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Le CSKA Moscou au zénith
Après sept années de disette, le CSKA Moscou est à nouveau champion de Russie. Le club entraîné par Leonid Slutsky compte trois points d’avance sur le Zénith à une journée de la fin, mais à l’avantage au nombre de victoires sur l’ensemble de la saison.
Le CSKA Moscou allait finir par croire qu’il était maudit. Champion de Russie en 2005 et 2006, époque où il régnait sur la Premier League russe, le club moscovite avait ensuite subi la concurrence des nouveaux riches, le Zénith et le Rubin Kazan. Deuxièmes en 2008 et 2010, troisièmes en 2007 et 2012, les Krasno-sinie (Rouges-Bleus) ont bien eu l’impression qu’ils allaient être les éternels mecs à la place du con. Et puis, finalement, cette saison 2012-13 est venue remettre le CSKA en haut des charts russes. L’équipe de Leonid Slutsky a pratiquement dominé l’intégralité du championnat, n’étant jamais vraiment enquiquinée par le double champion en titre, le Zénith, et la nouvelle puissance, l’Anzhi. Finalement, à une journée de la fin, le CSKA a obtenu ce qu’il attendait depuis sept ans : son quatrième titre de champion. Il a suffi d’un match nul 0-0 à domicile face au Kuban Krasnodar pour s’assurer le titre. De fait, trois points séparent le leader de son dauphin. Mais en Russie, en cas d’égalité entre deux formations, le premier critère pour départager est le nombre de victoires obtenues sur l’ensemble de la saison. Le CSKA en compte 20, le Zénith seulement 18. Dommage, Luciano.
Le retour de Vagner Amour
Pour le CSKA, ce titre arrive à point nommé. Normalement, si les délais sont respectés, le club inaugurera son nouveau stade, le stade CSKA. Un véritable renouveau pour le club, qui, lors des derniers mois, s’est baladé entre le vieux stade Luzhniki, et la plus modeste Arena Khimki, en attente d’élire domicile dans son nouvel antre. Ce titre de champion semble être le point de départ d’une nouvelle ère pour l’ancien club officielle de l’armée soviétique, du temps de l’URSS. Cette année, le CSKA a su trouver une régularité, avec un intelligent mélange de joueurs expérimentés, comme les défenseurs Berezutski, Ignashevich et Nababkin, et d’éléments jeunes et pleins d’avenir, comme le Brésilien Mario Fernandes, l’attaquant nigérian Musa ou le génie local Dzagoev, tous trois âgés de 22 ans. Et pourtant, le club a dû évoluer toute la saison sans son attaquant vedette, Seydou Doumbia, meilleur buteur du championnat russe 2011/12 avec 28 réalisations, qui s’est blessé au mois de juillet, et qui n’a pu faire son retour que début avril. Il a toutefois apporté sa pierre à l’édifice lors du rush final, en inscrivant trois buts lors de ses six apparitions. Privé de son buteur, Slutsky a dû inventer autre chose pour marquer des buts. Il a notamment fait le forcing pour faire revenir Vagner Love au mois de janvier. Les dreadlocks colorées les plus célèbres de la scène internationale ont donc quitté les plages de Rio de Janeiro, et sont venues prêter main forte à son autre club de cœur. Grand bien lui a pris, puisque le Brésilien, arrivé pour la première fois à Moscou en 2004, avait été l’un des artisans des titres de 2005 et 2006, et rêvait de soulever à nouveau le sacre national.
En plus de ce coup Vagner Love, qui n’avait pas vraiment été calculé avant la blessure de Doumbia, le CSKA avait parfaitement étudié sa stratégie l’été dernier. Pour lutter avec le Zénith et faire face à la montée en puissance de l’Anzhi, les dirigeants mettent les moyens. Ils vont piocher au Brésil et aux Pays-Bas, et investissent adroitement 25 millions d’euros sur le mercato. Les Suédois Elm et Wernbloom arrivent de Alkmaar, le Nigérian Musa du VVV Venlo et Mario Fernandes de Gremio. Un recrutement sous le signe de la jeunesse, puisque la moyenne d’âge de ces 4 gaillards est de 23 ans. Surtout, le CSKA réussit à retenir sa pépite, Dzagoev, convoitée par de nombreux clubs européens, et son Japonais Honda, qui avait pourtant la cote en Italie. Bref, une équipe habilement complétée, et sans avoir eu besoin de dépenser près de 100 millions comme le Zénith.
Doublé en vue ?
Pourtant, la saison du CSKA commence de la pire des manières. Le 23 août, l’équipe russe se déplace en Suède pour le tour préliminaire de l’Europa League. Victoire facile, 1-0, grâce à un but de Honda. La qualif semble en poche, grâce à ce succès obtenu à l’extérieur. Mais une semaine plus tard, l’impensable se produit à l’Arena Khimki. L’AIK Solna mène 1-0 dès la 6e minute. Le match ne se débride pas et on se dirige vers les prolongations. Mais à la 93e minute, Lorentzon inscrit le but du 2-0 pour l’AIK, dans un stade pétrifié. Le CSKA est éliminé de l’Europa League, avant même de l’avoir débuté. Ce qui apparaît comme un désastre va finalement s’avérer être une aubaine. Car le CSKA va pouvoir se concentrer essentiellement sur le championnat et la Coupe. De fait, hormis une défaite concédée le 30 septembre lors du derby face au Dinamo, le CSKA remporte tous ses matches de championnat jusqu’à la mi-novembre. Juste avant la trêve hivernale, un revers 2-0 sur la pelouse de l’Anzhi, qui lutte aussi pour la première position, semble relancer les débats.
Mais après avoir hiberné pendant trois mois, les joueurs moscovites vont revenir avec le couteau entre les dents. Ils réalisent un perfect pendant les quatre premières journées post-trêve : quatre victoires, et pas le moindre but encaissé. Derrière, les poursuivants ont du mal à suivre. Le Zénith se remet à y croire lorsque le CSKA cale à la mi-avril : deux points pris lors des trois rendez-vous face au Dinamo, au Spartak et au Rubin Kazan. Mais le 11 mai, le CSKA prend un avantage décisif. Les Koni écrasent le Lokomotiv lors du derby moscovite, pendant que le Zénith est tenu en échec sur la pelouse de Rostov. A deux journées du terme, cinq points séparent les deux formations, et le CSKA n’a donc plus besoin que d’un petit point pour être officiellement sacré. Ce petit point est défendu avec hargne lors du match face au Kuban Krasnodar. 0-0, suffisant pour être sacré, et ce malgré la victoire du Zénith face à Volga. Le 1er juin, le CSKA aura l’occasion de réaliser un formidable doublé Coupe-championnat, avec la finale de la Coupe de Russie contre l’Anzhi. Un doublé déjà réalisé en 2005 et 2006. Ce serait bête de ne pas faire perdurer la tradition.
Par Eric Maggiori