- Ligue des champions
- Groupe A
- 4e journée
- Real Sociedad/Manchester United
Le diesel de la Real a fait le plein
Auteur d’un début de saison en demi-teinte, la Real Sociedad s’est remis les idées en place. Avec son jeu toujours aussi chatoyant, le club de San Sebastián surfe sur la forme étincelante d’Antoine Griezmann. Un minimum avant de recevoir le grand MU.
Paraît-il que la marche était trop haute ? Entre une double confrontation plus que maîtrisée face à Lyon et des débuts en Liga compliqués, la Ligue des champions a offert un visage apeuré de la Real Sociedad. Avec l’un des effectifs les plus jeunes d’Europe et un entraîneur novice, le constat n’a rien de choquant. Plus qu’une question de niveau, les deux premiers mois de la saison ont mis en avant le manque de maturité des Basques de San Sebastián. Pour se remettre les idées à l’endroit, les hommes de Donastia sont donc revenus aux bases : jouer. Encensés l’an dernier pour leur jeu envoutant, les Txuri-urdin ont remis le couvert. Résultat des courses, un come-back dans le premiers tiers de Liga et des prestations bien plus convaincantes en Europe. « Nous avons repris le droit chemin et nous sommes avec plus de confiance » , avouait hier le technicien basque Jagoba Arrasate. À quelques heures de recevoir le grand Manchester United, tous les signaux sont donc au vert. Mieux, cette réception s’annonce comme la grande fête d’Anoeta. Champagne.
Le si cher Asier Illarramendi
La démonstration face aux Lyonnais actée, s’en est suivie une longue période de gueule de bois pour la Real Sociedad. La faute à un trop plein de confiance en soi, sans doute. Le départ de Philippe Montanier – pour cause de mésentente avec la direction, surtout avec le directeur sportif Loren – y est également pour beaucoup. Après avoir construit sa « chose » en deux années, le nouvel entraîneur du Stade rennais a été remplacé par un gars du cru. Malgré ses 35 ans, Jagoba Arrasate n’a pas changé de plan de bataille ni l’ADN de l’équipe. Alors quoi ? Le grain de sable qui va bloquer la belle mécanique répond au nom d’Illarramendi. Tout frais champion d’Europe U21, le milieu de terrain formé au club se trouve fortement courtisé par le Real Madrid. Pas fou, Arrasate lâche que ledit Illarra « est très important pour la Real qui ne va pas négocier » . La clause libératoire à hauteur de 39 millions d’euros sera finalement lâchée par le club merengue. La Real Sociedad a, elle, perdu son maître à jouer.
Ce départ devient alors un casse-tête pour Jagoba Arrasate. Comme le répétait son prédécesseur l’an dernier, Illarramendi est la pièce fondamentale du système de la Real. Une voute qui relance court, qui joue long, qui intercepte, qui gêne. Bref, un vrai milieu de terrain à l’ancienne, un faux-lent qui accélère le jeu par sa vision et son touché. En 180 minutes face à l’OL, le manque était passé inaperçu. Un peu grâce à la faiblesse rhodanienne, beaucoup grâce à la formidable activité de la doublette Zurutuza-Bergara. En Liga et en Ligue des champions, son absence s’est trouvée bien plus préjudiciable. Ajoutez-y un banc qui n’a pas gagné en profondeur, un calendrier compliqué (Atlético de Madrid, FC Barcelone, Shakhtar Donetsk, Bayer Leverkusen, Manchester United), et vous comprendrez rapidement les maux basques. Après huit journées de Liga et deux de Champions, le navire de San Sebastián n’avait connu qu’une seule fois le goût de la victoire – lors de la première journée face à Getafe (2-0). Toutes ces circonstances atténuantes n’ont pourtant jamais donné à la Real une quelconque envie de se plaindre.
Griezmann, mieux que Ribéry et Benzema
La Real Sociedad va alors se retrouver en jouant. Avec ses mouvements toujours aussi fluides, la bande à Xabi Prieto s’en va glaner une victoire salvatrice à Valence (2-1). Un succès qui n’est pas sans rappeler celui de la saison dernière à Málaga qui avait ouvert une voie européenne. Depuis, le bilan domestique est sans-faute (deux victoires, un nul), de quoi ramener les ramener à une plus confortable septième place en Liga. Surtout, cette belle série, la Real la doit beaucoup à son Français, Antoine Griezmann. En l’espace de quatre journées de championnat, l’ailier gauche de Mâcon a inscrit la bagatelle de 6 buts. Avec ses 7 banderilles de la saison, il est le meilleur buteur français d’Europe, devant les Giroud, Benzema et Ribéry. De quoi donner des idées à Didier Deschamps en cas de qualification au Mondial et une fois sa suspension purgée… Griezmann, lui, ne se prend pas la tête. Il espère, avec ses comparses, « donner du plaisir à nos supporters » . Et, pourquoi pas, se rappeler au bon souvenir de la lucarne de De Gea. Car, éliminée, cette Real Sociedad ne craint plus grand-chose. Et souhaite seulement « donner une belle image du club » . On ne badine pas avec l’honneur du côté du Pays basque.
Par Robin Delorme, à Madrid