- Coupe de la Ligue
- 16e de finale
- Sochaux/Évian TG
Le coup de blues de Boudebouz
Il devait signer à l'OM, le club de son cœur. Finalement, il a été contraint de rester à Sochaux. Pris en grippe par certains supporters, relégué sur le banc par son entraîneur puis blessé, Ryad Boudebouz vit des semaines difficiles. Avant de rebondir ?
Jusqu’à cet été, tout allait bien dans le meilleur des mondes pour Ryad Boudebouz. Des débuts en pro réussis, une explosion lors de la saison 2010-2011 (huit buts et sept passes décisives en championnat), ce qui lui a valu d’être appelé en équipe nationale d’Algérie, quelques buts de folie et une confirmation la saison dernière. Mais voilà, le bonhomme a un rêve : celui de jouer à l’OM. Alors, quand le club phocéen lui fait les yeux doux, il ne résiste pas. Problème, Marseille n’a pas d’argent et doit d’abord vendre avant de pouvoir recruter. Persuadé que le transfert va aboutir, Boudebouz prend un gros coup sur la tête quand les dirigeants olympiens lui apprennent fin août qu’ils ont stoppé les négociations. « Ils m’ont toujours fait croire depuis le début du mercato qu’ils allaient me faire signer, et là, à quelques jours de la fin du marché des transferts, ils me disent que je suis trop cher, enrage le joueur dans Le Buteur. Par la suite donc, ils ont abandonné les négociations. Je vais rester à Sochaux, mais c’est sûr qu’en fin de saison, je partirai. »
« Ryad dégage »
Déçu, Boudebouz doit en plus faire face à la colère des supporters sochaliens qui affichent leur mécontentement en déployant une banderole « Ryad dégage » lors de la quatrième journée de Ligue 1 contre Montpellier. Plus que son envie de quitter le club doubiste, c’est son attitude lors du match Marseille-Sochaux que lui reprochent les ultras. Remplaçant au coup d’envoi, le natif de Colmar a en effet salué ceux qu’il croyait alors être ses futurs supporters avant de reprendre un chant de l’OM. « On ne lui en veut pas parce qu’il a déclaré vouloir quitter Sochaux, assure Fabrice Beltrambini, membre historique des Joyriders, dans L’Alsace. Mais au Vélodrome, il est allé seul applaudir le virage des supporters marseillais, et ensuite, pendant le match, alors que ses coéquipiers se battaient sur le terrain, une vidéo le montre clairement chanter le Aux armes des Marseillais. Ça, ça ne se fait pas, et si on ne réagit pas par rapport à ça, alors on n’a plus rien à faire au stade. » Pire, d’autres supporters – isolés des groupes ultras – tiennent des propos racistes à son égard.
Moral entamé
Ces insultes, auxquelles il avait déjà dû faire face la saison dernière après un match contre Ajaccio, Boudebouz les vit mal. « À la sortie du match, quand tu entends « Dégage sale arabe, ici tu n’es pas chez toi » , surtout dans ton club formateur, ça fait mal, confie-t-il le lendemain des faits sur RMC. Les insultes, ça énerve, il y a les parents qui sont là, il y a la famille. Franchement, c’est dégoutant. » Entre ça et son transfert avorté à Marseille, c’en est trop pour le joueur de 22 ans. Malgré son discours – « Ça m’a touché, mais je sais comment sont ces personnes. Je vais travailler encore plus, je vais les faire taire sur le terrain. On en rigolera peut-être à la fin de l’année. » -, son moral est touché et ses performances s’en ressentent. Son coach Éric Hély préfère même le faire débuter sur le banc à Saint-Étienne, où Sochaux glanera d’ailleurs ses premiers points de la saison. Forfait contre Troyes à cause d’une blessure aux adducteurs sans gravité, Boudebouz va devoir cravacher pour retrouver sa place de titulaire et regagner le cœur de ses supporters. Avant d’enfin signer à l’OM ?
Quentin Moynet