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Le discret Monsieur Hecking

Par Sophie Serbini
4 minutes
Le discret Monsieur Hecking

Entraîneur du VfL Wolfsburg depuis décembre 2012, Dieter Hecking n'est pas du genre à se mettre en avant. À tel point que son nom est rarement cité lorsqu'on évoque la réussite actuelle du club de Volkswagen. À 50 ans, le bonhomme, qui se définit avant tout comme un meneur d'hommes, est encore et toujours l'entraîneur anonyme qu'il a toujours été.

Il n’a pas le palmarès de Pep Guardiola ni la gouaille de Jürgen Klopp. Il ne parle pas cinq langues comme Roberto Di Matteo et n’a pas les belles chemises de Roger Schmidt. Dieter Hecking n’est ni aimé ni détesté. Dieter Hecking est un entraîneur anonyme, tout simplement. Pourtant, le natif de Castrop-Rauxel, ville minière située au nord de Dortmund, pointe en ce moment à la 2e place de la Bundesliga avec Wolfsburg, et son équipe figure parmi les favoris pour remporter la Ligue Europa. Mais de la réussite actuelle des Loups, ce sont les joueurs qui sortent grandis. Kevin De Bruyne, Bas Dost, Luiz Gustavo, Ricardo Rodríguez ou encore Daniel Caligiuri sont tous portés aux nues pour le jeu flamboyant qu’ils produisent tous ensemble. Comme s’ils étaient les seuls maîtres à bord et que personne ne les guidait dans leur tâche. D’ailleurs, si quelqu’un de l’encadrement est mis en valeur, ce serait plutôt Klaus Allofs, directeur sportif du club depuis novembre 2012. Si les choix de recrutement et la gestion de l’effectif de l’ancien du Werder sont souvent loués dans la presse européenne, le travail de Dieter Hecking, lui, apparaît en filigrane. Lorsque Wolfsburg s’est payé le Bayern Munich lors de la première journée de la Ruckründe, personne n’a parlé de lui. Il n’a pas été spécialement félicité, contrairement à Lucien Favre qui, deux mois plus tard, réalisa le même exploit avec le Borussia Mönchengladbach.

Un meneur d’hommes

Entraîneur depuis plus de neuf ans en Bundesliga, Dieter Hecking a guidé Hanovre, mais aussi Nuremberg pendant plusieurs saisons avec un certain succès – il conduira notamment le 1. FCN à une jolie 6e place en 2011 avec dans ses rangs un certain İlkay Gündoğan. Mais sous-estimé, Dieter Hecking l’a toujours été et surtout l’est encore beaucoup. Un fait qui tient tout autant à la personnalité réservée de l’homme qu’à son travail, plus basé sur la gestion des hommes que sur le plan tactique. « Ce n’est pas un secret que ma méthode repose essentiellement sur la discipline, la ponctualité et le travail » a-t-il affirmé au journal Die Zeit le mois dernier. Joueur moyen, dont la maison était la 2. Bundesliga, Hecking n’a disputé que 36 matchs dans l’élite et a écumé sept clubs en 17 ans de carrière. Selon lui, un grand joueur ne fait pas forcément un grand coach et vice versa : « Un entraîneur doit connaître la nature humaine et se servir de toutes ses expériences passées, bonnes ou mauvaises, pour transmettre son savoir » .

L’humain, Hecking le place au cœur de son discours. Il n’hésite pas à parler de son enfance modeste et à évoquer l’éducation de ses cinq enfants lors de séances d’entraînement. « Si les joueurs peuvent apprendre des choses qui leur serviront dans la vie, tant mieux » aime-t-il répéter. Il discute beaucoup avec ses protégés, notamment avec ceux qui évoluent dans l’axe et qui constituent selon lui le cœur du jeu. La tactique ne peut être mise en place que si les hommes y croient. Et lorsqu’elle est suivie à la lettre comme face au Bayern, Hecking ne s’envoie pas de fleurs, mais félicite ses gars qui l’ont écouté et qui ont appliqué ses dires. « Il est très bon pour gérer les ego » , résume finalement assez bien Francisco Garcia Sanz, président du board du VfL.

Le symbole Kevin De Bruyne

Et c’est d’ailleurs en Kevin De Bruyne, un joueur à l’ego plutôt costaud, que Dieter Hecking a trouvé sa plus belle vitrine. Depuis que le Belge et l’Allemand travaillent ensemble, le premier n’a cessé de progresser. Connu pour son talent tout autant que pour son côté indiscipliné et son égoïsme, Kevin De Bruyne a su, avec l’aide de son entraîneur en club, gommer ses défauts pour devenir une véritable machine au service du collectif vert et blanc (25 passes décisives et 14 buts pour lui cette saison toutes compétitions confondues). Et même si Hecking avoue que le rouquin peut être quelque peu difficile à gérer, il ne cesse de louer ses efforts et surtout sa soif de succès. De Bruyne, lui, avoue non sans mal que le dialogue instauré par l’ancien entraîneur de Nuremberg lui est favorable. « Mourinho ne me parlait jamais, à l’inverse de Dieter qui discute avec moi constamment et qui m’explique beaucoup de choses » , a-t-il déclaré en décembre dernier à Sport Bild. Le talent, KDB l’a toujours eu, encore fallait-il arriver à le canaliser.

« Je continuerai à manger ma saucisse tranquillement »

Et il n’est pas le seul à avoir progressé sous la houlette du manager. Ricardo Rodríguez est devenu en deux ans un des meilleurs latéraux d’Europe. Josuha Guilavogui a pris une dimension supplémentaire. Et Bas Dost est enfin devenu un buteur prolifique. C’est bien simple, à quelques exceptions près, la cote de tout Wolfsburg a grimpé. Sauf celle de Hecking, en fait. Mais quelque part, cela l’arrange bien. Lui qui ne cherche pas à se faire connaître, assure être aussi heureux en étant 2e avec Wolfsburg qu’en 2e division avec Aix-la-Chapelle. Comme il le dit si bien : « Le succès ne me changera pas, je continuerai de boire ma bière et de manger ma saucisse tranquillement. Comme avant » .

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Par Sophie Serbini

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