ACTU MERCATO
Le dernier jour fou de Bordeaux
Amorphes jusque-là sur le marché des transferts, les Girondins se sont réveillés ce lundi, à quelques heures de sa clôture hivernale. Trois recrues ont été présentées, en attendant une possible quatrième…
Il y a quelques jours encore, les Girondins se faisaient copieusement railler sur les réseaux sociaux et dans les médias. Et pas que pour leurs prestations sportives en dents de scie. Mais alors, pourquoi ? Parce que les Marine et Blanc étaient jugés frileux sur le marché des transferts. Les cas Chantôme et Kiese-Thelin étant là pour rappeler que la donne n’avait pas nécessairement été bénéfique ces derniers temps… Mais en quelques heures, la tendance s’est inversée. D’abord, parce que le club aquitain a annoncé l’arrivée de plusieurs éléments, puis parce qu’il les a officiellement présentés, ce lundi. Trois recrues en même temps ! Du quasi-jamais-vu dans l’histoire d’un club, au final pas si naze en matière de flair. Mais s’il y a parfois eu des couacs par le passé, force est de constater que les dirigeants du club au scapulaire ont désormais le souci de bâtir autant à court qu’à long terme.
Ainsi, Mauro Arambarri (20 ans), Malcom (18 ans) et Paul Bernardoni (18 ans) sont conjointement venus en salle de presse, aux côtés de Willy Sagnol et de Jean-Louis Triaud. Pour « un recrutement prometteur » , constitué « de jeunes joueurs de talent » . Soit le témoignage de la stratégie adoptée par le club – comme d’autres en Ligue 1 – depuis plusieurs années, en matière d’investissement. Respectivement milieu de terrain « box to box » , attaquant et gardien de but, l’Uruguayen (Defensor Sporting), le Brésilien (Corinthians) et le Troyen de formation (ESTAC) débarquent pour quatre ans et demi pour les deux premiers, et cinq mois pour le troisième. Et plus, pour ce dernier, puisque l’option d’achat est « une option d’achat obligatoire » , de l’aveu du président…
Le meilleur espoir sud-américain
Avec Arambarri, c’est, selon Sagnol, l’assurance d’avoir « un joueur agressif dans le bon sens du terme » , et doté d’une « motivation énorme » . Un profil de chien de guerre dépositaire de la « garra charrúa » , qui ne laissera pas sa part au matou. Un type dans la lignée des « teignes » sportives que sait parfois à merveille produire l’Uruguay. Du style Diego Pérez (A.S. Monaco, 2004-2010), par exemple ? « J’essaie d’avoir deux types de jeu, selon le déroulement du match, précise l’intéressé. Mais s’il faut jouer comme Diego Pérez, je jouerai comme Diego Pérez, même s’il avait un jeu un peu dur parfois… Mais je reste un joueur plutôt mixte, libre et qui aime marquer des buts. » Déjà proche de Diego Rolán, Arambarri, qui « connaît peu la Ligue 1 » sait que cette relation devrait lui faciliter la tâche. Considéré comme extra-communautaire, il est aussi, selon Diego Forlán, le meilleur espoir… sud-américain ! « C’est très important qu’un joueur comme lui dise ce genre de choses et c’est très motivant, confie le milieu récupérateur. Cela va m’aider à travailler et à réussir. »
Le successeur de Denílson
Malcom, lui, c’est la certitude d’avoir du spectacle au Matmut Atlantique. Une fois n’est pas coutume. Vif, dribbleur, joueur, l’attaquant de poche tape déjà à la porte de la « Seleção » . La grande : celle des A. Un gabarit véloce aux appuis solides, et aux caractéristiques techniques reconnues. Il est le vingt-deuxième brésilien évoluant en pro aux Girondins, ce qui s’inscrit dans un cursus personnel probablement très ambitieux. « Je voulais venir à Bordeaux, un club important, qui a vu passer pas mal de compatriotes, et qui prend beaucoup de jeunes sous contrat » , prévient le gaucher au coup de rein ravageur. « Malcom recherche plus le jeu à deux ou à trois qu’Adam (Ounas), qui est un provocateur et un déstabilisateur de défense, détaille Sagnol. Il me fait penser à Zé Roberto avec qui j’ai joué au Bayern ; je l’ai donc appelé pour avoir son avis, et je n’ai eu que des louanges sur son état d’esprit et son potentiel futur. » De belles promesses, pour le successeur désigné de Denílson.
Des yeux qui pétillent
Paul Bernardoni débarque lui aussi avec de grandes ambitions. Tant pis pour Jérôme Prior, à tort sous-coté. Mais tant mieux pour son nouveau club. Un « grand club » qu’il n’avait pas envisagé de rejoindre si tôt. « J’ai commencé à jouer avec l’ESTAC cette saison, mais avec la blessure de Cédric Carrasso, Bordeaux a fait appel à moi, explique le portier, encore néophyte en Ligue 1. Ça a été assez naturel, et je suis très heureux d’être ici, car c’est vraiment un bon club et un palier, aussi, pour la suite de ma carrière. Quand on m’a dit Bordeaux, j’avais les yeux qui pétillaient ! » Ou l’opportunité pour Bordeaux de sécuriser le poste de gardien de but et de profiter d’une belle occase pour faire une affaire. « Nous avons répondu au souhait de Troyes, qui a voulu que ça se passe de cette façon, avec un transfert inscrit dans le cadre d’un budget Ligue 2 » , précise Triaud. « Malgré son jeune âge, le calme et la sérénité qu’il a dégagé avec Troyes (et les U19 nationaux, ndlr) m’ont convaincu qu’il est un gardien pour aujourd’hui et pour l’avenir. »
En palliant ainsi les départs pour l’Angleterre d’Henri Saivet (Newcastle) et Wahbi Khazri (Sunderland), ainsi que la grave blessure de Cédric Carrasso (ligaments croisés du genou), Bordeaux tente un gros pari. Celui de remonter au classement (7e après avoir étrillé Rennes dimanche, 4-0) et/ou de gagner la Coupe de France. Ce qui signifie, in fine, décrocher une place en Ligue Europa. Une compétition pourtant mal négociée au cours des mois précédents… Mais tous les nouveaux se sentent prêts à commencer de suite et, pourquoi pas à Lyon, mercredi (19h), en championnat. Cette fois-ci, c’est sûr, les Girondins démarrent une nouvelle saison. En attendant Mathieu Debuchy…
Par Laurent Brun, au Haillan