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Le Diable au corps

Par Julien Duez
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Le Diable au corps

Invaincue lors de la campagne de qualifications, la Belgique a terminée première de son groupe et sera tête de série lors du Mondial russe. La mini-crise qui a suivi l’Euro 2016 a été effacée, et les Diables rouges semblent désormais plus forts que jamais. Mais le changement insufflé par Roberto Martínez suffira-t-il contre des cadors mondiaux ?

Avant le coup d’envoi face à Chypre, Jan Vertonghen devenait le Belge ayant le plus porté le maillot de l’équipe nationale. 97 fois très exactement, soit une fois de plus qu’un autre sterke Jan. Jan Ceulemans, le héros d’une autre époque, celle de Mexico 86, dont la génération actuelle est bien plus proche que de la décennie cauchemardesque des années 2000.

Roberto banco

Avec la première place du groupe H, aucune défaite et 28 points dans la musette, les Diables rouges ne sont pas tombés dans le piège d’un groupe plus que prenable sur le papier. Mieux encore, les hommes de Roberto Martínez ont inscrit 43 buts en dix matchs, soit autant que la redoutable et invincible Allemagne. Un joli paquet de chiffres encourageant pour une équipe assommée par une élimination prématurée face au pays de Galles lors des quarts de finale de l’Euro 2016.

En remplaçant Marc Wilmots, depuis à la tête de la sélection ivoirienne, Roberto Martínez n’a pas manqué d’agiter les débats chez tous les observateurs que compte le Plat Pays. Tantôt critiqué pour son absence d’expérience à l’international, tantôt raillé pour ne parler aucune des trois langues nationales, l’ancien coach d’Everton apparaissait comme un bien triste successeur au Taureau de Dongelberg, qui avait façonné la génération dorée de la Belgique, redevenue une nation comptant parmi les meilleures du football mondial.

Mais en recrutant Roberto Martínez, l’Union belge provoquait une sorte de révolution copernicienne : mettre en phase une somme de talents purs, arrivés collectivement à leurs limites sous Wilmots, avec un style de jeu correspondant aux championnats dans lesquels ils évoluent au quotidien, à commencer par l’Angleterre. Après une défaite en amical contre l’Espagne à Bruxelles, Martinez donne un coup de pied dans la fourmilière et impose une défense à trois inédite. Un temps latéral droit, Toby Alderweireld passe dans l’axe, tandis que Vertonghen oscille à sa gauche ou à sa droite. La paire est complétée tantôt par Thomas Vermaelen, tantôt par Laurent Ciman ou Vincent Kompany, au gré des blessures et des suspensions de chacun.

Avec les encouragements du conseil de classe

Et ça marche. Au total, la Belgique n’aura encaissé que six buts lors des qualifications. Devant l’inamovible Courtois, c’est un trio approchant les trente ans de moyenne d’âge qui se charge de verrouiller la défense. De quoi permettre à Roberto Martínez de tenter de nouvelles combinaisons, tant au milieu de terrain que dans le secteur offensif. Sur les ailes, Carrasco et Meunier brillent par leur vitesse et plantent respectivement trois et cinq buts. Dans l’axe, la paire Fellaini-Witsel rappelle pourquoi on vibrait pour la Belgique au Mondial brésilien, tandis que Youri Tielemans s’impose doucement comme le futur grand du milieu belge. En pointe, Romelu Lukaku est enfin devenu le buteur que tout le pays attendait. Avec onze pions plantés en sept matchs, le néo-Mancunien affole les compteurs et ravit par ses progrès effectués en équipe nationale. Partisan d’un seul attaquant de pointe, Roberto Martínez a également pu compter sur un Michy Batshuayi en plein essor et qui a relégué Christian Benteke loin derrière lui sur le banc des remplaçants.

Mais évidemment, pour qu’il y ait des gagnants, il faut des perdants. Et le premier d’entre eux s’appelle Radja Nainggolan. Le milieu de la Roma n’a plus été appelé en sélection depuis le mois d’août. Et si Martinez justifie son choix par des raisons purement sportives, d’aucuns accusent d’autres facteurs, notamment le comportement de tête brûlée du Ninja, cumulé à plusieurs retards à l’entraînement. Et alors qu’Eden Hazard, boosté par ses responsabilités de vice-capitaine, se montre plus décisif que jamais, Kevin De Bruyne, lui, semble suivre la courbe inverse. Aucun but pour l’ancien Genkois et une présence sur le terrain qui laisse à désirer, contrairement à ses performances dantesques avec Manchester City.

Finalement, cette Belgique a avancé discrètement tout en se montrant diablement efficace. L’OVNI Martinez a rempli son contrat, quitte à se mettre une partie des supporters à dos, notamment au vu du dossier Nainggolan. La Belgique ira en Russie avec le statut de tête de série et évitera donc les gros morceaux d’entrée de jeu. D’ici là, le sélectionneur aura la mission de prouver que sa stratégie peut s’avérer payante face à des équipes plus fortes que Gibraltar, l’Estonie ou Chypre.

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