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- Suède-Angleterre (0-2)
Le corner à l’anglaise
Face à la Suède, l'Angleterre a de nouveau fait parler sa science sur corner pour ouvrir la marque par l'intermédiaire de son défenseur central Harry Maguire. Le quatrième but des Three Lions sur corner depuis le début de la Coupe du monde. Tout sauf un hasard.
Ashley Young pose son ballon délicatement sur l’arc de cercle. Pendant ce temps-là, Harry Kane, tel un quarterback, distille le plan à suivre à l’oreille de John Stones et d’Harry Maguire. La stratégie est connue, le train anglais est en place, Ashley Young lève son bras droit pour indiquer la zone où se rendre et entame sa course d’élan. Jordan Henderson file servir de leurre au premier poteau, John Stones fait de même au second. Tandis que Harry Kane et Raheem Sterling font bloc pour faire de la place à Maguire qui n’a plus qu’à faire ses deux pas en avant et faire parler la puissance de son crâne pour ouvrir le score dans ce quart de finale de Coupe du monde face à la Suède. Sur son banc, Gareth Southgate peut exulter et lâcher un petit sourire d’auto-satisfaction.
La NBA comme modèle
Il faut dire que cette ouverture du score du défenseur central de Leicester sur corner est loin d’être un hasard. Dès son arrivée à la tête des Three Lions en septembre 2016, Gareth Southgate a fait des coups de pied arrêtés la future arme absolue de l’Angleterre, s’appuyant notamment sur une étude statistique qui montre que 11% des buts de la dernière Coupe du monde ont été inscrits sur corner. « L’Espagne et l’Allemagne ont un jeu fabuleux, mais quand vous regardez combien de buts ils ont marqués – ou dans le cas de l’Espagne, combien ils en ont concédé sur coups de pied arrêtés – c’est un paramètre qui a certainement joué un rôle clé dans leur réussite » , avouait d’ailleurs l’ancien défenseur de Middlesbrough en début de compétition au micro de la BBC.
Et quand Gareth Southgate décide de bosser un point, il s’y prend à fond. Et c’est ainsi que le sélectionneur anglais s’est retrouvé le 4 février dernier à assister au match de NBA entre les Minnesota Timberwolves et les New Orleans Pelicans. Le but ? Admirer les écrans d’Anthony Davis, DeMarcus Cousins ou encore Karl-Anthony Towns, avant d’en discuter avec le staff des Wolves pour réussir à intégrer ces écrans au jeu de l’Angleterre. De son côté, son adjoint Allan Russell est chargé d’étudier l’adversaire sur coups de pied arrêtés comme l’avoue Harry Kane en conférence de presse : « Il fait des sessions de finition avec nous, nous parle des défenseurs adverses, des gardiens, et nous dit où il est possible d’exploiter une faiblesse. Ce sont des petites choses qui nous donnent l’avantage. »
8 buts sur 11 marqués sur coups de pied arrêtés
Le travail en amont étant fait, ne reste plus qu’à l’appliquer. Et pour cela, Gareth Southgate peut s’appuyer sur des bons tireurs – Ashley Young pour les corners rentrants et Kieran Trippier pour les sortants –, ainsi que des Golgoths capables de mettre des violents coups de boule comme John Stones, Harry Maguire, Jordan Henderson ou encore Harry Kane. Et cela fonctionne dès le match d’ouverture face à la Tunisie avec toujours le même schéma. Un corner tiré sur la tête de Maguire et Harry Kane présent au rebond offensif pour transformer le second ballon. Rebelote face au Panama avec le premier but inscrit par John Stones qui profite d’un bloc d’Ashley Young pour se débarrasser du marquage de son défenseur et ainsi se rendre dans la zone laissée libre par ses coéquipiers, qui empêchent les Panaméens de s’y rendre tels des défenseurs de football américain.
Quelques minutes plus tard, c’est à la suite d’une combinaison fantastique sur coup franc que le défenseur de Manchester City double la marque. Résultat, depuis le début de cette Coupe du monde, l’Angleterre a inscrit huit de ses onze buts sur coups de pied arrêtés, dont quatre sur corner et trois sur penalty. De quoi faire entrevoir de la peur dans les yeux des adversaires dès que l’arbitre indique le coin de corner. Et si cette inquiétude a pu se voir sur le visage du géant Andreas Granqvist, nul doute qu’elle sera à nouveau palpable chez les futurs adversaires des Anglais.
Par Steven Oliveira