- C1
- J2- Monaco-Porto (0-3)
Le gruyère monégasque
Ce mardi soir, l'AS Monaco a complètement craqué à Louis-II face au FC Porto. La faute à une défense friable, en manque d'énergie et de repères.
On joue la 89e minute. Depuis une heure et demie, Monaco, et plus particulièrement son arrière-garde, est en souffrance totale face à la vivacité des attaquants du FC Porto. Au terme d’un cafouillage des plus dégueulasses où Glik, Jemerson, Jorge et Sidibé se font tour à tour bouffer dans chaque duel, Miguel Layún vient porter le coup de grâce en catapultant le ballon dans le but de Diego Benaglio. Plus tôt dans le match, le gardien remplaçant de l’ASM avait pourtant accompli quelques miracles. En vain, puisqu’il était totalement abandonné par ses hommes. À la demi-heure de jeu, Vincent Aboubakar profitait déjà d’une apathie générale pour ruiner la double parade du Suisse et ouvrir le score. Trente minutes plus tard, le Camerounais détruisait Kamil Glik à la course pour faire le break. Bref, ce mardi soir, la défense monégasque a littéralement coulé à Louis-II.
Une charnière centrale essouflée
Cette charnière centrale composée de Kamil Glik et Jemerson s’est fait victimiser sur chaque but. Pourtant, elle est une des dernières valeurs sûres de l’AS Monaco. Le seul secteur de jeu épargné par la vague de départ enregistrée cet été. La seule doublette qui peut encore bénéficier des automatismes acquis lors de la formidable saison 2016-2017 de l’ASM. Et pourtant, ils se sont déchirés ce mardi soir. Paradoxalement, le problème se situe peut-être ici. Depuis maintenant près d’un an, le Polonais et le Brésilien jouent absolument tous les matchs, ne sont pas soumis à la dure loi de la concurrence et n’ont que très peu l’occasion de souffler. En découlent, peut-être, les difficultés physiques de Glik ce soir. Le seul joueur qui pouvait s’immiscer dans la rotation au poste de défenseur central, Andrea Raggi, semble être allé au bout des services qu’il pouvait rendre à son équipe.
Mais les maux de Monaco ne viennent pas seulement de la charnière centrale. Sur les côtés, les Monégasques ont également été dépassés, aussi bien offensivement que défensivement. À gauche, Monaco a perdu très gros cet été en laissant partir sa machine à courir et à centrer, Benjamin Mendy. D’autant que l’ASM n’a pas recruté à ce poste, et le jeune Jorge ne semble pas encore avoir les épaules pour prendre la relève. Friable en phase défensive, il n’a en plus clairement pas la même complicité avec Thomas Lemar. Sachant que la relation entre Lemar et Mendy était l’une des armes les plus efficaces de l’AS Monaco, le manque se ressent. En atteste la prestation en demi-teinte de Lemar ce soir et plus globalement depuis le début de la saison.
Des ailes déréglées
Et à droite, la prestation de Djibril Sidibé n’est pas forcément plus reluisante. L’international français peine à retrouver du rythme et est en souffrance depuis quelques semaines. Toujours aussi volontaire, il semble tout de même atteindre ses limites. Comme s’il était arrivé, déjà, au summum de sa progression la saison dernière. Peut-être même qu’il évoluait alors en surrégime. Et là encore, c’est son binôme de l’aile droite, Bernardo Silva, qui le sublimait. Le départ du Portugais sonne comme un frein à son épanouissement et l’a sûrement déréglé. Encore indécis sur le joueur censé reprendre son rôle (Rachid Ghezzal ou Rony Lopes), Leonardo Jardim n’a toujours pas trouvé le moyen de remettre Sidibé dans les meilleures conditions. Encore un souci de complicité qui plombe Monaco en ce début de saison, beaucoup moins serein malgré un départ largement honnête en Ligue 1. Pour retrouver l’équilibre, Leonardo Jardim va encore devoir bricoler. Mais ça, il a déjà prouvé qu’il savait le faire.
Par Kevin Charnay