- C1
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- Juventus-Real Madrid (1-4)
Le fabuleux destin de Zinédine
Ancien meilleur joueur du monde, désormais entraîneur de légende dans le club le plus célèbre de la planète, Zinédine Zidane réussit tout ce qu'il touche. Ce qui laisse à penser qu'il a été touché par la grâce et que rien ne peut lui résister. Et si sa destinée ne s'arrêtait pas au monde du football, jusqu'où pourrait-il aller ? Prospective à peine exagérée.
Premier entraîneur de l’ère moderne de la Ligue des champions à conserver son titre, Zinédine Zidane enchaîne dès l’automne 2017. Avec le seul Eden Hazard pour recrue, son Real gagne quasiment tous ses matchs et profite du retard à l’allumage du Barça et de l’Atlético pour prendre le large en Liga. À Noël, Cristiano Ronaldo décroche son cinquième Ballon d’or et adoube son coach : « Si je suis encore plus le meilleur joueur du monde qu’avant, c’est grâce à l’entraîneur. Il a presque été aussi bon que moi à son époque, et cela me stimule. » Plus modeste que son attaquant, le Français se contente d’un « c’est bieng » quand Alexandre Ruiz, sur beIN, s’extasie sur sa nouvelle complicité avec CR7, sans oublier de rappeler que « cette saison, profitez-en, tous les matchs de la Ligue des champions sont sur beIN » . La routine pour Zizou, qui finit le championnat invaincu avec 10 points d’avance sur Barcelone et s’adjuge une troisième Champions de suite après une victoire 3-0 nette et sans bavure en finale contre le Bayern Munich de Carlo Ancelotti.
Ayant fait le tour en Espagne, Zidane accepte l’offre de la FFF de reprendre l’équipe de France en juillet 2018, Didier Deschamps ayant démissionné après l’élimination surprise en huitièmes de finale contre le Mexique dont le sélectionneur adjoint n’est autre qu’André-Pierre Gignac. L’ancien numéro 10 fait ce qu’il a toujours fait : gagner, tranquillou. Après un tour de chauffe à l’Euro 2020, une demi-finale, l’équipe de France version Zidane s’adjuge la Coupe du monde au Qatar. Avec un parcours d’anthologie qui voit les Bleus sortir successivement le Brésil, l’Espagne, l’Allemagne et l’Argentine grâce à un Amine Harit en feu et à la gestuelle curieusement similaire à celle de son sélectionneur. Au micro de TF1, ce dernier reste modeste : « Bon, eh bieng ça c’est fait, je vais pouvoir me focaliser sereinement sur les courses de Noël pour mes enfants. » Bien sûr, il remporte aussi l’Euro 2024 grâce à un but en platine (une nouvelle règle, une longue histoire) de Kylian Mbappé, avant de prendre une retraite bien méritée…
Zidane s’investit dans le cinéma
Ayant tout gagné dans le football, Zidane peine à trouver un nouveau défi à l’automne 2024. Un parcours qui attire l’attention de Christopher Nolan, alors lancé dans un projet fou de nouvelle trilogie X-Men qui doit se focaliser sur le professeur Xavier. Pour le réalisateur britannique, Zizou est fait pour le rôle : « Il dégage ce mélange de sagesse bienveillante et de pouvoir hypnotique qui magnifie tout ce qu’il touche et tous ceux qui l’entourent. Si le professeur Xavier existait dans la réalité, ce serait Zinédine Zidane. En plus, son jeu d’acteur dansAstérix aux Jeux olympiquesconfirme un réel potentiel pour le grand écran. Zinédine est né pour devenir comédien. » Les trois longs-métrages, en salles aux étés 2026, 2028 et 2030 explosent les records du box office mondial. Zidane est adulé par la critique pour son incarnation du professeur Xavier « pleine de retenue, sans mots inutiles, sans surjouer » selon une critique du New York Times au lendemain de l’obtention de l’Oscar du meilleur acteur 2030. À 58 ans, le Français a le sentiment d’avoir fait le tour et quitte le monde du cinéma « pour revenir à une vie plus tranquille… »
Zidane s’investit en politique
À peine de retour en France, Zizou est invité par Benoît Hamon à une conférence dans les locaux de ce qu’il reste du Parti socialiste. C’est plus par sympathie que conviction que l’ancien footballeur participe à l’événement, organisé par la désormais cinquième force politique de gauche derrière La France insoumise, le PCF, le NPA et Lutte ouvrière. Sur un malentendu, l’ancien numéro 10 se voit investi pour participer à la primaire de la gauche qu’il remporte haut la main dès le premier tour, seule Nathalie Arthaud ayant réussi à lui prendre une voix. Sacrée performance pour quelqu’un qui a simplement dit « bonsoir à tous » pendant le débat télévisé sur BFM TV et a admis « ne pas avoir de programme » et juste « prendre les débats les uns après les autres » .
L’histoire est en marche : 1500 maires offrent leurs parrainages dans les trois heures suivant sa victoire, le reste s’enchaîne. Même Marion Maréchal-Pen, back dans le game et créditée de 35% d’intentions de votes pour le premier tour, redescend à moins de 6% après que l’ancien footballeur a affirmé en plein bain de foule à Marseille que « le seul Le Pen qui vaille la peine d’être admiré, c’est Ulrich, qui fait un super boulot sur le banc de Lorient » . Trop facile pour Zidane, qui entre à l’Élysée en mai 2032. Deux mois plus tard, Pôle Emploi cesse ses activités pour « chômage technique » , plus aucun demandeur d’emploi n’étant à déplorer, exceptés quelques futurs retraités et intermittents du spectacle entre deux tournages. La dette publique, c’est plié à Noël, quand les États-Unis de la présidente Kardashian accepte enfin de revenir dans les accords de Sydney – une version améliorée de ceux de Paris – en pleine Épiphanie… Et dire que deux décennies plus tôt, Zidane expliquait son secret, tout penaud, dans un entretien à L’Équipe : « J’ai l’impression de faire ce que je veux. Et ce sera toujours comme ça. » C’est un peu plus qu’une impression, même.
Par Nicolas Jucha