- France
- Ligue 1
- 38e journée
- Lorient/PSG (1-3)
Le Crom: « S’il vous plaît, ne me mettez pas un carton rouge »
Cette saison, Ronan Le Crom aura alterné séances d'entraînement au Camp des Loges et matchs en tribune. C'est donc avec beaucoup de joie que le quatrième gardien du Paris Saint-Germain est entré en jeu à 38 ans, chez lui à Lorient, lors de la 38e et dernière journée de Ligue 1. Une entrée ternie par un carton rouge sévère au vue du contexte festif de ce match. Mais qu'importe, Ronan est champion de France. Comme Zlatan !
Bon alors comment allez-vous depuis dimanche soir ? Sur le coup on vous a vu assez touché par cette exclusion. Ça va très bien. J’étais juste un peu triste après l’expulsion, pendant un quart d’heure-vingt minutes. Une fois la déception passée, on prend du recul, on prend la mesure des choses. Finalement, cette rentrée était synonyme d’apparition sur la liste des champions de France et c’est bien là l’essentiel !
Vous saviez que vous rentreriez en cours de rencontre ? Oui oui, je le savais.
À froid, comment jugez-vous cette décision ? Un peu sévère ? C’est clair que j’ai trouvé ça un peu sévère. Il faut replacer les choses dans leur contexte: c’était le dernier match de la saison, le match se passait bien pour nous, il y avait 3-0, mais au-delà de ça… que l’on siffle le penalty, il n’y a aucun problème, je fais une faute. Mais bon, la double sanction, alors que je venais d’entrer depuis 20 minutes. Je trouve que c’est tout de même faire preuve d’un manque de discernement.
En plus à Lorient… (Ronan Le Crom est Lorientais de naissance, ndlr)
Oui c’est clair, j’étais devant ma famille. C’était un moment important pour moi. Cela faisait trois ans que je n’avais pas joué en Ligue 1… Ouais, je l’attendais ce truc-là ! Et puis, j’aurais bien voulu finir comme il fallait, mais bon, ce qui m’a réconforté, c’est que pendant les 20 minutes que j’ai jouées, j’ai pu montrer que j’étais encore bien là.
Cette saison, le PSG et les arbitres n’ont pas vraiment vécu une histoire d’amour. Certains membres du club ont parfois critiqué les décisions arbitrales comme par exemple Zlatan Ibrahimović qui, ces derniers jours encore, n’a pas hésité à tailler l’arbitrage français. Pensez-vous que toutes ces déclarations ont joué dans la manière dont les juges vous ont arbitré ? Je ne sais pas. Moi j’ai toujours respecté le corps arbitral, ils font partie du jeu. Après c’est vrai qu’il me semble qu’au niveau des statistiques, on fait très peu de fautes et elles sont souvent sanctionnées par des avertissements, voire des expulsions. Après bon, les statistiques sont ce qu’elles sont. Peut-être qu’inconsciemment, de voir Paris potentiellement si fort, on a peut-être envie de les handicaper. Mais je ne sais pas si c’est volontaire. Je ne le crois pas.
« Il est possible qu’il regrette cette décision »
Qu’avez vous dit à l’arbitre lorsqu’il a sorti le rouge ? Bon déjà je l’ai saisi… mais gentiment. Je ne voulais pas du tout le bousculer, hein ! Je lui ai simplement dit : « S’il vous plaît, ne me mettez pas un carton rouge » . Je lui ai dit que c’était peut-être mon dernier match. Mais il m’a répondu que s’il ne le mettait pas, il serait sanctionné. C’est pour ça que je ne lui en veux pas. Il a appliqué la règle. Mais il aurait peut-être fallu replacer les choses dans leur contexte. Je pense qu’aujourd’hui il est possible qu’il regrette cette décision. Parce que ça lui a fait plus de mauvaise publicité qu’autre chose. Mais je ne pense pas que son superviseur l’aurait lourdement sanctionné s’il ne m’avait mis qu’un carton jaune. Bon, il aurait pu faire preuve de plus d’élégance, mais bon, voilà, je ne lui reproche rien aujourd’hui. Regardez, quand on voit la finale de la Ligue des champions, Dante aurait pu se prendre un deuxième carton jaune sur le penalty, mais l’arbitre ne l’a pas mis. Peut-être pour ne pas gâcher la finale. C’est vrai que d’une certaine manière, ça m’a gâché la fin de match. C’est comme ça, on passe à autre chose.
On a vu que Fabien Audard était venu vous glisser un mot à l’oreille après l’exclusion. On peut savoir ce qu’il vous a dit ? Non, c’était… Ce qui m’a beaucoup touché, c’est qu’il y avait beaucoup de monde autour de moi et ça, ça traduit un peu notre état d’esprit cette année. C’est-à-dire qu’on était vraiment un groupe. Ça m’a beaucoup touché. Il y a eu aussi des joueurs de Lorient qui sont venus me réconforter. J’avais eu la chance de m’entraîner avec eux il y a deux ans, durant l’été et Audard a fait preuve de la solidarité entre gardiens. Il est simplement venu me réconforter, c’était un geste sympa.
À part ça, maintenant ça vous fait un titre de champion de France sur le palmarès. Ça a de la gueule… Ah oui, oui, ça a de la gueule ! D’autant plus que celui-là n’étais pas prévu (Ronan Le Crom a signé au PSG en janvier 2012, après avoir arrêté le foot pendant cinq mois et alors que le club cherchait un 4e gardien, ndlr). C’est juste un énorme bonus dans une carrière.
Comment avez-vous vécu cette saison au PSG ? C’était simplement du bonheur. Avec le recul et l’expérience, j’ai essayé d’apprécier chaque minute d’entraînement avec mes coéquipiers. J’essaye juste de profiter au maximum.
À 38 ans, vous aimeriez rempiler, à Paris ou ailleurs ? Oui, bien sûr. Je suis en pleine forme physique, je n’ai pas raté une seule séance cette année. Je vais avoir 39 ans le 13 juillet, et vu ce que j’ai montré samedi, ça me réconforte sur mon travail et ma manière de faire. Donc honnêtement, je n’ai vraiment pas envie de raccrocher aujourd’hui.
« J’ai presque l’impression que ça dérange que l’ambiance soit saine »
Les méthodes de travail au PSG sont elles différentes que ce que vous avez pu connaître dans les autres clubs que vous avez connus ? Ben nous, en tant que gardien, notre travail est très spécifique. Mais c’est vrai qu’avec Gilles Bourges, on travaille très bien, c’est très varié, très pro. On se régale tous les jours. Mais le métier de gardien est particulier… c’est très dur, intense, mais on sait pourquoi on en bave à la fin.
En tant que gardien de l’ombre, et puisque vous connaissez énormément le football français, vous n’avez pas été trop emmerdé par les journalistes à la chasse aux scoops, aux infos transferts ? Si. Mais je me suis fixé une règle dès le début. Déjà, je ne réponds pas souvent. Ensuite, je demande à ce que cela se passe de manière officielle, que ça passe par l’attaché de presse afin que tout cela soit le plus normal possible. Et puis, si jamais je décroche et que j’accorde quelques mots, je demande toujours quel est le sujet de l’interview. Et puis vous savez, tout ça, c’est chercher des fausses rumeurs… Moi qui connais les choses de l’intérieur, je peux vous assurer qu’on a un groupe sain et j’ai presque l’impression que ça dérange que l’ambiance soit saine et posée.
On cherche à créer des histoires là où il n’y en a pas en fait ? Oui j’ai l’impression. Pour certains journaux en tout cas. Après, je ne voudrais pas mettre tout le monde dans le même sac évidemment.
Avant de vous lâcher, vous auriez un petit mot pour votre ancien club de Guingamp, de retour en Ligue 1 après 9 ans d’attente ? J’étais très très heureux pour eux, pour le club, ses supporters, parce que j’y ai passé deux saisons magnifiques (de 2002 à 2004, ndlr). En plus, c’est une région que j’aime. Je sais que le Roudourou va vibrer la saison prochaine, il le mérite au vu de leur saison et ça me fait énormément plaisir.
Propos recueillis par Aymeric Le Gall