- Coupes d'Europe
- Médias
Le fiasco européen de RMC Sport
Le PSG a chuté pour son entrée en Ligue des champions. Mais pour beaucoup d'amateurs de football, mardi soir, l'information majeure reste l'incapacité de RMC Sport à produire les images du match à ses utilisateurs de l'offre 100% digitale, son service en streaming sans changement d'opérateur téléphone et internet. Fiasco voire scandale.
Paris a donc perdu in extremis pour son entrée en Ligue des champions face à Liverpool. Mais une grande partie des abonnés de RMC Sport, essentiellement les souscripteurs de l’offre 100% digitale, ne l’auront pas vu. Ou alors sur un obscur site de streaming asiatique, au risque d’infester leur ordinateur de malwares plus exotiques les uns que les autres. Le PSG a eu beaucoup de manques, mais cela reste finalement anecdotique face à ceux de l’entreprise qui a claqué plus de 300 millions d’euros pour diffuser – seule – toutes les compétitions européennes de la saison de football. Exit Canal, exit beIN donc, et obligation pour les honnêtes gens de souscrire auprès de SFR, si possible en prenant l’abonnement téléphonie/internet que les « conseillers téléphoniques » essayaient de fourguer – parfois avec insistance – pendant l’été, à quiconque voulait se renseigner sur les offres disponibles. Or mardi soir, les nouveaux abonnés ont au mieux trouvé une application qui ramait, au pire une page web qui évoquait une « proxy error » .
Premier couac samedi avec la Premier League
Il ne suffit pas de claquer 300 millions d’euros pour devenir un digne diffuseur de la Ligue des champions. Déjà ce week-end, cela avait senti le roussi pour les amateurs de Premier League, incapable de se connecter sur le site RMC Sport pendant le match de Manchester City samedi après-midi. Sur les réseaux sociaux, les plus pessimistes envisageaient un fiasco pour l’affiche Liverpool-Paris. Trop gros pour être vrai, et pourtant… Mardi soir, il suffisait de squatter un peu sur Twitter pour le constater, l’essentiel des utilisateurs – et non pas seulement « certains » comme le revendiquait le compte SFR – avaient été privés de leur rendez-vous européen. Un fiasco, mais également une honte. Car en gagnant les droits TV à Canal et beIN, SFR a obligé un nombre considérable de personnes à changer d’abonnements. En les faisant payer pour un service dont ils n’ont pu jouir, le spécialiste de la téléphonie a d’une certaine manière pris en otage ces passionnés de football sans autre solution que d’écouter la rencontre à la radio – gratuitement – ou de passer par une solution illégale que les diffuseurs comme RMC Sport sont prompts à condamner.
300 millions pour une page blanche
Que retenir de cette reprise européenne ? Que le présent article aurait dû s’intéresser au match Liverpool-PSG et se focalise sur l’échec lamentable d’une chaîne de télé capable de fracasser le marché des droits TV (double du prix payé dans l’appel d’offres précédent), mais inapte à faire le job. Ni même le service après vente, les conseillers n’étant pas joignables sur l’application smartphone. Alors certains ont pu, il est vrai, limiter la casse sur tablette, voire sur leur petit écran de téléphone. Parce que l’offre 100% digitale se revendique « sur tous vos écrans » . La seule nuance, c’est que ce ne sont visiblement pas tous les écrans en même temps, mais par alternance. Et il faut se satisfaire de n’utiliser que les plus petits, forcément…
Alors certes, SFR pourra demander de l’indulgence, invoquer une première ratée et – comme beaucoup de clubs français en Coupe d’Europe – le besoin de gagner en expérience. Sauf que le nouveau diffuseur de la C1 a gagné le droit de diffuser les compétitions européennes depuis suffisamment longtemps pour se préparer. La mascarade de ce mardi 18 septembre n’est donc pas recevable. Reste à voir s’il y aura une réaction de la part de l’UEFA, qui a concédé les droits de ses compétitions à une entité qui a privé d’images un nombre considérable de téléspectateurs. Or, dans le modèle économique actuel du football européen, ce sont ces téléspectateurs qui font tourner la boutique. Alors à moins de vouloir couper le cou de la poule aux œufs d’or, la gouvernance du football européen aura intérêt à scruter la performance de SFR lors de la seconde journée. Car une deuxième journée de Ligue des champions aussi catastrophique que la première sonnerait déjà la fin de sa crédibilité. Si tant est qu’elle survive jusque-là…
Par Nicolas Jucha, victimisé, comme vous