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Le football anglais est-il voué à être mal arbitré ?
Alors que Chelsea et Liverpool se recroisent en Premier League cinq ans après le but fantôme de Luis García en demi-finale retour de Ligue des champions, le football anglais dans son ensemble (clubs et sélection) est au cœur d'une crise liée à l’arbitrage. Une saloperie qui les poursuit depuis plusieurs décennies.
Difficile de parler du football anglais sans faire référence à l’arbitrage. Et quand on parle de football anglais, on ne parle pas uniquement de la Premier League. Que ce soit en Coupe d’Europe ou avec l’équipe d’Angleterre, les sujets de Sa Majesté ont une fâcheuse tendance à se faire enfler par le corps arbitral. Dernièrement, Manchester City en a d’ailleurs fait les frais en Ligue des champions contre l’Ajax Amsterdam (2-2) avec un penalty oublié sur une faute grossière envers Mario Balotelli et un but refusé pour un hors-jeu inexistant d’Agüero. Le genre de match qui énerve passablement Roberto Mancini : « Il y avait penalty et le but (d’Agüero) était aussi valable. Je lui ai dit à l’arbitre, à la fin, qu’il y avait penalty et pas hors-jeu. » Un fait de match qui serait passé à la trappe si, quinze jours auparavant, la journée de championnat anglais n’avait pas tourné à la mascarade arbitrale. Du but d’Arteta accordé à tort à Arsenal face à QPR pour un hors-jeu évident, à celui injustement refusé à Suárez pour Liverpool contre Everton, en passant par le gag avec la ficelle de Chicharito, il y avait de quoi se fendre la gueule.
« It’s a fucking disgrace »
À lui seul, le Chelsea-Manchester United a mis à mal l’arbitrage anglais. Chelsea perd à neuf contre onze avec un carton rouge limite sur le blondinet Fernando Torres et un but clairement hors-jeu (celui de Chicharito donc). Si on y ajoute un penalty oublié pour une main de David Luiz dans la surface, l’arbitre Marc Clattenburg a foiré son match avec un certain doigté. D’autant que le mec n’en est pas à son coup d’essai. La preuve avec son CV : but refusé à Pedro Mendes pour Tottenham en 2005 à Old Trafford (alors que la balle avait bien franchi la ligne), un autre raté face à Everton en 2007, critique du management de Mark Hughes à City en 2009 et enfin une faiblesse face à Nani (encore en défaveur des Spurs) en octobre 2010.
Welcome in England. Un pays où les grands affiches se jouent toujours à 23. Comme ce fameux soir d’automne 2004, où l’incroyable série d’invincibilité des Gunners en championnat (49 matchs) s’arrête sur la pelouse d’Old Trafford. Ce jour-là, Mike Reily est totalement dépassé par les évènements. Oubliant de sanctionner des attentats manifestes et s’empressant en revanche de siffler un penalty pour un léger contact entre Campbell et Rooney, qui en rajoute dans sa chute. Van Nistelrooy ouvre la marque dans la foulée à un quart d’heure de la fin. À croire que les chakras britanniques ne sont pas en adéquation avec l’arbitrage moderne. Chelsea sait de quoi il parle, lui qui a encore en mémoire la fucking disgrace dont Didier Drogba a fait un tube universel en demi-finale de C1 contre Barcelone. Ce même Drogba qui profitait de la myopie d’un arbitre de touche un jour de MU – Chelsea décisif pour le titre 2010 où l’Ivoirien s’en allait tromper Van der Sar en étant parti six mètres hors-jeu. C’est un peu ça, l’histoire du football anglais dans son ensemble. Des scandales, des ratés, des hors-jeu non sifflés, des buts refusés. À croire que le pays qui a inventé le football est poissard. Et aime entretenir cette légende.
La main de Diego, la frappe de Lampard
Pourtant, l’homme au sifflet semblait s’être arrêté du bon côté de la Manche quand Geoff Hurst voyait son but validé en finale de la Coupe du monde 1966, sans que personne n’ait vu la gonfle franchir la ligne. Dieu ayant décidé d’aider les Anglais à gagner leur Mondial, il s’est bien vengé depuis. Et dans les grandes largeurs. Et comme le Divin a un certain sens de l’humour, il a envoyé un petit nabot grassouillet punir l’équipe d’Angleterre de Gary Lineker sur une main bien à lui en quart de finale du Mondial 86. Son propriétaire, un certain Diego Maradona, ne s’est pas privé d’avouer l’impensable : Dieu a choisi son camp. Tout, sauf l’Angleterre et ses clubs. Sinon, comment expliquer ce but refusé à Frank Lampard à la dernière Coupe du monde, alors que sa frappe avait bien franchi la ligne de but allemande devant les caméras du monde entier ? Tiens, juste pour finir de vous convaincre. La nationalité de Graham Poll, seul arbitre au monde à avoir averti trois fois un même joueur dans un même match ? Anglaise. CQFD.
On s’est souvent moqué de l’arbitrage français. Michel Platini himself a longtemps bazardé l’arbitrage vidéo, mais les Anglais, eux, font avec ce qu’ils ont. À l’instar de leur école de gardien de but, les bons arbitres anglais sont rares. Après, on peut avancer que tous ces faits de jeux mis bout à bout forment un ensemble hasardeux, mais ça commence à faire beaucoup pour un seul et si petit pays. Pour ce Chelsea-Liverpool, c’est le médiatique Howard Weeb qui sera au sifflet. Le mec qui détient le record de cartons distribués en finale de Coupe du monde avec 14 jaunes et 1 rouge. Le hasard ? Vraiment ?
Par Mathieu Faure