- Coupe du monde 2014
- Groupe G
- Allemagne/Ghana (2-2)
Le Ghana fait trembler l’Allemagne
Dans un match spectaculaire marqué par le quinzième but de Klose en Coupe du monde, l'Allemagne, trop tranquille en première mi-temps, ne peut faire mieux qu'un match nul 2-2 contre un Ghana héroïque défensivement.
Müller, Götze, Kroos, Özil. À l’image de l’équipe et du jeu concoctés par Löw au fil des années, le quatuor offensif de l’Allemagne est jeune, fringant, technique, élancé, sexy. Pourtant, alors que son équipe est menée 2 à 1 et vient de frôler la correctionnelle sur un contre finalement mal négocié par Jordan Ayew, le sélectionneur de la Nationalmannschaft décide de faire entrer son vieux briscard : Miroslav Klose, 36 balais, quatre phases finales de Coupe du monde au compteur. Quelques secondes plus tard, sur un corner dévié par Mertesacker, le joueur de la Lazio surgit, sans aucune classe, propulse le ballon dans les buts, rate son salto, finit sur les fesses et égale le record de Ronaldo en Coupe du monde. Chapeau bas !
L’Allemagne ronronne, le Ghana étonne
Pour l’instant, la phase de poules de la Coupe du monde ressemble à un concours de gonflette où tous les prétendants déclarés ou supposés à la victoire finale n’en finissent plus de montrer leurs biscotos pour effrayer les autres et gagner un statut de favori. Certains, comme l’Espagne, ont déjà éclaté en plein vol. D’autres, comme la France, affichent pour l’instant une musculature d’athlète complet. À ce petit jeu, l’Allemagne, après la baffe mise au Portugal, aborde le match contre un petit Ghana avec la prétention de devenir le Musclor de la compétition. Mais les choses sont loin de se passer comme prévu, car les Black Stars sont loin d’entrer dans la partie en dilettantes. Alors que la Nationalmannschaft croit pouvoir monopoliser tranquillement le cuir en attendant la faille, Ayew renverse le jeu vers Atsu sur l’aile droite. L’espoir de Chelsea centre fort, au ras des pâquerettes, vers Gyan dont la reprise à bout portant s’envole vers les étoiles — noires évidemment. Les hommes de Jojo Löw, pas du genre à paniquer, reprennent patiemment leur travail de construction. De temps en temps, sur une petite accélération, Özil ou Götze dédoublent sur les ailes et proposent des centres à ras de terre en direction d’un Müller à chaque fois devancé par une charnière Mensah-Boye ultra-concentrée. Lorsque les ailes sont bouchées, Khedira et Kroos s’essaient à des frappes lointaines pas vraiment convaincantes. En un mot, l’Allemagne ronronne et s’expose aux missiles lointains d’Atsu et Muntari et au jeu de tête légendaire de Dédé Ayew. C’est donc presque naturellement que M. Sandro Ricci — un nom haute couture — siffle le repos sur un corner en faveur des Africains.
Le coup de boule d’Ayew, l’égalisation du vétéran
Sans doute en hommage à la belle performance de l’Iran cette après-midi, la seconde période débute sur une séparation qui n’a en fait rien à voir avec Asghar Farhadi, mais concerne plutôt la famille Boateng. Jérôme, épuisé psychologiquement par son frère, cède sa place à Mustafi. Libérée de ce drame familial, la bande à Philipp Lahm se réveille enfin : Müller, sur l’aile droite, temporise avant d’adresser un centre admirable que reprend de la tête puis du genou ce diable de Mario Götze. 1-0, 50e minute, on se dit que les Karotten sont cuites. Pourtant, c’est encore sur une histoire de famille que le scénario du match devient fou. Au moment où Jordan Ayew remplace le dernier Boateng encore sur la pelouse, son frérot, toujours aussi impressionnant dans le timing aérien, reprend victorieusement un bon centre d’Afful. Galvanisés par l’égalisation, les Black Stars continuent de pousser. Sur une perte de balle de Lahm, Muntari lance directement Gyan dans la profondeur. Au duel avec Neuer, l’ancien Rennais ne tremble pas et flingue dans le petit filet. 2-1 ! Une petite danse pour fêter le but et le match reprend sous le regard inquiet de Joachim Löw. Euphoriques, les compères de Michael Essien, sur le banc ce soir, croient au troisième but lorsque Jordan Ayew s’échappe sur l’aile gauche. Au lieu de servir Gyan tout seul au centre, le Sochalien choisit l’option soliste en bute sur le portier du Bayern. Löw sent que son équipe est à la ramasse et sort sa botte secrète : Miroslav Klose. À peine entré en jeu, le vétéran reprend du pied un corner dévié par Mertesacker et égale, avec 15 pions, le record en Coupe du monde de Ronaldo. À partir de là, le match devient fou et file d’un but à l’autre. Les deux formations ont l’occasion de repartir avec les trois points, mais pèchent par maladresse : le Ghana gâche un dernier contre dans le temps additionnel, tandis que l’Allemagne en termine sur un ultime coup franc manqué. Ce match de dingue ne connaîtra pas son vainqueur.
Par Pablo Garcia-Fons