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Le foot français adore les regrets
Deux victoires pour Paris et Lyon, un nul pour Sainté et deux défaites pour Lille et Rennes pointent un bilan passable d’un Club des Cinq malgré tout toujours en course. Voilà pour la forme. Mais le fond laisse toujours à désirer.
Made in L1
Il est encore trop tôt pour évaluer l’indice UEFA des clubs français lors de cet exercice en cours. On fera les comptes à la fin. Mais chaque point compte ! Car le vaste mouvement de réformes des coupes d’Europe débuté en 2016 et si défavorable aux clubs français en C1 au profit des « quatre grands » (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne) tient autant à l’arrogance de ce quatuor de nations qu’aux faibles performances de nos clubs dans les deux compétitions continentales. Tous les résultats comptent ! Et, hormis Paris, ceux de cette semaine ne sont pas folichons. Et pourtant, les adversaires en face n’avaient rien de terrifiant. Un Chelsea rajeuni et pas encore au point, un Wolfsburg carré, mais sans grande imagination et une Lazio largement remaniée, c’était jouable. Comme l’a démontré l’OL qui a su se refaire la cerise 2-0 chez un Leipzig là aussi costaud, mais pas souverain comme le Bayern… Seulement, voilà ! On a retrouvé les défauts récurrents d’un foot de club hexagonal qui se plombe tout seul. On peut cibler d’entrée les faiblesses défensives de clubs d’une L1 qu’on dit pourtant très « compacte derrière » . Or, Lille (1-2 contre Chelsea), Saint-Étienne (1-1 face à Wolfsburg) et Rennes (2-1 à la Lazio) ont tous encaissé des buts « plein axe » , dans la surface, sur centres ou, pire, sur actions de jeu. L’OL aussi a péché dans ce secteur de jeu et aurait pu sombrer sans la maladresse incroyable de Werner. Et pourtant, Lyon et Rennes ont joué avec des défenses renforcées…
Malgré une bonne volonté générale qu’il convient de saluer encore une fois, d’autres insuffisances révèlent le manque de compétitivité des clubs français, toujours hormis Paris. Le déficit physique, encore une fois, avec des Lillois cramés à l’heure de jeu ou bien la difficulté pour les Verts de renverser physiquement des Allemands avant une fin de match plus débridée. Rennes a décliné quant à lui deux tares bien connues du foot français. Le fameux repli sur soi et le recul tactique de son bloc… après avoir marqué le premier but par Morel ! Frilosité typique de la L1 qui pousse aussi nos coachs, tels Galtier (Ikoné pour Yazici) et Stéphan (sortie de Camavinga) à exercer un coaching « prudent » dans les 30 dernières minutes, ou bien tardif pour Printant (entrée de Bouanga pour Berić, paumé). Les Rennais ont également expérimenté à leur tour le réalisme italien qui vous laisse croire que vous les dominez, mais qui finissent par vous vaincre. Et même si les protestations bretonnes contre l’arbitrage ne sont pas illégitimes (au moins un péno oublié), il serait vain de se réfugier derrière cet alibi : à 1-0, Rennes a laissé passer sa chance, point barre !
ADN en PLS
Plus globalement, Lille, Sainté et Rennes accusent pour l’instant un trop faible ADN européen pour espérer aller loin. Lille illustre ce manque par l’indice des deux extrémités, soient les postes de gardien et de buteur : impressionnant en L1, Maignan redevient correct, mais sans plus en C1. Idem pour Osimhen, extra jusqu’à présent dans les deux compétitions (but superbe contre les Blues), mais pas assez tueur à Amsterdam et contre Chelsea. À titre de comparaison qui vaut ce qu’elle vaut, en 2017, à 18 ans, Kylian Mbappé avait fait un carnage en C1 avec l’ASM… En plus du manque d’expérience européenne des trois clubs cités, on peut mentionner aussi les effets négatifs du mercato qui les ont privés de joueurs-clés pas toujours remplacés. Sans Benjamin André au milieu et Ismaïla Sarr devant, Rennes a perdu de cette petite étincelle qui illuminait son jeu la saison dernière. Boudebouz, indisponible hier, n’a pas pour l’instant le rendement et la créativité canaille de Cabella, parti à Krasnodar. Sans leur dynamiteur en chef, Pépé, Bamba et Ikoné peinent à rallumer les mèches qu’Osimhen enflamme du mieux qu’il peut. Même Lyon souffre du départ de sa paire Fekir-Nbombélé. Même moyen, Fekir entretenait un semblant d’allant offensif et une relation milieu-attaque qui manque aujourd’hui à l’OL. Reste l’ADN européen : c’est ce qui a sauvé Lyon. Un OL pas génial, mais qui sait au moins s’appuyer sur les fondamentaux de combat, de solidarité et de vigilance. À l’image d’un Depay, buteur, mais aussi très investi dans les tâches défensives. Lyon a gagné un match qu’il aurait dû perdre… Bravo ! Mais cet OL n’est pas guéri.
Au premier tiers des coupes d’Europe, Lyon s’est replacé en ayant récupéré les deux points perdus à domicile face au Zénith. Co-leaders avec le club russe, les Gones peuvent enfoncer le Benfica, dernier de la poule, dans la double confrontation à venir. Lanterne rouge de son groupe, Lille ne peut espérer au mieux qu’une troisième place en jouant d’abord deux fois Valence, derrière l’Ajax et sans doute Chelsea. Avec l’arrivée imminente de Claude Puel et deux matchs face à Oleksandria, Sainté (troisième) peut se relancer. Ce sera plus dur pour Rennes (dernier) qui devra faire le plein face à Cluj, deux fois aussi… Et Paris ? R.A.S. Avec le PSG, on vole à des altitudes qui conduisent, normalement, à un atterrissage programmé en 8es. Dans un match plus dur qu’on ne le pensait, Paris est allé battre Galatasaray à Istanbul (0-1). Mais derrière cette bonne performance, on peut pointer quelques insuffisances parisiennes. Face à un bloc en 5-3-2 en phase défensive, Paris a eu du mal à créer du danger et a dû trop souvent balancer long vers Di María. Preuve à nouveau que Neymar est indispensable pour dynamiter les blocs adverses. Malgré son but, Icardi n’a pas encore trouvé ses marques devant. Tout comme Navas, malgré son immense talent, a procuré ses petites frayeurs habituelles. Enfin, le trio du milieu Verratti-Marquinhos-Gueye, plus bousculé que face au Real, a moins survolé les débats. On attendra le retour bien réel de Ney, Mbappé, Cavani, Kehrer et Draxler pour voir si ce PSG peut vraiment voyager loin.
Par Chérif Ghemmour