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- PSG-Bayern Munich (3-0)
Le corner de la guerre
Si le but du football consistait à tirer des corners, le Bayern aurait battu le PSG 18 à 1. Une statistique et une impression étrange, murmurée à l'oreille au fil des minutes de la démonstration parisienne du soir : mais pourquoi le Bayern Munich récolte-t-il autant de corners ? Chronique d'un plantage.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, il a fait beau, aujourd’hui à Paris. Ciel dégagé, 22 degrés en plein après-midi, avec un léger vent extérieur qui faisait chuter la température ressentie autour des berges de Seine. Puis, sans prévenir, sur les coups de 20h50, il a commencé à tomber. Quelques gouttes d’abord, qui ont entraîné un crachin délicat. En fin de première période entre Paris et le Bayern Munich, c’était carrément l’averse sur Canal Plus. Et puis le temps avançant, on est passé au déluge. Pas question ici de cumulonimbus – les miss météo de la chaîne cryptée sont connues pour bien autre chose que leur précisions météorologiques –, mais bien d’une pluie de corners sur les cages parisiennes.
Un tout petit nuage bien énervé concentré sur la tête d’Alphonse Areola, par ailleurs parfaitement équipé en bottes de pluie et K-way orange fluo. Georgie, avec des gants. C’est simple : à la mi-temps, le Bayern avait déjà botté dix corners. Un toutes les quatre minutes trente. À la fin du bal, le constat est encore plus marquant : dix-huit corners à un pour les Allemands. Pour aucune efficacité. Mais bon sang, c’était voulu ou non ?
De balles de but à balles à blanc
Avoir des corners signifie en général avoir la possession. En poussant un peu la réflexion, on pourrait même affirmer que c’est avoir le contrôle de la rencontre. C’est d’ailleurs la peur qui a surfé sur l’ensemble de la première période, où, après avoir ouvert le score, les Parisiens ont comme (trop) souvent commencé à reculer. Avec, par-dessus la capuche, le spectre de certaines désillusions passées démarrées de la même manière. Mais au fur et à mesure des assauts munichois, le danger imminent n’est plus devenu que menace, puis la menace en tir de balles à blanc.
À la manière de ces militaires qui défilent dans les rues l’arme déchargée, le Bayern s’est mis à tirer des corners de composition. Pour le geste. On ne peut pas dire qu’ils étaient mal frappés pour leur majorité, simplement mal réceptionnés. Ou l’inverse. Difficile de savoir. Ancelotti a cru trouver la réponse en faisant entrer Rudy à la mi-temps, tant appelé pour son apport défensif que pour ses qualités évidentes d’artificier en chef. Là où Kimmich, James et Thiago Alcántara s’étaient essayé sans succès à l’exercice, lui a tenté autre chose, en allant chercher plus haut et plus loin. Et pas toujours plus fort, pour répondre à Olivier Minne. Une solution en deux temps, où l’on comptait sur la remise au second poteau pour trouver quelqu’un dans la boîte. Une option qui aurait pu – dû – marcher sur ce coup de casque de Javi Martínez, sauvé sur sa ligne par Thiago Silva (49e). L’orage était passé.
Areola en garde-fou
Sur une pelouse quadrillée de centres – 36 côté Bayern pour seulement 5 réussis ! –, Paris s’est finalement reposé sur une charnière centrale impeccable. Les critiques étant promptes à tomber lorsque Thiago Silva s’arrange pour louper un match important, il convient de souligner lorsque le capitaine parisien et Marquinhos font le travail. Sur coups de pied arrêtés, justement, où les Brésiliens ont régné en maître dans leur surface. Une tranquillité qui, surprise, a peut-être à voir avec le match de patron livré par Alphonse Areola. Le gamin de Paname, rassurant comme de plus en plus souvent depuis le début de saison, s’est même permis d’aller boxer des ballons tirés à portée de gants, une marque d’autorité et de confiance inconcevable encore l’an passé. Paris a donc accepté de subir, de prendre une bonne averse sur la gueule, et en ressort le visage finalement vierge de toute trace de boue. Coïncidence ou non, Météo France annonce 20 degrés pour la journée de demain et des « pluies éparses » sur Paris. La marque des gros orages ? Ils mettent du temps à retomber.
Par Théo Denmat