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Le conseil de classe de Liga 2016
Les bulletins sont rendus, le verdict, définitif. À l’aube d’une nouvelle année excitante, FC Barcelone et, surtout, Real Madrid l’entament avec le vent dans le dos, suivis de près par un Séville revigoré ou encore un Villarreal bien armé. Pour le reste, feuilletez le conseil de classe de cette Liga cuvée 2016.
Félicitations
Real Madrid 9/10
À n’en pas douter, l’élève le plus studieux de cette année scolaire. Fort contre les faibles, intransigeant contre les gros, le Merengue n’a que très peu raturé sa copie – sauf lors du premier derbi madrileño de l’ère Zidane et d’un déplacement dans le bouillant Madrigal. Tâche à lui de suivre les conseils avisés de son chef de meute, aka le novice double Z, et la Liga devrait tomber dans son escarcelle.
FC Barcelone 8/10
Champion de tout, sauf de la Ligue des champions, l’étudiant catalan tend à se relâcher depuis son titre de mai dernier. Une attitude nonchalante qui ne fait pas oublier sa mainmise sur le championnat espagnol depuis le début de siècle. Le FCB est le meilleur d’entre tous sur la durée. Durex pour lui.
Mention bien
FC Séville 8/10
Après trois années d’Erasmus dorées, le major de la promo « Ligue Europa » s’est recentré sur ses cours domestiques. Un changement de cap qui s’inscrit dans une mutation profonde de l’institution sevillista : attentive au cours du professeur Sampaoli, lui-même disciple du Loco Bielsa, elle réussit une transition qui la conduit dans le sillon des mastodontes blaugrana et madridista. Costaud.
Atlético de Madrid 7,5/10
Une année de transition pour le si appliqué élève matelassier. De fait, la compréhension des nouveaux principes du Cholo Simeone, plus dans l’embellie que la dureté, se révèle douloureuse pour un étudiant habitué à l’ordre militaire. Allez, encore un effort en arts plastiques et la digestion sera effective d’ici peu, soit pour la fin d’une époque estampillée Vicente-Calderón. Snif.
Villarreal 7,5/10
L’élève modèle n’a pas failli à sa réputation. Mieux, il l’a gonflée. À mi-chemin entre une production locale exquise – meilleure cantera du Royaume, excusez du peu – et un recrutement aux petits oignons, le sous-marin jaune coule des jours heureux. Seule ombre au tableau, un refus sec à la porte d’entrée de la formation Erasmus.
UD Las Palmas 7/10
L’UD, ou la révélation de cette classe pleine de promesses, à n’en pas douter. Car loin de disposer des ressources de ses camarades, l’élève insulaire s’appuie sur une école de football fabuleuse et un style de jeu non négociable. Autant d’ingrédients qui en font l’une des révélations de cette cuvée 2016.
Encouragements
Athletic Bilbao 6,5/10
Sans crier gare, le produit 100% local de cette Liga réussit une nouvelle année d’exception. Européen en juin dernier, européen en janvier, l’Athletic s’inscrit un peu plus comme une valeur refuge de la Liga et un exemple à suivre pour ses comparses. À force de banaliser l’exceptionnel, les amoureux que nous sommes en oublient presque l’exploit de ces Leones basques jusqu’au bout des ongles. Bluffant.
Real Sociedad 6/10
Moribond car sans motivation lors de la première moitié de l’année, l’élève de Donostia a profité des vacances estivales pour se reconstruire un projet. Articulé autour d’Eusébio Sacristan et renforcé par des emplettes bon marché, il tourne à plein régime depuis la rentrée et est enfin à la hauteur de ses capacités.
Eibar 6/10
À l’unisson de ses petits camarades basques, le lilliputien Eibar réalise une année de premier ordre. Longtemps caricaturé comme une bizarrerie, le Guingamp espagnol rappelle qu’avant d’être un « modèle » , il est un club armé d’ambitions toujours plus importantes. Une volonté de grandir qui mérite autant d’encouragements que de félicitations.
Celta de Vigo 6/10
L’élève kamikaze de l’élite espagnole se fait toujours hara-kiri. Mais il ressuscite autant de fois. Autant dire que cette année 2016 a vu l’assistance du Balaídos frôler la crise cardiaque à plus d’une reprise. Tant pis, ou tant mieux, car avec le roi actuel de Galice, personne ne s’ennuie. Comme quoi, les trublions ont parfois du bon.
Espanyol 5,5/10
Histoire de se différencier de son omnipotent voisin de table, le second étudiant barcelonais a décidé de changer de première langue. Désormais appelés à baragouiner le chinois, les Pericos s’acclimatent doucement, mais sûrement à ce changement linguistique. En net progrès à l’automne, ils laissent même entrapercevoir une marge de progression intéressante. Élève à suivre, donc.
Deportivo Alavés 5,5/10
Toujours dans l’ombre de son collège du basket, le Baskonia, le Deportivo Alavés réussit un retour parmi l’élite remarqué. En plus de bases déjà bien enregistrées, en atteste un parcours exemplaire jusqu’à la montée de juin dernier, l’ancien finaliste de la classe européenne mérite les plus vifs encouragements du jury.
CD Leganés 5/10
Le plus modeste des pensionnaires de Liga n’a pas même l’argent pour s’acheter un cartable, mais dispose d’idées par milliers. Auteur d’une montée miraculeuse avant l’été, il s’est gagné les cœurs de ses camarades par un sens de l’humour aiguisé (cf. une communication atypique) et, surtout, un sérieux de tous les instants sur le pré. De fait, son actuel quinzième rang dans la hiérarchie de 2016 a déjà été fêté comme un titre à Noël.
Avertissement de travail
Real Betis 5/10
Malgré le soutien sans faille d’une famille nombreuse, le Real Betis Balompié – blase le plus groovy de cette classe élitiste – alterne le chaud et le froid. De fait tiède et sans saveur, son année se résume à de faux espoirs et de vrais doutes. 2017 ne pourra être que mieux, surtout depuis la reprise en main par Vitor Sánchez del Amo – encore un blase qui en jette –, professeur qui a la cote outre-Pyrénées.
Málaga CF 5/10
Sans aucun doute l’élève le plus difficile à cerner de cette année. Capable du meilleur comme du pire, il se tire une balle dans le pied juste avant les fêtes et entre de plain-pied dans une crise que personne, ou presque, n’avait vu arriver. Difficile, dans ces conditions, de juger cet étudiant andalou dont les promesses se retrouvent aussi intéressantes que ses sautes d’humeur incompréhensibles.
Deportivo La Corogne 4,5/10
Loin des standards de son voisin du Celta, l’autre élève de Galice, le Depor, réussit tant bien que mal à atteindre la moyenne lors d’un premier trimestre qui lui permet de rester en classe élite. La reprise, comme d’habitude, est plus complexe pour un Depor qui manque de super. Un avertissement de travail qui ne doit pas faire oublier de dernières sorties plus convaincantes.
Sporting Gijón 4/10
Descente du Rayo oblige, le prolétariat reste tout de même d’actualité dans cette classe d’espagnol LV1. Sauvé par un concours de circonstances rocambolesque, le Sporting devra rapidement se ressaisir en 2017 pour croire à un nouveau maintien en mai prochain. En somme, le Benoît Hamon de la Liga, c’est lui.
Redoublement
Grenade 3,5/10
Rescapé et miraculé en Liga malgré six premiers mois agoniques, l’élève andalou a dégoupillé depuis la rentrée. Un comble, pour les Nazaries, qui rappelle que leur rachat par un consortium chinois n’est pas forcément gage de réussite. Et que le bref passage de Paco Jémez sur leur banc n’était pas synonyme de réussite.
Osasuna 3/10
Le quatrième fanion de socios du pays, le plus modeste, fait honneur à sa longue expérience en Primera pour la retrouver après une punition de quelques saisons en catégorie inférieure. Mais avoir du cœur ne suffit pas pour conserver sa place parmi l’élite des pensionnats d’Espagne. Un retour par la case Liga 1, 2, 3 s’annonce donc comme le futur proche des Navarrais, également connus comme les formateurs de l’Athletic.
Rayo Vallecano 2,5/10
L’élève le plus instable, mais également le plus atypique de Liga nous a quittés en cours d’année. Un redoublement forcé, tant les lacunes du Rayito semblaient incurables, mais qui plonge les suiveurs de Liga dans une tristesse infinie, tant son stade aux trois tribunes et son quartier à la bonhomie contagieuse respiraient le football d’antan. Dommage, donc, pour cette Liga qui ne respecte plus son quota Cotorep.
Levante 2/10
Après six premiers mois calamiteux, conclu par un redoublement bien mérité, l’élève valencien se rappelle au bon souvenir de son voisin de chambrée ché. Car même dans la classe inférieure, Levante réussit un début de saison canon en Segunda pour se retrouver, à l’aube de la nouvelle année, en position de force pour un retour en classe élite. Élève à surveiller.
Allez hop, à l’internat
Valence CF 2/10
Les parents du si mythique Valence CF broient du noir en ce début 2017. Une réaction logique tant l’élève méditerranéen a alterné le mauvais et le très mauvais dans toutes les matières. Seule lueur d’espoir pour des Chés désoeuvrés, le fond a déjà été touché en 2016, la nouvelle année ne peut s’annoncer que meilleure. Ou pas.
Getafe 1/10
L’écolier que personne ne regrette, c’est lui. Sans âme car sans soutien – ou si peu –, le banlieusard du sud de Madrid retrouve une classe qui est la sienne, la Segunda Division, et un anonymat qui aurait dû le caractériser depuis des années. Un internement loin de l’élite qui se trouve bénéfique pour tout le monde, de ses camarades jusqu’aux parents d’élèves.
Par Robin Delorme