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Le conseil de classe de la Ligue 1

Par Alexandre Doskov
Le conseil de classe de la Ligue 1

Des bons points, des bonnets d'âne, des bosseurs, des feignasses, des petits fayots, des bagarreurs incorrigibles... La Ligue 1 a encore été une belle cour de récré cette saison.

Présenté au Concours général

AS Monaco (9,5/10) : Ce sale gosse a explosé toutes les moyennes, dominé toutes les disciplines. Les maths, en terminant à 95 points et 107 buts. L’histoire, en mettant fin au règne du PSG, que l’on imaginait sans fin. La géographie, en battant tout le monde partout en France, au nord, au sud, à l’est, à l’ouest. Le français aussi, comme l’ont montré les conférences de presse de Leonardo Jardim qui ont dû plaire aux Académiciens. Kyliam Mbappé, lui, s’est occupé des cours de SVT en agrafant la moitié des défenseurs de Ligue 1 sur la table de dissection, tandis que les onze nationalités de l’effectif monégasque ont assuré les cours de langues vivantes. Le tout sans jamais négliger les arts plastiques en proposant un jeu hyper esthétique, et en s’offrant un joli Erasmus qui a duré jusqu’en demi-finale de Ligue des champions. Qui dit mieux ?


Félicitations

OGC Nice (8,5/10) : On a adoré. Quel style. Quel panache. Élève belle gueule, tout bronzé à force de passer sa vie sur la Côte d’Azur, un vent salé venu de la mer qui ébouriffe sa mèche joliment négligée, et on fonce insolemment vers les sommets. Alors oui, le parcours européen n’est pas reluisant, mais Nice a été éliminé en Ligue Europa il y a tellement longtemps qu’on s’en souvient à peine et qu’on a pu passer le reste de la saison à savourer ses bonnes réponses en Ligue 1.


Tableau d’honneur

Olympique lyonnais (7/10) : On aime bien lui taper avec la règle en fer sur les doigts, à celui-là. Mais dans le fond, c’est loin d’être un mauvais bougre. Alors oui, il y a encore eu des moments où on a franchement eu envie de le faire taire cette saison, de mettre Jean-Michel Aulas en mode muet ou de hurler au scandale sur certains matchs en se demandant comment Maxwel Cornet avait réussi à devenir footballeur pro. Mais au printemps, alors qu’il y avait sept candidats eurosceptiques sur onze à l’élection présidentielle, si les électeurs ont fini par élire à 66% un Macron ami de l’UE, c’est en grande partie parce que la campagne de l’OL en Ligue Europa avait redonné foi en l’Europe aux Français. Il est là, le vrai barrage au FN.

Paris Saint-Germain (7/10) : On commence à connaître la chanson. Ses épaules larges et ses beaux habits en avaient fait la terreur de la cour de récré depuis des années. Aussi respecté que craint, dominateur et arrogant, mais aussi séduisant et non dénué de charisme, le Paris Saint-Germain avait fait sa loi sans que personne ne vienne lui chercher des noises. Mais il aura suffi d’une humiliation en classe européenne et d’un Monaco venu récolter les lauriers cette saison pour que le PSG se retrouve ridiculisé, relégué au rang des poursuivants à qui on laisse les coupes nationales en guise de hochet. Résultat des courses, alors qu’il s’imaginait sur le toit du monde après un certain 4-0 contre le Barça en février, le petit Parisien a terminé la saison dans le pire des rôles. Celui du fils de nouveau riche qu’on emmène à l’école sur le siège en cuir d’une berline de luxe, et qui n’est pas foutu de rendre ses parents fiers de lui malgré tous les euros qu’ils claquent pour lui.

Olympique de Marseille (6,5/10) : « L’OM est de retour ! » a-t-on envie de hurler à tout le monde. Car dans le fond, qu’on aime Marseille ou non, peu importe. On est toujours heureux de voir les grands clubs historiques du championnat exister et sortir du marasme dans lequel ils étaient plongés. La recette de cette embellie ? Elle est simple, une bourse de quelques centaines de millions de dollars qui vient de tomber et avec laquelle l’OM se paye des cours particuliers plutôt efficaces. Les leçons de coups francs à 30 millions de Dimitri Payet ont été le premier gros coup de ce nouveau Marseille, et d’autres devraient suivre cet été. Et on a hâte de voir la tête qu’aura le petit Marseillais à la rentrée prochaine.

Girondins de Bordeaux (6,5/10) : On le disait éteint, démotivé, perdu dans un stade vide trop grand pour lui. Et alors que plus grand monde n’en attendait grand-chose, Bordeaux a repris des couleurs et a commencé à squatter la tête de la classe. Bon élève en puissance, l’enfant de Gironde a montré qu’il était appliqué et qu’il en voulait. Et on ne sait pas vraiment expliquer pourquoi, mais ça nous rend heureux pour lui.

En Avant de Guingamp (6/10) : Celui qui est venu mettre la pagaille chez les premiers de la classe. Normalement, ils sont trois ou quatre à échanger les 20/20, les bonnes notes, les récompenses. Et en début d’année, il a fallu que ce petit gars venu du fin fond de la Bretagne vienne bousculer ce petit monde en restant vissé au groupe de tête. Ça n’a pas duré bien longtemps, mais c’était impertinent, touchant, et rafraîchissant.


Encouragements

Lille (5,5/10) : Un peu de respect pour un gamin qui a connu une année mouvementée, faite de hauts (peu) et de bas (beaucoup), mais qui termine avec les honneurs. Il faut dire que le petit Lillois est tout perturbé, car il sait que beaucoup de choses vont changer pour lui l’année prochaine. Un peu comme si ses parents avaient gagné au loto, il s’attend à changer de train de vie et les années de transition sont toujours délicates à gérer. Et on a d’ores et déjà pris rendez-vous avec ce Lille à l’accent argentin qu’on attend de pied ferme au retour des vacances.

Nantes (5,5/10) : Quel deuxième semestre… Nantes avait démarré avec des moyennes à vomir dans toutes les matières, jusqu’à ce que son nouveau prof particulier ne vienne mettre un grand coup de pied dans cette fourmilière feignante. Et ça n’a pas traîné. Nantes a appris à faire son cartable et ses devoirs, et a grimpé, grimpé et encore grimpé, jusqu’à devenir septième au moment du dernier conseil de classe. Qui l’eut cru ?

AS Saint-Étienne (5,5/10) : C’est facile de se moquer de Saint-Étienne. Les copies un peu insipides, les coups de crayon maladroits, les contrôles faciles loupés… Sur la scène nationale, il vient de boucler une saison anecdotique et sans intérêt, c’est vrai. Mais en classe européenne, il nous a filé un petit frisson en terminant premier de son groupe avant d’aller se frotter à Manchester United. Et si le résultat était plié dès le 3-0 encaissé en Angleterre à l’aller, la belle fête qu’a été le retour à Guichard a rappelé au monde que Sainté n’était pas n’importe quel club.

Dijon (5/10) : Dieu que ça a été compliqué. Un maintien obtenu dans le sang, la sueur et les larmes dirait ce bon vieux Winston. Mais l’histoire du promu dijonnais est belle et on est heureux qu’elle se termine bien. Et maintenant, comment faire pour faire mieux la saison prochaine ? En blindant les bons élèves, Reynet, Diony, Lees-Melou et compagnie, et en faisant bien ses cahiers de vacances pour revenir fin prêt en août prochain.

Angers (5/10) : Un effectif avec plein de joueurs qu’on aime bien, un jeu loin d’être vilain, des rayures noires et blanches faciles à repérer. Tout ça, c’est bien, mais ça ne rend pas performant en Ligue 1. Angers obtient une petite place en début de deuxième partie de classement, mais récolte tout de même les encouragements pour ses efforts en Coupe de France, récompensés par une place de finaliste face au PSG au Stade de France. Et si la dernière grosse surprise de la saison 2016-2017 était en vue ?


Ils ont roupillé au fond de la classe sans déranger personne

Toulouse (4,5/10) : Après la fin d’année scolaire de dératé qu’avait dû faire le TFC la saison dernière pour ne pas redoubler, on est presque heureux de voir que les Toulousains ont trouvé une place confortable au fond de la classe, près du radiateur. Une année passée à ronfler gentiment dans le ventre mou du classement, ça fait du bien. Et on est prêts à parier que Toulouse va partir sur un bis repetita la saison prochaine en allant se nicher autour de la dixième place sans poser de questions. Attachant malgré tout.

Rennes (4,5/10) : Comme d’hab’, on a attendu que le Stade rennais se réveille. Qu’il nous fasse une grosse saison, une percée en championnat, en coupe, en n’importe quoi. Ben on attendra un an de plus. Les hommes de Gourcuff ont encore ressemblé à ce type complètement endormi sur son siège de cinéma qui n’a même pas remarqué que le film était terminé, et qu’il faut réveiller pour qu’il quitte la salle. Le pire, c’est que les Rennais pionçaient tellement profondément en cette fin de saison qu’ils en ont même oublié de rendre hommage à Sylvain Armand, alors que c’était la seule ligne dans leur to do list.

Montpellier (4/10) : « Il fait trop chaud pour travailler » disait la pub de la boisson Pulco. Un slogan qui pourrait devenir la devise officielle des sudistes de Montpellier, qui n’ont pas branlé grand-chose cette année. Même le grand Loulou Nicollin a traversé la saison en toute discrétion et sans faire autant de raffut que d’habitude, c’est dire. Que restera-t-il du cru 2016-2017 du MHSC ? Pas grand-chose. Un petit pataquès autour de Geoffrey Jourdren, la signature de Stéphane Sessègnon au mercato hivernal, et des performances sportives anonymes qui ont conduit les Montpelliérains tout droit à une quinzième place un peu moche.


Passage de justesse

Caen (4/10) : Ça a été laborieux comme tout, mais Caen reste. Bon, que dire d’autre ? Une image pour Ivan Santini, qui termine quand même à quinze buts. Et un bon point pour Ronny Rodelin, qui a fait une saison plus que correcte, et qui a surtout planté le but de la survie à la dernière minute du dernier match au Parc des Princes. Une bien jolie kermesse de fin d’année, mais qui ne fait pas oublier à quel point l’année scolaire a été compliquée pour les Normands.

Metz (4/10) : Quel petit voyou. Une année à faire le yo-yo entre le ventre mou et la zone des relégables, avec laquelle Metz a souvent flirté. Pire, on l’a même vu lanterne rouge vers la vingtième journée ! Mais ce garnement venu du Grand Est a su se mettre un bon coup de fouet quand il le fallait et a rendu quelques copies assez satisfaisantes pour éviter le conseil de discipline. Finalement, ça donne une quatorzième place presque flatteuse, mais avec une défense abominable et ces soixante-douze buts encaissés qui font tache.

Lorient (3,5/10) : La définition de l’expression « avoir eu chaud aux fesses » . C’est simple, Lorient est resté scotché à la dernière place du classement pendant vingt-trois journées cette année. Et si on a très longtemps eu peur que notre élève breton soit définitivement perdu pour la Ligue 1, lui n’a jamais cessé d’y croire. Tant mieux, le Merlu arrache sa survie lors du tout dernier contrôle en profitant des mauvaises copies rendues par ses concurrents en fin de saison. Suffisant pour souffler ? Bien sûr que non, Lorient va avoir droit à un oral de rattrapage compliqué face à Troyes pour avoir le droit de rester dans l’élite. Aller, plus que quelques jours et ils seront enfin en vacances comme leurs petits camarades !


Redoublement

Nancy (3/10) : Un gamin qui n’a pas réussi à trouver sa place dans la classe. La cour des grands, c’est un fosse aux lions. Ça va vite, il faut jouer des coudes, savoir se faire respecter, et l’ASNL en a été incapable. Beaucoup trop tendres, les Nancéiens ont en plus droit à un scénario cruel avec cette descente actée à la dernière journée alors qu’ils avaient fait l’un des plus gros matchs de leur saison contre Saint-Étienne. Va tout de même se faire démolir par ses parents en rentrant chez lui leur faire signer son bulletin.


Redoublement + avertissement de discipline

Bastia (2/10) : Le bagarreur du préau s’est encore payé de belles tranches de folie, et a enchaîné les bouffonneries qui n’ont fait rire que lui. Et à chaque fois qu’il se faisait choper par les profs, le Sporting avait la même excuse : « Ça tombe toujours sur moi alors que j’ai rien fait ! » L’autre souci, c’est que quand il a fallu bosser un peu, il n’y avait plus personne. Alors Bastia termine dernier de la classe avec le bonnet d’âne, et rejoint une Ligue 2 qui comptera désormais trois clubs corses.

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Par Alexandre Doskov

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