- Espagne
- Liga
- FC Barcelone
Le Futbol Club Barcelona de Xavi
Vingt-quatre ans après être entré dans le moule de la Masia, Xavi Hernández en sort comme la plus belle réussite du Can Barça. Plus encore que Cruijff et Guardiola, il symbolise la philosophie et les succès blaugrana. Hommage est donc rendu au joueur le plus capé et le plus titré du FCB.
Détenteur de la médaille d’honneur, il est la fierté de la municipalité de Terrassa. Né il y a plus de 35 ans dans cette bourgade aux 215 000 âmes, Xavi Hernández i Creus mêle sang catalan, de par sa mère, et andalou, de par son paternel. Le lien qui l’unit à sa région, « son pays » évoqueront certains, relève de l’ambassadeur. Pourtant, ô grand jamais, il ne s’est mué en relais politique de la cause catalaniste et indépendantiste. « Les gens qui me connaissent savent que je n’ai jamais fait de commentaire politique de ma vie, racontait-il dans le So Foot numéro 115. Je n’aime pas ça et je n’ai pas envie de mettre le doigt là-dedans. Je suis footballeur. » Ses discours, il les limite à un rectangle vert dont il est le propriétaire, le cerebro. Éduqué selon les diktats du Can Barça – la maison Barcelone, en VF -, le numéro six blaugrana raconte son club mieux que quiconque. Que ce soit à travers le dosage de ses passes, la subtilité de ses contrôles, la clairvoyance de ses ouvertures, il magnifie la philosophie héritée de Michels, Cruijff, Guardiola… À tel point qu’il est le Futbol Club Barcelona.
De la Hongrie aux Pays-Bas en passant par Terrassa
Loin des Pays-Bas et de leur football total, les pionniers du style universalisé par le FC Barcelone se trouvent bien plus à l’est. « Le Barça, et par extension les clubs catalans de l’époque, se sont inspirés des meilleures équipes du centre de l’Europe : hongroises, autrichiennes, tchécoslovaques… raconte Jaume Olivé, ancien coordinateur du centre de formation azulgrana. Les déplacements dans les villes des MTK de Budapest, de l’Austria de Vienne, du Sparta de Prague, d’Honved ou encore du Ferencváros ont eu un énorme impact sur le football catalan. C’est à partir de ces années 20 que le jeu de « toque », d’association et de triangulation s’est imposé dans le club. » Plus que le passage de Kubala, pendant hongrois de Di Stéfano, la vague de l’Est-Européen offre au Barça une identité déjà moderne. Jesza Poszony, natif de Bratislava, occupe un temps la guérite des Corts (1924-25), tandis que de nombreux joueurs slaves viennent garnir les rangs de l’effectif azulgrana. Xavi, encyclopédie footballistique, incarne encore aujourd’hui la vision des précurseurs de l’Est, accueillis à bras ouverts dans la capitale catalane.
« Plus tard, dans les années cinquante, Helenio Herrera est arrivé et a implanté un nouveau modèle, totalement opposé à l’antérieur, poursuit un Jaume Olivé historien de son fanion. Le jeu devenait plus direct et pragmatique : les individualités primaient. » De ce passage de seulement deux saisons – il y reviendra par la suite entre 1979 et 1981 -, le Français d’origine argentine n’en laisse que peu de nostalgiques. S’ensuivent, dans les seventies, les arrivées conjointes de Rinus Michels et de Johan Cruijff, point d’inflexion dans la culture blaugrana. Plus qu’un style déjà génétiquement imprégné, ils apprennent au Barça à gagner et dompter l’ennemi merengue. Surtout, les méthodes des deux Néerlandais sont pérennisées à travers la cantera. « La clé s’appelle la pédagogie, enseigne Joaquín Hernandez, père de, dans les colonnes du Pais. On ne peut pas enseigner la gagne, mais le jeu, oui. » L’arrivée de Xavi à la Masia correspond d’ailleurs à l’ère du Hollandais volant sous la guérite du Camp Nou. L’émergence du fameux numéro 4, personnalisé par Milla puis Guardiola, fait des émules dans un centre de formation qui attribue ce rôle au natif de Terrassa.
Xavi et « le monsieur qui s’appelait Cruijff »
Ce siècle d’histoire et cette identité blaugrana, Xavi les transpire. Tous les pores de sa peau dégagent l’essence même de la philosophie du Mes que, ce qu’il nous racontait en avril 2014 : « Je me rappelle mon premier entraînement au Barça, qui s’est limité à un toro et un match sans cages. J’avais dix, onze ans à l’époque et je n’avais rien compris :« Comment on peut faire un match sans cages ? » On a joué sans devoir marquer. À partir de là, on a travaillé le ballon, puis est arrivé un monsieur qui s’appelait Cruijff et qui a dit : « On défend en conservant le ballon. » Parfait. La meilleure défense, c’est l’attaque. » Suivront des débuts professionnels en 1998, mais il lui faudra pourtant attendre une décennie et l’Euro austro-suisse pour recevoir des éloges unanimes. Ceux qui débattent de son importance décisive sont réduits au rang « d’idiots » par sa seigneurie hollandaise qui le considère comme « le joueur le plus intelligent » . Intransigeant sur un « style qui ne se négocie pas » , Xavi est aujourd’hui le joueur le plus titré et le plus capé de l’histoire blaugrana. Lui qui aurait « beaucoup aimé raccrocher les crampons ici » il y a encore un an a donc choisi de dire adieu à son Camp Nou. Et à son FC Barcelone.
Pronostic Everton Newcastle : Analyse, cotes et prono du match de Premier LeaguePar Robin Delorme, à Madrid