- Billet d'humeur
- Real Madrid-PSG (3-1)
Le droit aux erreurs
Une nouvelle fois, il a suffi de quelques minutes mal maîtrisées en fin de match pour que le PSG reparte d’Espagne avec une défaite sévère. Mais pas insurmontable. Reste qu’avec ce match, Unai Emery a fourni des munitions à ceux qui n’attendent que de lui tomber dessus face à ceux qui s’acharnent à le défendre coûte que coûte.
C’était à prévoir et ça n’a pas manqué, les critiques pleuvent sur Unai Emery depuis le but de Marcelo. Il est vrai que c’est assez difficile à contester : oui, Unai Emery a forcément raté quelque chose face au Real Madrid. Qu’on le juge sur son onze de départ, sur ses changements ou sur sa gestion des ego, l’entraîneur du PSG porte fatalement une part de responsabilités dans la défaite du PSG à Santiago Bernabéu. S’il se justifie au regard de ses aussi bonnes que surprenantes prestations à ce poste, son choix de placer Lo Celso en sentinelle s’est rapidement retourné contre lui, et l’erreur de Kimpembe en fin de match est venue enfoncer le clou. S’ajoutent à cela la sortie de Cavani et l’entrée inconséquente de Thomas Meunier qui souffrent de la comparaison avec les remplacements décisifs de Zinédine Zidane. Et enfin, les mises à l’écart de Thiago Silva et d’Ángel Di María sont de nature à faire naître quelques soucis dans le vestiaire. Passons sur les bons points : le match de patron dans l’entrejeu d’Adrien Rabiot qu’Emery n’a pas redescendu en sentinelle, la bonne première mi-temps d’Areola, installé numéro 1 par Emery, ou le match solide de Dani Alves, conforté à droite par Emery malgré de récentes performances en dents de scie. Restons sur les erreurs, puisque c’est ce que l’on retient, paraît-il. Donc voilà, ouais, Unai Emery a forcément raté quelque chose face au Real Madrid. Bon ok… et alors ?
Objet de conflit
Tous les coachs, dont les plus grands, se sont déjà loupés sur quelques matchs, même avec les meilleures intentions du monde. Même Guardiola, même Mourinho, même Del Bosque, même Ancelotti, même Jean-Marc Furlan. Même Laurent Blanc, tiens, smiley clin d’œil, hashtag comparaison lourdingue. Si un entraîneur avait la recette miracle pour tout réussir, ça ne servirait plus à grand-chose de disputer des matchs et de se battre pour des titres. Le drame d’Emery, c’est d’être devenu – comme tellement, voire trop d’autres choses dans le football d’aujourd’hui – un objet de conflit. D’être défendu à cor et à cri par les pro-Emery. Peu importent les erreurs de coaching et les quelques défaites traumatisantes. Ou d’être démonté par les anti-Emery à la moindre contre-performance. Peu importe son palmarès, peu importe qu’il soit l’un des entraîneurs qui gagne le plus de matchs à la tête du PSG et qu’il batte même certains records avec le club parisien. Un pro-Emery serait-il condamné à être incapable de reconnaître quelques erreurs ? Un anti-Emery ne pourrait-il pas reconnaître certaines prises de risques et considérer une autre logique que la sienne ? À partir de quel moment, à partir de combien d’occasions franches mal négociées, la responsabilité des joueurs est-elle plus importante que celle du coach ? En clair : est-ce qu’on peut critiquer Emery sans passer pour un farouche opposant et le féliciter sans passer pour une groupie ?
Retour gagnant ?
Passé l’amertume et la déception de la défaite, voire les déclarations sans intérêt sur l’arbitrage, Unai Emery a évidemment été le premier à faire le bilan de ses erreurs mercredi soir. D’ailleurs, à 3-1, avec un tel effectif et avec les compétences éprouvées de son entraîneur, tout reste ouvert pour que le PSG remonte ce score à l’occasion du match retour au Parc des Princes. Unai Emery aura alors là l’occasion de remettre tout le monde d’accord, de satisfaire ses fervents défenseurs et de faire taire ses indécrottables détracteurs. La saison passée, il avait parfaitement négocié le match aller face au FC Barcelone avant de se trouer au match retour. Ça tombe bien, cette année, contrairement à l’exercice 2016-2017, le PSG s’est offert le luxe de tirer un deuxième de poule en huitièmes de finale et de recevoir le 6 mars. Du coup, c’est en réussissant l’inverse qu’il peut emmener le PSG en quarts de finale de la Ligue des champions. Et quelque part, ça semble plus facile que de perdre 6-1 à Barcelone.
Par Pierre Maturana