- Fiction
- Le journal de Samuel – PSG/Chelsea
Le Fils, sa bataille
Samuel Eto’o est un homme libre. Du genre à ne pas refuser un aller-retour en jet privé entre Moscou et Paris pour se mettre un bon resto, le Fils, annoncé incertain pour la rencontre entre le PSG et Chelsea, traînera tout de même sa veste croco dans l’Eurostar. Si le Camerounais prenait la plume à la troisième personne du singulier pour raconter ses impressions, voilà ce que cela donnerait. Ou pas.
Ce qui suit est (peut-être) une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait (peut-être) fortuite.
Cher journal,
À peine descendu de l’Eurostar que Samuel Eto’o te trouve. Enfin, Samuel Eto’o ne trouve jamais rien puisque tous les chemins mènent à Samuel Eto’o, via Rome puis Yaoundé. Cependant, ce n’est pas sans une once de nostalgie que je te saisis dans mes mains, car même si j’ai désormais l’habitude d’écrire sur du papyrus directement importé d’Égypte Ancienne par DeLorean, quand je suis venu à Paris étant jeune, j’ai pas mal galéré à trouver des papiers. Désormais, je n’ai plus besoin d’un visa, mais je peux t’assurer que contrairement à Fernando Torres, ma carte bleue Black Infinite fait le boulot toute l’année. Sinon, comment crois-tu que Samuel se serait payé cette veste extraordinaire en vraie peau de crocodile du Botswanga à 62 000€ ? Me voir sapé comme ça sur beIN Sport, ça a dû changer le public français des saloperies en skaï de cet indigène de Florent Pagny. D’ailleurs, cher journal, je ne sais pas si tu as la télé – Samuel, lui, a un écran plasma de la taille d’une surface de réparation – mais quel jeu j’ai envoyé sur le plateau d’Alexandre Ruiz ! Ce fou m’a appelé « Sam » pendant toute l’interview. Je sais que je suis l’oncle du football mondial, mais quand même, est-ce que Samuel l’a appelé « Alex » ? Non. Alex, c’est un défenseur au physique de patron de kebab doublé d’un mec qui n’a pas encore pigé qu’il n’existe ni Dieu ni Jésus mais un Samuel. Ils ont un problème avec la religion, les Brésiliens. Je profiterai de la Coupe du monde cet été pour rétablir l’ordre théologique des choses, tiens. Je partirai en caravelle s’il le faut.
Avant ma conquête de l’Ouest, il y a ce match contre le Paris Saint-Germain. Tu sais, mon « club de cœur » . Celui sur qui je compte pour me donner un peu de blé après Chelsea, quoi. Oui, le Fils a plusieurs cœurs. Depuis quand la polyclubie est un problème ? Il y a quelques années, j’avais même tenté de déclarer ma flamme à l’Olympique de Marseille mais aujourd’hui, quand je vois la gueule du club, je remercie Samuel Eto’o chaque jour que Jack Kachkar ne soit pas très bon à La Bonne Paye. Parfois à l’entraînement, j’autorise César Azpilicueta à me parler. Il vient d’être papa le con, il mérite bien ça. En fait, il était angoissé et il voulait savoir si avoir été au contact de Jérémy Morel et Charles Kaboré pendant un certain temps pouvait être un problème pour la grossesse de sa femme ou non. Je lui ai dit que Samuel Eto’o avait bien côtoyé cet entraîneur de handball qu’est Pep Guardiola sans que cela n’entrave son fabuleux destin. Je lui avais dit, à Pep : « Celui qui te fera gagner, c’est Eto’o » . Le type voulait me donner des leçons d’attaquant alors qu’il était milieu. Pour moi, ce type, c’est le Paco Rabanne du football, un faux visionnaire. Et laisse-moi te dire que son Bayern, qui refuse d’envoyer des mines de 20 mètres dans la lunette à la Eto’o, il va bientôt connaître le bug de l’an 2000. La défense du PSG, elle, ne devrait pas avoir l’honneur de me rencontrer ce soir. Ma blessure va mieux, mais le Gilles de la Tourette One se perd à force de trop jouer l’intox. Le mec a quand même été dire qu’un déplacement en Eurostar à Paris avait aggravé ma blessure. Soit il a vraiment envie qu’Eva Carneiro voit le Fils en Samuel, soit il perd vraiment la boule.
De toute façon, comme beaucoup de Portugais lanceurs de parpaings à partir de la cinquantaine, José, il commence à dépérir. Son histoire de « off » avec Canal +, c’est juste parce qu’il a eu peur de ce qui allait lui arriver après que ses propos sont arrivés aux mini-oreilles du Fils. Mais moi, je m’en fiche, je suis au-dessus de ça. Je suis capable de voir que le vrai scandale de cette interview, c’est d’avoir José en entretien et de lui poser uniquement des questions sur ce club de nazes qu’est le PSG et pas une seule sur Samuel, qu’il a la chance de voir au quotidien. Ce jour-là, il a balancé qu’il n’avait pas d’attaquant et qu’il ne savait pas quel âge j’avais, mais je peux te dire que même à 82 ans et avec une Parkinson, Samuel Eto’o mettrait la misère à Christophe Jallet. Mais comme je le dis souvent, « le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache. Si tu veux être grand, il faut arracher ce pouvoir » . Demande donc à mes frères camerounais si je ne suis pas un spécialiste du come-back, mon pote. Au bled, je suis le plus indomptable des Lions. Depuis 1997, Samuel Eto’o Fils, c’est 117 sélections, 55 buts et 73 retraites internationales. Certains me le reprochent, mais entre les tactiques aussi aléatoires qu’un Risk entre cousins, le Qui-est-ce pour connaître le sélectionneur, les primes aux airs de Monopoly avec le tricheur de la famille à la banque et les menaces d’empoisonnement à finir en Docteur Maboul, la sélection camerounaise, c’était plus une soirée jeu de société qu’une semaine de football.
Bon, je vais te laisser, cher journal, je dois aller me préparer pour mon diner en loge avec Jean-Claude Blanc. Poulet braisé en mode « Team 237 » , pour nous. Il n’a pas le choix, ce con-là s’il veut tchoper avec moi. Tant pis pour le costard. Et puis de toute façon, j’ai plus d’encre sur mon Mont Blanc.
À bientôt,
S.
PS : Faites comme Yaya Touré, inclinez-vous devant moi, bande de mécréants. Vous ferez moins les malins quand je serai président du monde en 2040.
NB : Autant te dire que si Zlatan publie un nouveau ramassis de merdes comme on en trouve dans les gâteaux Ikea, je vais devoir sévir.
Par Swann Borsellino