mais depuis, ils sont descendus d’une ligue (sic), d’après ce que j’entends de la bouche des footeux, vaut mieux se balader le long de la Sarre que d’aller au stade, et pourtant la Sarre est pas très belle. » C’est à Séverine, réceptionniste de l’hôtel La Porte haute, de nous infliger le coup de grâce : « La ville est morte, les boutiques sont toutes en train de fermer. » De sa voix éraillée, elle poursuit sur l’US Sarre-Union : « Cette saison, ça va beaucoup moins bien, ici on dit qu’il y a un ver dans l’équipe. » Si on a bien compris l’expression, le ver n’a pas dû se limiter au club de foot.
Dimanche 15h : AS Saint Pantaléon de Larche – Bergerac Périgord FC
Grand fan de politique, vous partez à la découverte de la Corrèze, cette région qui a donné deux présidents de la République. Alors, à la sortie du musée Jacques Chirac, cap au sud, direction le Pays brivois et Saint-Pantaléon. L’occasion d’aller se rafraîchir au lac des Causses ou de découvrir le marché de Brive-la-Gaillarde sous la halle Brassens. Comme le chantait le poète sétois, les Brivistes ont du caractère, et du caractère, il en faut pour se tourner vers le football dans un pays de rugby. Les joueurs de Saint-Pantaléon l’ont encore prouvé au tour précédent, lorsque l’équipe de DHR s’est qualifiée aux dépens de Cozes, qui évolue deux échelons au-dessus. Rendez-vous donc au stade André-Pestourie de Brive, pour voir de quel bois se chauffe l’équipe de Saint-Pantaléon, qui disputera son tout premier septième tour de Coupe de France. CP
Par Maeva Alliche, Corentin Pastoret, Robin Richardot, Adrien Candau, Romuald Gadegbeku et Steven Oliveira