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Le derby du Nord

Par Ali Farhat
5 minutes
Le derby du Nord

Durant la messe de 15h30, un grand classique du football allemand se jouera à l’Imtech Arena: le Nordderby, entre le Hambourg SV et le Werder Brême. Plus qu’un derby, c’est une véritable rivalité qu’entretiennent les deux villes, une rivalité historique transposée sur un pré carré. Avec un seul objectif: devenir le roi du secteur.

Généralement, il y a ces fameux derbys qui sont nés d’une rivalité sportive, l’envie de part et d’autre d’asseoir sa suprématie dans une ville, voire dans une région. Et puis il y a le cas Hambourg-Brême. On entre alors dans une autre dimension: on peut parler de rivalité séculaire. Déjà, au Moyen-âge, à l’époque de ce qu’on appelait les Teutons, Hambourg régnait sur la ligue de la Hanse, farotant, distribuant à droite à gauche les denrées que son port accueillait, bref, gérait son business comme un bon dealer le ferait. Seulement voilà, avoir la mainmise sur un tel marché, ça suscite des jalousies. Brême la rebelle ne l’entendait pas de cette oreille. Elle voulait également sa part du gâteau. Normal, après tout, c’est une Ligue, on est tous copains. Que nenni. Et voilà qu’à force de saouler tout le monde (en créant notamment un marché parallèle en Mer du Nord), Brême finit par se prendre un carton rouge en 1427. Dans la ville traversée par la Weser, on l’a mauvaise, on rejette la faute sur Hambourg, et on promet de se venger, à n’importe quel prix.

Aujourd’hui encore, cette rivalité prévaut entre les deux villes. Hambourg est une ville-Etat? Brême le sera aussi, avec une excroissance du côté de Bremerhaven, pour faire plus stylé. Hambourg crée un club en 1887? Douze ans plus tard, Brême fait pareil, en mode « on se laissera pas faire, on lâchera pas l’affaire, on n’a pas le même destin, mais nos galères sont les mêmes » . Le décor est posé, Hambourg SV contre Werder, vive le Nordderby. Un derby qui « a autant d’importance que les confrontations entre Schalke et Dortmund » , selon Marc Hagedorn, journaliste au Weser Kurier. A tel point que même un Hambourg contre Sankt-Pauli passe au second plan. Tout ça pour répondre à la question: qui est le numéro un dans le Nord de l’Allemagne?

La porte et la clef

Une question à laquelle il est difficile de répondre, Brême menant d’une courte tête (38 victoires à 33 depuis 1963, pour 34 nuls), mais où les arguments ne manquent pas pour assister à un tel match. En effet, les Hambourgeois, qui se voient forcément plus grands avec leur port monstrueux, se considèrent comme beaucoup plus ouverts. D’où le proverbe « Hambourg ist das Tor zur Welt, Bremen hat den Schlüssel » (Hambourg est la porte sur le monde, Brême en a la clef, ndlr). Du coup, on a le sentiment à Brême que les Hambourgeois les prennent de haut, sont arrogants. « Mais au moins, nous, on a un surnom pour eux: on les appelle les Pfeffersäcken (sacs de poivre, rapport au passé commercial de Hambourg, ndlr) » , souligne Hagedorn. Que les habitants de Hambourg et de Brême se rassurent: le reste de l’Allemagne les appelle les « Fischköpfe » (têtes de poisson). A tort, cependant; là-bas, les femmes ne ressemblent pas vraiment à des thons. Ce sont plutôt des beautés froides. Question de température, sans doute. En parlant de ça, justement, que ce soit au Weserstadion ou bien à l’Imtech Arena, l’ambiance est chaude. La gagne à tout prix. Tout comme pour le derby de la Ruhr, on peut faire une saison de merde, à condition de battre le rival. « Toutefois, si le Werder est champion sans avoir battu Hambourg durant la saison, alors va pour le saladier » , raconte ainsi Hagedorn. L’esprit commercial, l’envie de retomber sur ses pattes, sans doute.

Mater un derby comme un HSV-Werder, c’est la garantie qu’il va se passer quelque chose de sympa. Et ces dernières années, il s’en est passé de belles. Saison 05/06, dernière journée de championnat. Les deux clubs s’affrontent directement pour une place en C1. Brême mène 2-1. Ailton, ancien du Werder passé chez l’ennemi, a la balle de l’égalisation, de la qualif au bout du pied. Les cages sont vides, il foire complètement sa frappe. Le Werder ira en C1. De là à dire que l’attaquant brésilien accuse des problèmes de surpoids parce que les habitants de sa ville s’appellent les Hamburger en VO, c’est une autre histoire.

Une boulette, un high-kick et un canasson

Une autre anecdote marrante a eu lieu trois saisons plus tard, au moment où les deux clubs s’affrontent quatre fois en 19 jours, en Coupe, en championnat et en Europe. Lors du quart retour en C3, une boulette en papier jetée par un fan du HSV fait buguer un joueur de son équipe, qui met malencontreusement la balle en corner. Coup de pied de coin pour le Werder, Baumann marque le but décisif, le HSV est éliminé. La tristesse, d’autant plus que la finale de la C3 se jouait cette année-là…à Hambourg.

Des épisodes choquants, il y en a également eu, ces dernières années. Un, en particulier. Le 07 mai 2008, Tim Wiese oublie qu’il est gardien de but, et n’a qu’une obsession: aller dégommer de l’attaquant adverse. Sa victime sera Ivica Olic, dont le seul tort aura été de courir un peu trop vite. Quelque part, c’est presque un miracle que le Croate s’en tire bien.

Cette fois-ci, on ne sait pas à quoi s’attendre; mais en coulisses, la bataille a déjà démarré. Elle concerne les attaquants de pointe des deux équipes. José Paolo Guerrero d’un côté, Claudio Pizarro de l’autre. Les deux ont pour point commun d’être de nationalité péruvienne. Et au pays, ça va être la grosse ambiance, apparemment. « Ils passent le match sur le cable, sur la chaîne Gol TV, et beaucoup de monde va voir le match. La rencontre génère beaucoup d’attentes car les deux ont parié un cheval. Les deux, à Lima, ont des chevaux à l’hippodrome. Pizarro en a plus mais ils ont pariés que celui qui perdra devra un cheval à l’autre » , raconte ainsi Michel Dancoort, journaliste à la Republica. Pizarro a déjà scoré 14 fois contre Hambourg. A voir si Guerrero ne l’empêchera pas de marquer par tous les moyens. Parce qu’on a beau être du même pays, ici, c’est la Hanse. Et dans la Hanse, on ne rigole pas avec le business.

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