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«Le football en Haïti, c’est l’Enfer»

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«Le football en Haïti, c’est l’Enfer»

Du soleil, du foot, de la musique, une bonne action. Vous n'avez aucune raison de manquer la journée du 19 mai à Charléty, où se déroulera le World Soccer Tour, organisé par l'ancien joueur lensois et monégasque, Wagneau Eloi. La collecte de fonds reviendra intégralement à Haïti, frappée violemment par un séisme dévastateur.

Quel est ton rôle dans cet évènement ?

Je suis parrain d’une assoc’ (Petits frères et Sœurs). On va lui reverser cet argent. C’est une grande fête, une journée festive autour d’Haïti pour que l’on n’oublie pas ce qu’il s’est passé. C’est l’une des plus grosses catastrophes d’Haïti de ces dernières années. On parle de milliers de morts, de milliers de sans-abris. Le pays n’avait pas besoin de ça pour être en crise. Le match est fait pour que l’on n’oublie pas ces choses-là et pour venir en aide modestement avec nos moyens à ceux qui mènent des actions concrètes. Tous les bénéfices de l’évènement leur reviendront.
En tant qu’Haïtien, tu te devais d’intervenir ?

Il faut savoir que moi, je fais partie des victimes, j’ai de la famille là-bas qui a été touchée. Il y a un traumatisme, qu’il soit psychologique ou physique. Il faut visualiser, voir des pierres tomber sur vous ou vous faire ensevelir, ça va rester gravé toute la vie. Moi je me rends compte que les gens prennent conscience depuis janvier, mais ça fait des années qu’ils ont des besoins à tous les niveaux. On va essayer de faire plein d’actions, chacun dans son domaine. Moi je ne suis pas médecin, je ne suis pas politicien, je suis footballeur. Si on peut faire des activités footballistiques pour aider, je le fais avec grand plaisir. Je le fais, je sais que le sport, c’est quelque chose qui véhicule des valeurs et apporte de la joie. Ils ont du réconfort et du plaisir avec le football.
Haïti n’avait-il pas besoin d’aide avant la catastrophe ?

Je n’ai pas attendu cette catastrophe. L’année dernière, j’en avais fait un à Miami pour venir en aide à Haïti. Pour avoir entraîné là-bas, j’ai vraiment vu la souffrance à l’état pur, la détresse, les gens qui n’ont pas à manger. Le football là-bas, c’est l’enfer. J’ai travaillé avec l’équipe nationale, c’était un combat pour avoir à manger, à boire, du matériel… On entend peut-être des choses, on voit à la télé, mais la réalité, c’est ce qu’on voit sur le terrain. Je vais vous donner un exemple : on a entendu qu’au bout d’un mois après cette catastrophe, on arrive à sortir des vivants. Ça veut dire que pendant plusieurs semaines, ils n’ont pas mangé, ni bu, et ils sont encore en vie. Pour la même catastrophe en Europe, je ne leur donne même pas 10 jours. Leurs estomacs ne sont pas habitués à ne pas boire, à ne pas manger, ils vont mourir. Tandis qu’ici, ils ne sont pas habitués à manger à leur faim, ils sont constamment en survie. Aidons-les, sauvons-les. Aussi modeste que peut-être la contribution, faisons-là sans se poser la question. Il n’y a encore rien qui a avancé dans le pays, ceux qui en ont besoin, ils n’ont toujours pas à manger.
Et le rôle du football dans tout ça ?

Le football, c’est la seule chose qui les maintient en vie, c’est le seul réconfort qu’ils ont. Quand ils vont jouer au foot, je serais capable de dire qu’ils oublient qu’ils ont faim. Ils peuvent aller voir un match de foot et oublier qu’ils n’ont pas mangé depuis trois jours. On n’est pas du tout dans ce monde là. Il y a trop de manque. Pas d’infrastructures, pas d’équipement, c’est du foot de rue. On essaye d’organiser. On se demande même s’ils jouent au football. C’est dommage. Je sais que footballistiquement parlant, à 12-13 ans, un Haïtien est plus doué que certains gamins. Ce dernier a pourtant plus d’handicaps tels que l’alimentation, l’éducation, ou la morphologie. Bref tous les éléments nécessaires pour pouvoir réussir. Le foot peut faire beaucoup de choses, c’est le sport le plus populaire, qui véhicule beaucoup, beaucoup de choses. De toute façon, je ne vois pas comment je pourrais les aider autrement. On me demande de construire des hôpitaux, moi je ne suis pas médecin.
Quand t’es arrivé en Europe, t’as mesuré le changement ?

C’était très dur. On arrive avec l’espoir qu’on peut changer les choses. Pour faire évoluer les choses, il faut du temps. Mais tu ne l’as pas. Soit parce que tu n’es plus patient puisque tu as l’impression de te battre contre le vent, soit parce qu’on ne te le laisse pas. Moi en arrivant là-bas sans expérience, je n’ai fait que subir. Moi je voudrais parler des joueurs haïtiens, je pense qu’il y a un réel potentiel parce que quand tu n’as que ça à faire et qu’il n’y a que ça qui t’apporte de la joie et du bonheur, tu deviens créatif, malheureusement, ils n’auront jamais de visibilité. Haïti, c’est ce que l’Afrique a été il y a quinze-vingt ans, ils ont eu de la chance de venir en Europe. Il y a beaucoup d’Africains qui font partie des meilleurs joueurs du monde, Haïti a le même potentiel mais il n’y a pas de visibilité.
C’est le combat de ta reconversion ?

J’ai arrêté ma carrière il y a quatre ans. J’essaie de faire des choses qui peuvent faire parler d’Haïti ou permettre de récolter un peu d’argent en ayant une occupation professionnelle. Faire des choses pour eux en somme. Pour être allé sur le terrain, il faut avoir vu la situation sur place. Il faut vraiment aider le pays, les enfants. Il faut structurer tout ça.
Il faut du monde le 19 ?

Je fais un appel à tous les lecteurs de So Foot pour remplir ce stade. Aujourd’hui, vous ne venez pas pour voir un Barcelone-Inter, un PSG-Monaco mais pour une cause. On ne vient pas pour le match de foot. Qu’on soit fan de foot ou de musique, ou qu’on ne le soit pas, il faut se déplacer pour la cause. Et elle est simple, c’est un pays qui est en détresse, je leur demande donc de venir nombreux pour nous soutenir, nous encourager et enfin pour découvrir ce qu’est vraiment Haïti durant cette journée du 19. Faire en sorte que ce soit une grosse fête. Et d’avance, au nom du football haïtien, je remercie tous ceux qui vont être présents.
Où ? Stade Charléty

Quand ? A partir de 17h00 jusqu’à 22H 30

Quoi ? Grand match de football réunissant les plus grandes personnalités. Artistes, comédiens, sportifs de tous horizons, médias et stars du football s’affronteront sur le pré pour soutenir la reconstruction d’Haïti. A l’issue de l’événement, une levée de fonds provenant de la vente des tickets d’entrée, du sponsoring et des divers dons, sera effectuée. Les-dits fonds seront reversés à l’association “Nos Petits frères et Sœurs”. Grâce à cet événement, écoles, hôpitaux et autres infrastructures en Haïti seront reconstruits. Un Village haïtien avec gastronomie, artisanat, animations et bien d’autres surprises sera également organisé.
– Le Village haïtien ouvre ses portes au public, qui y trouvera gastronomie, artisanat, animations et bien d’autres surprises.

Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki

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