- Mondial
- 8e
- Espagne/Portugal
Le football, sport d’Ibère
Espagne-Portugal, un huitième aux accents chantants entre le médaillé d'argent et le médaillé de bronze au classement FIFA. Un match fait pour nous réconcilier avec l'expression 50-50.
« … et bonne chance pour le match coach Del Bosque… » . Deux interprétations possibles à la conclusion de la question du journaliste de Marca en conférence de presse. La première, simple comme un coq gaulois : le patriotisme espagnol. La deuxième : l’idée que l’once d’un doute plane au-dessus des champions d’Europe en titre. Si jusqu’au début du Mondial, l’hypothèse numéro uno s’imposait, depuis l’épisode suisse, le supporter espagnol lui-même aurait tendance à pencher pour la seconde option. A raison, selon Luis Aragones : « Si l’équipe continue à jouer comme ça, elle ne pourra pas aller très loin » . Qu’elle perde un match ou qu’elle gagne les autres, l’Espagne devra sans cesse faire avec la comparaison 2008. En l’occurrence, force est de constater, qu’en 2008, ça allait plus vite. Qu’en 2008, ça dépassait rarement deux touches de balle. Qu’en 2008, ça jouait plus court. Qu’en 2008, ça laissait pas autant le ballon. Qu’en 2008, tiqui se conjuguait avec taca. Qu’en 2008, etc… Vous l’aurez compris, en 2008, le journaliste de Marca aurait dit « Bonne route » plutôt que « Bonne chance » .
Une écume d’incertitude sur laquelle surfe allègrement Carlos Queiroz. Non, la maison du voisin n’est pas plus grande : « C’est du 50-50 » . « L’Espagne a 11 joueurs. Nous en avons autant » . « Nos chances de passer sont aussi importantes que celles des Espagnols » . « Ils ont un jeu rapide, plein de créativité, à base de mouvement. Nous sommes pragmatiques et réalistes » . En citant le succès de l’Italie à la Coupe du Monde 2006, et en ajoutant que le football est « une affaire de victoire » , l’ancien adjoint de Sir Alex donne le ton de la rencontre. Déjà que le jeu produit par le Portugal était peu follichon en dehors du carton face à la Corée du Nord, Queiroz balance en substance qu’il faudra s’attendre au remake du match entre le Barça et l’Inter. Avec ses hommes dans le rôle des vainqueurs, on l’avait compris. Pas pour rien que les Lusitaniens sont les seuls à ne pas avoir encore encaissé de but. Pas pour rien non plus qu’ils n’ont qu’une victoire contre les Nord-Coréens pour deux matchs nuls contre des gros. D’où la définition de Vincente Del Bosque : « Le Portugal ? Dix défenseurs, un attaquant » .
Ou plutôt un passeur. Cristiano Ronaldo. L’homme à avoir reçu trois fois le trophée homme du match Budweiser en trois matchs pour un seul petit but et deux poteaux. Mais moult passes décisives. Dans un match fermé comme un coffre-fort italien, la différence se fait sur des exploits individuels. Le focus est simpliste mais tellement évident. Surtout lorsque de l’autre côté de la table de poker menteur, il y a David Villa. Le néo-Barcelonais s’est appliqué durant toute la conférence à défendre Torres, à faire valoir que d’avoir réglé son transfert avant le Mondial n’est pas mieux que son contraire, à répéter que l’Espagne, « c’est d’abord un collectif » . Foutaise ! La Furia Roja, c’est toi mon gars. Sur les quatre buts de l’infante, il est une fois au service et trois fois au couronnement. Qui dit mieux ?
Les arbitres peut-être. Justement le Portugal l’a mauvaise de ce côté-là. Quatre matchs, quatre arbitres américains. Un Uruguayen, un Chilien, un Mexicain et ce soir un Argentin. Puissance 4 ! Cherchez pas, il n’y en a plus d’autres. Dans le genre paramètre de merde à prendre en compte, la Selecçao das Quinas oppose à l’Espagne la météo. Comme chaque jour de match au Cap, il pleut. La dernière fois, le Portugal était venu en planter sept. Un souvenir pas si lointain que Carlos s’est amusé à rappeler à l’ensemble des grattes-papier : « Cape Town, c’est un peu comme jouer à domicile » . La ville compte une copieuse communauté portugaise. D’où un stade à coup sûr majoritairement vert et rouge. Et un scénario quasiment écrit à l’avance : le Portugal va taper l’Espagne et se ramasser en quarts, aux pénaltys. Chiche ?
Maxime Marchon, à Cape Town
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