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Le Deportivo La Corogne touche le fond

Par Valentin Lutz
Le Deportivo La Corogne touche le fond

La Corogne est tombée sans même pouvoir combattre, privée de la chance de sauver son honneur par le report du dernier match de sa saison, en raison d'un trop grand nombre de contaminations au Covid-19 dans les rangs de son adversaire, Fuenlabrada. Le Depor, mathématiquement condamné, est en effet relégué en troisième division, vingt ans tout juste après son incroyable titre de champion d'Espagne. Retour sur la descente aux enfers d'un club bien loin de son glorieux passé.

Il y avait déjà quelque chose de tragique dans la vidéo de présentation des nouveaux maillots de La Corogne, inspirés de la tunique à rayures en T avec laquelle le Super Depor avait remporté son premier titre, la Coupe du Roi 1995 : le ciel d’orage et la pluie battante, qui rendaient sinistre cet hommage teinté de nostalgie. Avec le recul, la symbolique semble presque prémonitoire, voire cruelle, car c’est en toute hypothèse en troisième division que les Blanquiazules arboreront cet équipement mythique. En effet, même si elle n’a pas pu disputer le dernier match de sa saison, reporté car plusieurs de ses adversaires de Fuenlabrada ont été déclarés positifs au Covid, La Corogne, 19e, ne peut mathématiquement plus rattraper le premier non-relégable Ponfferradina. Qu’elle paraît lointaine, désormais, cette époque dorée des années 1990 et du début des années 2000 où le Super Depor rivalisait avec les grands d’Espagne et d’Europe.

Le mythe d’Icare

Il y a quelque chose de solaire dans la trajectoire du Depor et c’est finalement à son zénith qu’on trouve en germes les raisons de son crépuscule. De fait, en 2004, La Corogne écrit la plus belle page de son histoire européenne, en manquant d’un rien la finale de la Ligue des champions face au Porto de José Mourinho. Mais peut-être arrivé trop près du soleil, c’est aussi à ce moment que le club galicien se brûle les ailes. En effet, dès l’année suivante, La Corogne ne parvient d’abord pas à assurer une transition sportive viable : en échouant à remplacer efficacement certains tauliers partis à la retraite comme Mauro Silva ou Fran, le Depor, également usé par les méthodes de l’entraîneur à succès Javier Irureta, rentre dans le rang en championnat.

Mécaniquement, les revenus engendrés diminuent, d’autant que le président historique du club, Augusto César Lendoiro, décide de ne plus mettre la main au pot. La prudence s’arrête en revanche au marché des transferts puisqu’en coulisses, ce qui reste du Super Depor continue à vivre largement au-dessus de ses moyens et accumule une dette abyssale. Une spirale infernale s’empare des Blanquiazules, incapables de se renforcer suffisamment pour endiguer une chute sportive qui, à son tour, aggrave le marasme économique. À partir de 2010, La Corogne fait donc l’ascenseur et vivote vaguement en essayant de limiter les dégâts, mais en 2013, le point de non-retour semble atteint. Relégué pour la deuxième fois en trois ans, le Deportivo est aussi placé en redressement judiciaire. Endetté à hauteur de 160 millions d’euros, le club est quasiment en banqueroute.

Voyage au bout de l’enfer

Mais l’adage veut que les grands clubs ne meurent jamais. Ainsi, quand le nouveau président, Tino Fernandez, est investi, un vent d’espoir balaye la Galice, notamment grâce à la réduction de la dette de moitié en cinq ans. Dans le même temps, les Blanquiazules retrouvent des couleurs et la première division entre 2014 et 2018. Mais au fond, les vieux démons de l’instabilité et d’une politique court-termiste ne sont pas bien loin : sur la même période, sept entraîneurs (dont Clarence Seedorf) se succèdent, tandis que les joueurs vont et viennent sans cohérence sportive. En 2018, le club en paye les frais et est à nouveau relégué. La saison suivante vire au cauchemar : les Blanquiazules se sabordent en finale des play-offs de promotion, défaits 3-0 par Majorque au retour après avoir remporté le match aller 2-0, puis en coulisses, avec les départs de l’entraîneur Marti, pourtant grand artisan de la saison plutôt réussie, du président Fernandez et de certains joueurs-clés comme Edu Expósito et Quique González.

Depuis, trois présidents se sont succédé, chassés tour à tour par des supporters à bout, dont certains en sont même venus jusqu’à taguer la maison du directeur sportif du club. À l’agonie en championnat, minés par un recrutement faible et coulés par une attaque à la rue, les Blanquiazules sont finalement relégués en troisième division, pour la première fois depuis quarante ans. Une descente aux allures de désastre, d’une part car les revenus diminueront une nouvelle fois en l’absence de droits TV et de subventions de la Ligue, d’autre part car la troisième division, championnat semi-pro, est en Espagne une compétition semée d’embûches, composée de 80 équipes réparties en quatre groupes dont seuls les leaders sont promus. Restent quelques motifs d’espoir – une dette sous contrôle grâce au soutien des banques et un sponsor solide, Abanca –, mais aussi et surtout des regrets, notamment celui de ne pas pouvoir fêter plus dignement l’anniversaire du seul titre de champion d’Espagne de la petite ville de Galice. C’était il y a tout juste 20 ans, le Super Depor dominait encore le Royaume : le hasard fait parfois mal les choses.

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