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Le divorce semble déjà effectif entre Lille et Hatem Ben Arfa
Après une virulente sortie en marge du triste nul du LOSC face à Bordeaux (0-0), Hatem Ben Arfa pourrait déjà ne plus porter le maillot du LOSC. Une issue qui, si elle se matérialise, signerait la fin de carrière au plus haut niveau du milieu offensif volcanique de 35 ans.
À Lille, la rue Faidherbe qui relie la place du Théâtre à la gare Lille Flandres offre lors des beaux jours un saisissant spectacle à celles et ceux qui l’empruntent de bon matin. Les rayons du soleil qui émergent derrière le bâtiment, sorti de terre au XIXe siècle, offrent aux piétons qui s’engagent dans cette artère passante du centre lillois l’illusion d’une imminente apparition divine. Mais ce lundi 4 avril au matin, il faisait gris sur la capitale des Flandres.
Sur les coups de 10h, la façade de l’une des échoppes était particulièrement scrutée : celle de la boutique du LOSC. Alors que le numéro 11 d’Hatem Ben Arfa était, depuis le mois de janvier et son arrivée dans le Nord, l’une des pièces phares et exposées en vitrine, il a depuis laissé place à celui de Benjamin André. Ce qui peut s’apparenter à une simple rotation, et si on va plus loin, à une mise en valeur méritée pour un homme qui n’a jamais triché au LOSC depuis son arrivée en 2019, ce changement accentue l’idée du malaise qui couve depuis plusieurs jours chez les Dogues. Une tempête dont se serait bien passé l’état-major lillois alors que le sprint final pour une place européenne l’an prochain a débuté.
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— Matthieu Rappez (@matrapz) April 4, 2022
« Ce n’est pas Guingamp, ici ! »
Rembobinons le magnéto. Samedi soir, sur les coups de 21h, le LOSC perd deux nouveaux points précieux face aux Girondins de Bordeaux, malgré plus d’une trentaine de tentatives, trois buts refusés pour hors-jeu et une heure passée à onze contre dix. Forcément frustrant. Entré à la 78e minute de jeu, Hatem Ben Arfa n’est pas vraiment dans un grand soir. Les prises de balle de l’ancien Bordelais ne sont pas tranchantes, mais il n’est pas le seul à avoir déçu les 36 000 fans lillois venus supporter leur équipe à Pierre-Mauroy. C’est lors du retour au vestiaire que la situation s’envenime selon L’Équipe, d’abord entre Ben Arfa et le défenseur international portugais Tiago Djaló, vraisemblablement au sujet d’une action de jeu.
Hors de lui, HBA aurait également eu des mots durs à l’encontre de Jocelyn Gourvennec, venu calmer la situation : « On joue trop bas ici. On ne joue pas comme une équipe qui prétend à une place en Coupe d’Europe. Ce n’est pas Guingamp, ici ! » rapporte RMC. Une punchlinequi n’a pas vraiment plu dans le vestiaire lillois, tandis que, dans les couloirs de l’enceinte nordiste après la rencontre, José Fonte reconnaissait que « c’était tendu dans le vestiaire » sans en dire plus. Pour l’heure, le club nordiste n’a pas communiqué sur d’éventuelles sanctions à l’encontre d’Hatem Ben Arfa, mais il apparaît désormais complexe de revoir le meneur de jeu renfiler le maillot lillois d’ici la fin de la saison.
Clap de fin ?
Quelques mois à peine après l’officialisation de l’union entre Hatem Ben Arfa et le LOSC, celle-ci ressemble davantage à un mariage arrangé qu’à un moment unique bourré de bons sentiments. Comme souvent dans une relation amoureuse sans avenir, l’excitation des débuts a rapidement laissé place à l’indifférence jusqu’à en arriver au point de rupture. À Lille comme ailleurs par le passé, Ben Arfa a enchanté avant de décevoir puis de sortir par la petite porte. Son coup de génie face au PSG (défaite 5-1) restera comme le seul highlight YouTube à garder de sa virée lilloise au moment de monter le film de la non moins riche carrière de Ben Arfa.
Si Jocelyn Gourvennec nous rappelait « qu’un 4-4-2, on peut l’animer de mille et une façons », le profil de Ben Arfa ne semble jamais avoir collé avec la manière de jouer de l’ex-coach guingampais. Malgré près de 300 minutes disputées depuis qu’il a posé ses valises à Lille, Ben Arfa n’a pas fait oublier les départs de Jonathan Ikoné ou de Yusuf Yazıcı au mercato d’hiver. En échec depuis le début de saison et prêté au CSKA Moscou, le Turc – que Ben Arfa a remplacé numériquement – marche sur l’eau depuis son arrivée en Russie avec déjà sept buts au compteur après cinq journées de championnat. De quoi filer un paquet de regrets supplémentaires. Concernant Ben Arfa, le futur reste incertain. À 35 ans, après six mois sans club, ce nouvel échec à Lille ressemble au dernier chapitre de sa carrière au plus haut niveau. Retrouver une écurie aussi compétitive que le LOSC après cet accrochage, sans Olivier Létang qui a joué un rôle prépondérant dans sa venue à Lille, apparaît comme une mission impossible. Au terme de sa conférence de presse de présentation le 19 janvier dernier, Ben Arfa lâchait ces mots : « On me dit à chaque fois que c’est un dernier défi, mais c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens. » Pas sûr que, cette fois, il y ait beaucoup de billets verts dans le chapeau.
Par Andrea Chazy, à Lille