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Le conseil de classe de la Liga 2015
Ongles rongés, jambes flageolantes ou élèves sûrs de leur force, les membres de la classe bilingue espagnole sont, comme à l'accoutumée, passés au peigne fin par les professeurs principaux. Autant le dire tout de suite, les adeptes des nuits enflammées se sont fait taper sur les doigts. Et ça pique, comme le chorizo.
Félicitations
FC Barcelone : 9/10
Un premier semestre à se jauger, un second pour s’éclater. Un temps trublion de la Liga, derrière le studieux Real Madrid et ses 22 contrôles sans la moindre faute, le Barça a donné dans le classique. Avec un Messi retrouvé, pour ne pas dire métamorphosé, l’élève à la première langue catalane s’est distingué par une attaque folle, rendant presque obsolète les calculatrices du cours de mathématiques merengues. Arithmétique toujours, les protégés de Luis Enrique, prof austère mais respecté, peuvent toujours croire à un triplé jamais-vu. Enfin si, et c’était il n’y a pas si longtemps, en 2009. Classic shit.
Tableau d’honneur
Valence : 8/10
Quelle aisance ! Quelle prestance ! C’est certain, il faudra compter sur le talent artistique de cet élève avec de l’énergie à revendre. Un garçon sûr de lui qui ne se débine jamais, même devant ses différentes visites à Madrid où il n’aura jamais connu la panne d’inspiration. Si sa connaissance de la Catalogne reste encore à approfondir, sa botte magique en Portugais lui sera d’une grande aide dans les années à venir. Les fournitures offertes par son père adoptif, M. Lim, en début d’année scolaire ont donné du cran à cet enfant pour se sortir de certaines impasses, notamment lors de son dernier test passé à Almería, où à défaut de jus, il a utilisé sa jugeote. Habile.
FC Séville : 7,5/10
Faire avec les moyens du bord, c’est la devise sevillista depuis déjà quelques saisons. Sauf que pour cette année scolaire, les objectifs ont été pulvérisés. Avec une note globale de 76 sur 114, les Andalous réussissent ainsi le meilleur exercice de leur histoire. Un total qui ne les place pourtant pas parmi le quatuor de tête, directement reversé en Ligue des champions. Pas grave. En élève studieux et appliqué, Séville s’est « contenté » de ramener une énième Ligue Europa à la maison, synonyme de fiesta du démon et de qualification pour la C1. En vrai, en cas de maintien d’un chef d’orchestre courtisé et d’une classe ultra-complète, les Palanganas peuvent rêver d’un prochain semestre avec les félicitations.
Celta Vigo : 7/10
Beaucoup de promesses chez cet élève. On sait qu’il évolue dans un milieu où le talent doit exister, et il s’en sort avec panache. Mention spéciale pour l’évaluation sur le Rayo Vallecano, où la Mina de son crayon s’est avérée particulièrement incisive et pointilleuse. La Liga regorge d’élèves en devenir, et cet élément en est la preuve incarnée. Un bien beau semestre pour une bien belle année.
Encouragements
Atlético de Madrid : 7/10
L’ancienne terreur de la cour de récré a perdu de son mordant. Un constat logique et attendu, tant les Colchoneros se sont faits piller leurs élèves les plus turbulents et durs au mal. Sans le bulldog Costa, sans la muraille Courtois et sans le piston Luis, ils n’ont pourtant pas démérité. Appliqués et ordonnés, ils en ont parfois oublié de jouer. Des tâtonnements qu’a longtemps fait oublier le nouveau chouchou du Vicente-Calderón. Antoine Griezmann, ses pions et ses coupes de cheveux frôlant le ridicule sont autant de raisons d’espérer une prochaine campagne réussie.
Real Madrid : 6,5/10
Sans conteste l’énorme déception de la promotion. Détenteur de la meilleure moyenne de la classe au dernier semestre, l’élève issue de la famille royale s’est progressivement trouvé des vices, et ce dès le début de l’année civile. À l’origine de la déconne, cet examen raté en patois valencien, provoquant une sorte de crise d’ado incontrôlable, avec en autres, cette sortie nocturne après un nouvel échec en contrôle d’allemand. Et ce qui devait arriver arriva : le Real a perdu son statut de chouchou de la classe. Au grand désarroi de M. Ancelotti, ce professeur d’Italien toujours resté attaché à son élève au col blanc. Ce sera les encouragements, et rien de plus. Un beau gâchis.
Levante : 6,5/10
C’est avec les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Pour redresser la barre d’une élève en perdition donc, rien ne vaut la fameuse convocation des parents en début de second semestre. Sans doute victime d’un savon mémorable par son paternel, Levante a compris qui dirigeait la maison. Afin de se remettre dans le sens de la marche, les parents ont donc engagé un professeur particulier : M.Alcaraz. Et après un semestre de travail à plein régime, les résultats laissent bouche bée. Une méthode payante, approuvée par le corps professoral. Ça vaut bien des encouragements.
Málaga : 6/10
Incapable de se saigner pour recruter, Málaga a donné dans le fait-maison. Avec une majorité de jeunes du cru et un entraîneur plutôt juvénile, l’élève du sud de l’Andalousie a émerveillé les amoureux du terroir. De la vitesse d’exécution, de la spontanéité et surtout une cohésion impressionnante qui ont permis à l’ancienne révélation de Liga de se hisser en première partie de tableau. Mieux, il reste le seul élève de la classe à ne pas s’être incliné face au champion. Moins bien, il se fait chiper sa septième place dans la dernière ligne droite de la saison. Pas de classe européenne pour lui, donc.
Rayo Vallecano : 6/10
Sans un kopeck, pas sans idée. Fidèle à sa réputation d’élève dissipé mais ô combien attachant, le seul élève de quartier n’a pas fait dans le détail. Avec quasiment autant de succès que de revers, il n’a partagé les points qu’à quatre petites reprises. Un détail arithmétique qui en dit long sur l’identité du onze de Paco Jémez, grand artificier de ce River de Vallecas. Toujours enclin à jouer l’offensive, le Rayo reste une exception en Liga, capable du meilleur comme du pire. Et c’est pour ça qu’on l’aime.
Elche : 6/10
Une année en clair-obscur. Treizième et maintenu grâce à ses cours d’EPS, Elche ne sait toujours pas s’il repartira dans la même classe la saison prochaine. La faute à une gestion économique calamiteuse qui pourrait lui coûter sa place parmi l’élite espagnole. Plus que dommage car les poulains de Fran Escriba ont assuré. Composé de bric et de broc, de jeunes espoirs prêtés ou de vieux briscards oubliés, Elche s’est même permis de rêver grâce à son Blues Brothers brésilien, aka Jonathas. Un presque conte de fée.
Passage de justesse
Villarreal : 6/10
Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud, mon sous-marin. Et puis tout a basculé. Passant du Edith Piaf à Booba, le beau gosse avec son pantalon jaune moutarde et à l’accent argentin s’est progressivement orienté vers la bicrave. Et à traîner dans des affaires louches avec des éléments perturbateurs dans le fond de la cour, le jeune débutant a souffert de séquelles physiques non-négligeables. La perte de son accent argentin avec la blessure de Mateo Musacchio, puis même celle de son ange-gardien avec Sergio Asenjo. Au péril de sa vie, le récent membre de la classe européenne s’est fait remettre dans le sens de la marche par son copain Bruno, un capitaine de soirée enfin sobre. Il était temps, la mention européenne est saine et sauve.
Athletic Bilbao : 6/10
Une saison entre la figue et le raisin. D’abord incapable de remplir ses devoirs domestiques, la faute à des cours européens un peu trop soutenus, le champion des champions régionaux a vécu un premier semestre terrible. La fin de son aventure sur le Vieux Continent s’est alors révélée comme une bénédiction. Après s’en être remis durant un temps à son daron Aduriz, l’Athletic a retrouvé de sa superbe collective pour terminer à une honorable septième place, qualificative pour la petite Europe. De justesse.
Espanyol Barcelone : 5,5/10
L’ami d’enfance du premier de la classe ne reconnaît plus son camarade. Pire, puisque son soi-disant « vieux copain » l’esquive au sens propre du terme. Lors de leur dernière rencontre, l’Espanyol a bien cherché à entamer une discussion avec le Barça. Mais non, le type en question était bien trop concentré à réciter au mieux ses deux cours de philosophie sur la possession et la victoire. Incapable de pouvoir lui adresser deux mots, l’enfant est retourné jouer avec sa perruche, posé chez lui. Bref, le petit n’avait pas trop envie de potasser. Pour lui, c’était vacances anticipées. Sûrement le découragement devant l’excellence.
Real Sociedad : 5/10
Ni chaud, ni froid. Tiède. À vrai dire, on ne sait pas vraiment ce que vient foutre cet élève adepte du basque et du britannique dans cette classe hispanique. Et peut-être bien que lui non plus d’ailleurs. Mais là n’est pas l’essentiel. Il continue son bonhomme de chemin, sans trop se prendre le chou à savoir de quoi son avenir sera fait. Du moment que ses parents sont contents et qu’il peut s’offrir une visite dans sa Cathédrale chaque année, il peut se targuer d’être le « meilleur en Euskara » , cette langue coefficient 1. Laissons-le dans son délire, il n’embête pas grand monde.
Redoublement
Deportivo La Corogne : 4,9/10
Voilà ce que l’on pourrait appeler un débrouillard. Pas franchement adepte de la prise de note, le Depor se base beaucoup sur ses acquis. Pour faire passer le temps, il fait des avions au fond de la classe et glousse avec ses camarades près du radiateur. Et forcément, ça énerve les profs. Il aurait pu franchement passer à la trappe, ça n’aurait été que justice. Mais il faut bien l’avouer, ce gamin sait mettre les bouchées doubles au moment opportun, c’est-à-dire en toute urgence. Sur l’examen final et devant un sujet pour le moins complexe, le garçon a fait le taf pour récolter l’essentiel : un 6/10. Forcément, avec une spécialité espagnole, c’est obligé de passer. Même avec un jury qui rêvait de le faire retaper. Double plaisir.
Getafe : 4/10
L’élève insignifiant par excellence a connu une année galère. Sujet au bon vouloir de son président, l’équipe de banlieusards madrilènes a enchaîné les pépins. D’abord sans son meilleur joueur, Pedro Léon, puis sans entraîneur, vendu au plus offrant chinois, Getafe a par la suite connu deux nouveaux coachs. Bref, un chahut monstre qui s’est conclu par une taule monumentale au Santiago Bernabéu. En voilà un qui sera content. Bah oui, Angel Torres, big boss discuté des Azulones, est aussi un socio madridista.
Grenade : 4,5/10
L’ascenseur émotionnel a fonctionné à plein régime en Andalousie. D’abord rêveur européen, Grenade a coulé, coulé, coulé… Le premier changement d’entraîneur ne faisant pas effet, il a même dû se coltiner un troisième coach cette saison. Un José Ramon Sandoval qui lui a tout de même permis de se sauver miraculeusement à la dernière journée, après une série de trois succès inespérés de suite. Un sauvetage in extremis qui ne fait pas oublier cette saison galère, terminée à un petit pion de la descente.
Réorientation
Eibar : 4/10
Comment avoir pu lui annoncer cette triste nouvelle ? Au moment fatidique du conseil, le plus jeune de la classe est arrivé en légère sueur, avec des tremblements corporels visibles, comme s’il avait un mauvais pressentiment. Jusqu’au dernier moment, sa situation était au cœur des débats : c’est vrai, cet élève n’a pas les mêmes facultés que les autres. Il vient en cours avec des vêtements à bas prix, son niveau est faible mais il se donne à fond. Et si ses réponses sont souvent fausses ou maladroites, il cherche toujours à participer pour remonter sa moyenne. La Liga restant un établissement sélectif et élitiste, Eibar a finalement pris la porte. Bien évidemment, les larmes ont coulé à flots une fois l’entretien terminé. Dur.
Almería : 3,5/10
Comment respecter un stade en pré-fabriqué ? Le jury de Liga a tranché, et a décidé d’envoyer Almería, son enceinte des Jeux Méditerranéens et ses tribunes improvisées en seconde division. Une descente prévisible tant cet élève flirte chaque fin de saison avec la zone rouge. Cet exercice est donc celui de trop pour un club qui va devoir apprendre à sa reconstruire dans l’ombre. Mention spéciale à l’égard de Thievy Bifouma, Almeriensista le plus en vue et qui ne devrait croupir dans les méandres du football professionnel espagnol.
Semestre sabbatique
Cordoue : 0/10
Au milieu de l’année, il était toujours présent sur la liste des élèves lors des appels. Et puis quand les professeurs ont vu au bout de cinq fois qu’il ne venait plus en cours, ils se sont posés des questions. Les autres élèves ont finalement dû vendre la mèche : Cordoue ne venait plus en classe pour problèmes familiaux. Enfin, officiellement. Ah, cette fameuse photo Facebook publiée en plein mois de février, en pleine bronzette sur la plage de Cancún…
Par Antoine Donnarieix et Robin Delorme