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Le football seul fait souffrir correctement

Par Thomas Pitrel, au Parc des Princes
4 minutes
Le football seul fait souffrir correctement

Il y a des gifles qui apprennent davantage sur la vie que n’importe quel cours de philosophie. L’humiliation subie par les Nantais au Parc des Princes ce dimanche soir en fait partie.

C’était le 17 mai dernier. Assis sur les marches de la Tribune Loire, il admirait la pelouse de la Beaujoire envahie par le peuple jaune et vert. Les occasions de partager une joie collective étant plutôt rares dans la vie, il a pris un peu de recul pour mieux savourer l’instant. Après quatre années de merde, son FC Nantes retrouve enfin sa vraie place, en Ligue 1, et contre toute attente, ça va plutôt bien marcher. Avec un effectif quasiment identique à celui qui a terminé troisième de deuxième division, les Canaris s’installent dans le haut du classement de l’élite. Aux forceps. Certes, ils perdent la plupart de leurs matchs contre les « gros » , mais ils sont proches du sans-faute face aux autres. Pour ne rien gâcher, leur public est unanimement considéré comme l’un des meilleurs de France, et la Brigade Loire a plus de crédit que jamais dans le petit monde des ultras. Tout roule.
Lapidation de cris de joie
Ce dimanche 19 janvier, pourtant, il est là, effondré au milieu d’une latérale du Parc des Princes. Il n’a pas trouvé de place dans le parcage visiteur, alors il est allé se perdre au milieu d’une foule majoritairement acquise à l’ogre parisien. Il se doutait bien qu’il risquait de souffrir un peu, mais devant tout le monde il affichait son optimisme, il voulait croire à l’exploit. Pari perdu. Par cinq fois, son anonyme voisin lui a gerbé son plaisir et son haleine fétide à la gueule, sans jamais oublier de le moquer gentiment mais lourdement, même après la mise à mort signée Zlatan peu après l’heure de jeu. Il enterre sa peine, qui finit par lui ronger la poitrine. Il a l’impression d’être là, au milieu de la pelouse, en train de se faire lapider de cris de joie par 45 000 personnes.
Perdu dans ses pensées sur le chemin du retour, il ne peut pas s’empêcher de se dire que ce genre de soirées est paradoxalement ce qui lui fait aimer le football. Non pas qu’il ait des penchants masochistes, mais il sait que la souffrance que peut infliger un match est une souffrance saine. Son intensité est proportionnelle à celle de l’amour que l’on porte à son équipe, c’est dire si elle peut monter haut. Mais au fond, on sait que personne n’est blessé et que rien ne va réellement basculer dans sa vie de tous les jours. La détresse de la défaite, c’est la mort sans les conséquences. C’est le signe que la passion du foot est avant tout une recherche de sensations fortes, qu’elles soient positives ou négatives.
L’amour et la mort
Bien sûr, ce rapport à ce qui ne reste qu’un sport peut flatter de bas instincts. On en arrive à sortir des phrases un peu nulles du genre « C’est aussi ça le foot » ou bien « Il vaut mieux perdre une fois 5-0 que cinq fois 1-0 » . Mais c’est la même chose quand un amour grandit. Et on n’a bien souvent en tête que des insultes gratuites et des jugements arbitraires lorsque l’on se fait ainsi corriger en public. Mais c’est la même chose quand un amour s’éteint. La balle au pied, c’est l’amour et la mort en même temps. C’est l’abandon de cette très médiocre recherche d’un bonheur permanent et monotone pour une vie paroxystique faite de sommets ensoleillés et de gouffres sans fond. C’est aussi la prise de conscience que le but ultime est le jeu, et que la victoire ne doit rester qu’une conséquence occasionnelle.
La différence entre gagner et être bon, c’est la différence entre un homme riche et un homme généreux, ou entre un bon croyant et un bon chrétien. Et sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, c’est aussi la différence entre l’ancien public du PSG et le nouveau. Ce dernier ne comprend pas quand les supporters nantais se mettent à chanter dans les dernières secondes du match, brisant le silence du Parc des Princes alors que leur équipe est menée 5-0. Comme il ne sait pas quoi faire face à ce phénomène inconnu, il hue, il siffle, pour couvrir ce chant qu’il ne saurait entendre. Tout petit. Ce public est celui qui croit que le football n’est qu’un divertissement. Celui qui veut que le film se termine bien, à chaque fois, ou alors il s’indigne, il veut qu’on le rembourse, parce qu’il n’a pas payé pour que le héros meurt à la fin. Ce public ferait sans doute mieux de s’abonner chez UGC ou Gaumont plutôt que dans un stade de football.

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