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Le football portugais paye un été raté
Le FC Porto et Benfica étaient bien les têtes de série les plus faibles en Ligue des champions. Tous deux troisièmes de leur poule, les patrons du foot portugais sont à la ramasse en Europe. Un peu comme tous les autres clubs lusitaniens engagés en Europe. Un fait assez surprenant pour être souligné.
Il faut s’imaginer au lendemain d’une soirée trop arrosée, mais couronnée de succès pour comprendre la détresse dans laquelle se trouve aujourd’hui le football portugais. Après une saison marquée par une finale d’Europa League, le football champagne de Benfica, la leçon de jeu infligée par Porto au PSG au Dragao, la croisade remportée contre la France à l’indice UEFA et même l’avènement de Paços de Ferreira, la gueule de bois ne pouvait qu’être lourde. La surprise de 2012/2013 s’est fait laminer par le Zénith en barrages de la Ligue des champions et sert de punching-ball à ses compagnons de groupe en Europa League, tandis que Porto et Benfica déçoivent. Tous deux troisièmes de leur poule en C1, « os dois grandes » risquent de finir leur saison européenne en Europa League. Une compétition orpheline de Braga, éliminé par les Roumains de Pandurii Târgu Jiu (oui, ce club existe vraiment). Cette défaite calamiteuse en dit long sur la galère que traversent les écuries portugaises en ce début d’exercice. D’autant que Braga était censé guider les bizuths d’Estoril, Paços et Guimarães en D2 européenne afin de rapporter des points à la Liga Sagres dans cette infinie bataille de l’UEFA. Un échec surprenant pour le foot portugais ? Pas vraiment.
Porto rate son virage…
Cet été et comme chaque année, on a entendu des spécialistes dire du bien du mercato de Porto, des talents de négociateur de Pinto da Costa, et de sa cellule de recrutement. Vendre Moutinho et James à Monaco pour 76 millions d’euros a évidemment fait beaucoup de bien aux comptes du club, qui a d’ailleurs récemment annoncé avoir réalisé une vingtaine de millions d’euros de bénéfices en 2012-2013. Le tout, au prix d’un recrutement un peu trop léger par rapport aux ambitions de l’écurie et de ses supporters. Certes, Josué, Quintero et Herrera sont des renforts de qualité (surtout sur le long terme), mais Porto n’a pas forcément recruté au bon endroit. Une base Lucho González, Fernando, Steven Defour avec un Josué en embuscade aurait largement fait l’affaire dans l’axe. Et cela aurait permis à Paulo Fonseca – choisi pour remplacer Vítor Pereira et ainsi renouer avec le beau jeu – de prendre un vrai ailier. Tout ce que n’est pas Lica, l’ancien d’Estoril, malgré une bonne dose de panache, et ce que n’est plus Silvestre Varela, de plus en plus irrégulier. Il faut aussi ajouter la disparition du héros Kélvin et l’énième prêt d’Iturbe, cette fois-ci à Vérone, pour comprendre à quel point le FC Porto avait besoin d’au moins un ailier. Au lieu de ça, les « azuis e brancos » vont pratiquer un jeu axial monotone toute la saison, et gâcher Quintero en le faisant évoluer sur l’aile droite. Et si, en fait, tous les maux du champion portugais avaient commencé par l’échec Bernard ? Longtemps donné partant pour le littoral portugais, le virevoltant Brésilien a finalement choisi la morosité de Donetsk, au grand dam de Paulo Fonseca, bien parti pour se faire haïr autant que son prédécesseur.
…et Benfica ne l’a pas pris
Luis Filipe Vieira a beau avoir permis à Benfica (grâce à Jorge Jesus) de retrouver des sommets au Portugal ainsi qu’en Europe, il a sans doute pris la mauvaise décision en gardant son messie à l’intersaison. Le technicien portugais a pourtant perdu presque tout crédit auprès de ses supporters et des joueurs présents lors de la moisson de défaites cruciales du printemps dernier. À commencer par Óscar Cardozo, grand patron du vestiaire lisboète avec Luisão et Maxi Pereira. Le Paraguayen, encore sauveur face à l’Olympiakos mercredi soir, fait régner un malaise croissant chez les Encarnados, même si officiellement, tout va bien entre l’attaquant et son entraîneur. La réalité est tout autre. Jesus a du mal à tendre la joue gauche devant « Tacuara » , qu’il aurait souhaité voir partir en été après leur querelle du Jamor, où Guimarães avait créé la surprise en remportant la Coupe du Portugal. Luis Felipe Vieira savait pertinemment qu’il devait tourner la page Cardozo-Jesus s’il voulait avancer et ne pas subir le poids d’une saison 2012-2013 d’abord prometteuse, puis catastrophique. Pour le premier, il n’a pas réussi à s’en séparer. Le Fenerbahçe était pourtant très chaud à l’idée d’accueillir le Paraguayen, mais les 16 millions réclamés par Vieira ont condamné le buteur à rester à Lisbonne. Enfin, et malgré le souhait des supporters, le président du club n’a pas voulu lâcher Jorge Jesus à qui il doit beaucoup. Du coup, Benfica a le cul entre le passé et une nouvelle ère, incarnée par l’arrivée de l’armada serbe dans le Nord de Lisbonne. Bref, ce Benfica tourne en rond et attend que son président prenne la décision radicale de couper le cordon avec son entraîneur. À moins que la justice portugaise ne s’en charge elle-même (Jorge Jesus encourt une suspension d’un mois à trois ans à cause des incidents de Guimarães il y a un mois).
le Portugal peut en vouloir au Sporting
Finalement, la seule équipe portugaise vraiment en forme n’est autre que le Sporting. Galvanisés par l’arrivée de Bruno de Carvalho aux commandes du club, de Leonardo Jardim sur le banc et de la pépite Montero, les Leões emportent tout sur leur chemin, et nul doute qu’ils auraient fait beaucoup de bien au Portugal en C3. Sauf que le Sporting, au fond du trou l’an passé, a terminé au pied de l’Europe. Et que Paços de Ferreira, orphelin de Paulo Fonseca et Josué, a massacré toutes ses chances de réussite en nommant Costinha entraîneur d’une équipe qui avait besoin d’expérience. Un peu plus au sud, Estoril a la chance d’avoir un excellent entraîneur, mais compose avec un effectif restreint et ne nourrit aucun espoir en Europe. Au final, il va falloir attendre le reversement de Porto et Benfica en C3 pour voir le Portugal aligner quelques victoires. En attendant, tout le pays s’en remet au Vitória de Guimarães de Moussa Maazou.
Par William Pereira