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Le Google boy

Par Maxime Brigand
Le Google boy

Frank McCourt a eu mille vies. Le futur nouveau propriétaire de l’OM est comme ça : il aime toucher à tout, à l’immobilier, aux places de parking, mais aussi au sport, où sa première expérience chez les Dodgers de Los Angeles, entre 2004 et 2012, lui a laissé l’étiquette « d’ordure » sur le front. Reste un jour où McCourt a accepté de se brûler les doigts pour franchir le pas de la révolution en confiant le poste de manager général au cerveau d’un certain Paul DePodesta. Plus qu’un boutonneux.

Pour beaucoup, il n’est que Peter Brand. Pour certains, il n’est d’ailleurs qu’un bout d’encéphale humain. Au départ, il n’était surtout personne ou probablement qu’un simple geek de plus alors que les années 2000 se profilaient. Tout le monde sait maintenant qui il est vraiment : un homme timide, qui repousse la lumière, mais avant tout un type qui a révolutionné les fondements de toute une profession en l’espace de quelques années. Paul DePodesta est comme ça. Il ne laisse personne indifférent, car il est simplement différent lui-même. À la fin du mois d’octobre 2005, l’ancien étudiant d’Harvard est pourtant seul face à ses principes. Pour la première fois de sa jeune vie, ses idéaux viennent de manger une porte et celle du Dodger Stadium de Los Angeles peut laisser quelques traces. Quelques heures plus tôt, le propriétaire de la franchise de base-ball de LA, Frank McCourt, a convoqué la presse pour annoncer le départ de son manager général. Les lunettes ne sont pas encore là, les polémiques n’ont pas encore émergé, et le boss parle « d’objectifs non atteints. J’aime bien Paul. Il a beaucoup de qualités. C’est difficile, mais à la fin de la journée, c’est mon boulot, je dois prendre des décisions difficiles » . Un peu plus d’un an après son arrivée à la tête des Dodgers, McCourt vient de couper une nouvelle tête. Cette fois, celle d’un entraîneur qu’il avait lui-même choisi pour poser sa patte sur sa nouvelle fonction. Celle, aussi, d’un homme que tout un pays s’amuse à juger dans tous les sens depuis que sa tête a dépassé au début du siècle.

« Est-ce que tu m’aurais drafté au premier tour ? »

Tout simplement car Paul DePodesta est le symbole d’une nouvelle vague. L’histoire a commencé pour lui à la fin des années 90 lors d’un stage à Cleveland, chez les Indians qui évoluent alors dans la Ligue majeure de base-ball (MLB). Le jeune analyste débarque au Progressive Field en tant que stagiaire après un diplôme d’économie gratté à Harvard où il cumule une petite carrière de joueur entre les bases. C’est là qu’il va taper dans l’œil du système avec ses méthodes. C’est simple : pour DePodesta, le milieu du base-ball se morfond dans sa pensée « moyenâgeuse » et l’ère des scouts est dépassée. Lui ne jure que par les données, la sabermétrie inventée par l’historien Bill James qui la décrivait comme « la recherche de la connaissance objective sur le baseball » et dont la théorie a été décortiquée par Michael Lewis en 2003 dans le livre Moneyball. Un manuel qui dessine les méthodes de DePodesta, alors adjoint de Billy Beane qu’il a rejoint aux Athletics d’Oakland en 1999. Leur histoire a été retracée à l’écran en 2011 par Bennett Miller avec Brad Pitt dans le rôle de Beane et Jonah Hill dans celui de Paul DePodesta, alors renommé Peter Brand. Leur rencontre ? Comme ça : « Pete ? C’est Billy Beane. Est-ce que tu m’aurais drafté au premier tour lorsque j’étais joueur ? – Oui, je l’aurais fait. Vous étiez assez bon. – Arrête de raconter ta merde. Est-ce que tu m’aurais drafté au premier tour ? – Je vous aurais drafté au neuvième. Sans vous faire signer de bonus. – Fais tes valises, je viens de t’acheter aux Indians de Cleveland. »

Voilà comment Paul DePodesta et Billy Beane ont réussi à relever quelques espoirs du côté d’Oakland où, avec une stituation financière compliquée, les deux hommes ont réussi, grâce à l’utilisation de statistiques, à emmener une équipe de bras cassés rivaliser avec les Yankees ou les Red Sox en recrutant des joueurs libres laissés de côté plutôt que des gros noms. Ce que Michael Lewis écrivait comme ça : « Le plaisir de jouer pour Goliath est que vous vous attendez à gagner. Celui de jouer avec David est que vous ne savez pas à quoi vous attendre, et vous avez plus d’inspiration pour changer les choses. » DePodesta, lui, explique plutôt sa recherche constante de « la meilleure solution pour prendre une décision » . C’est-à-dire : combiner la qualité, la technique, l’endurance, le contact humain, le tout pour un prix réduit, et ce, même s’il faut parfois relancer certains joueurs. Dans les faits, le travail est de l’analyse permanente de tous les détails sportifs d’un joueur (nombre de passes, kilomètres parcourus…). Ce que Brentford, en Angleterre, et Midtjylland, champion du Danermark en 2015, ont traduit pour le foot par le cerveau de Matthew Benham.

Entre bandit et révolutionnaire

Reste le contexte pour la méthode. Le Moneyball a ses défauts et ressemble finalement plus à un outil pour améliorer la performance qu’à un modèle de stratégie sportive sur le long terme. Le baseball est finalement un sport individuel derrière un sport d’équipe, et l’utilisation des statistiques est donc plus simple qu’avec une équipe où deux blocs de onze joueurs s’affrontent dans un mouvement permanent. Le foot a également ce truc en plus qu’est la donnée de l’aléatoire, là où un lanceur sait comment un batteur a l’habitude de frapper ses balles. Les outils ont surtout échoué lorsque Paul DePodesta a tapé plus haut, en 2004, avec les Dodgers de Los Angeles. Pourquoi ? Car les ambitions ont été plus élevées, les moyens financiers aussi, et la faim de succès du propriétaire McCourt, et de sa femme, Jamie, alors présidente, bousculent la mise en place. On ne peut pas faire les mêmes choix, car les conséquences sont différentes. DePodesta l’a vu lorsqu’il a laissé partir le receveur Paul Lo Duca, alors star du Dodger Stadium. Au point que la presse locale, par la voix des éditorialistes sportifs du Los Angeles Times, T.J. Simers et Bill Plaschke, ne deviennent anti-Moneyball et parlent de Paul DePodesta comme d’ « un bandit » et « un simple geek sans connaissance du monde du baseball » . Frank McCourt, alors soucieux de préserver la face pour mieux piller le club quelques années plus tard, se séparera de son manager général un an plus tard après un titre de champion de la division Ouest lors de sa première saison et une seconde catastrophique (91 défaites, pire total de la franchise depuis 1992). DePodesta a donc filé vers la NFL. Et McCourt va peut-être se rappeler d’un truc un peu plus prometteur que le projet Dortmund de Labrune.

Dans cet article :
Rabiot à l'OM : la surprise du Duc
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