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Le conseil de classe de la Bundesliga
Le Bayern très très haut au-dessus de tout le monde, Wolfsburg qui surprend, Dortmund qui plonge : c'est l'heure de distribuer les bons et les mauvais points de cette première moitié de saison en Buli.
Il est délégué de classe
Bayern Munich : 9,5/10
À un moment donné, va falloir penser à sauter une classe. Parce qu’être autant en avance, ce n’est amusant ni pour lui ni pour les autres. Bien sûr, il cache parfois sa supériorité lors des contrôles, passant des dizaines de minutes le nez en l’air à rêver, mais il lui suffit de se concentrer un tant soit peu pour établir sa supériorité. De plus en plus fort en espagnol et en philosophie – la patte de Mr Pep, ce professeur particulier payé une fortune -, le petit Bavarois continue de prouver que l’argent donne souvent de bons résultats en matière d’éducation. Mais depuis qu’il s’est laissé pousser une petite barbe tirant gentiment sur le roux, il n’est plus cet abominable bourge qu’il fut un temps. Il est même presque sympathique dans sa facilité.
Ils sont des suppléants méritants
VfL Wolfsburg : 8,5/10
Une véritable leçon de travail. Leloup a beaucoup bossé cet été et en récolte aujourd’hui les fruits. Parfois virevoltant, quelquefois laborieux, il a prouvé qu’avec un peu de bonne volonté, on pouvait tout réussir. On ne l’attendait pas forcément à ce niveau, mais contrairement à ses principaux rivaux qui font tous n’importe quoi, il a su rester constant dans l’effort. Bien sûr, il ne peut rivaliser avec le Bayern à cause d’un déficit de talent trop marqué, mais il a ses points forts (Benaglio, Naldo, KDB, Perišić) et ne s’est pas dégonflé lors du voyage à l’étranger. Lui aussi est roux, ce qui laisse songeur, mais attire tout de même une étudiante français un peu paumée, bien que réputée.
Mönchengladbach : 7/10
Il a certes déconné lors du dernier contrôle, et une erreur de concentration qu’on pourrait qualifier de trou noir lui a coûté très cher à Dortmund. Sinon, c’est assez satisfaisant. Un élève méritant, légèrement au-dessus de ses moyens, mais très consciencieux. Et surtout, c’est le mec qui teste les options un peu attirantes, mais pas trop encore (Thorgen Hazard, André Hahn, Christoph Kramer, Patrick Hermann), pour que les meilleurs puissent en profiter ensuite. C’est toujours bien d’avoir un gars sûr comme lui.
Ils sont talentueux, mais fainéants
Leverkusen : 6,5/10
Qu’est-ce que c’est décevant ! Éclatant lors du premier semestre l’année dernière, Bayer s’était ensuite passablement effondré, conservant sa place en classe européenne de justesse, alors que Leloup soufflait sur sa nuque. On attendait donc une motivation nouvelle, surtout qu’il s’était débarrassé de ses problèmes d’extrémisme en revendant son ancien T-Shirt préféré Sidney Sam, pour prendre à la place une petite fripe toute simple siglée Bellarabi. Une pièce qui a fait son effet d’entrée et continue d’impressionner, mais ne peut masquer tous les problèmes. Pour l’instant, Bayer se contente de survivre sur ses acquis, ce qui est bien dommage, d’autant plus que la qualité est là, comme on l’a vu pendant quelque temps face à Bayern.
Schalke 04 : 6/10
Knapp est vraiment un con. Après plusieurs années sur la corde raide, il a encore commencé l’année en n’en foutant pas une. Entre mots d’absence pour « maladie » et siestes en classe, il a fini par réussir à faire renvoyer son précepteur, le pauvre Jens Keller, qui avait réussi à supporter jusque-là tous ses caprices. Est arrivé un petit Chinois nommé Di Matteo, qui aurait apparement mené un étudiant anglais un poil âgé à devenir major d’Oxford. Tout ça pour dire que sans sa botte secrète Eric-Maxim Choupo-Moting, la vérité aurait déjà éclaté au grand jour. Profitant d’un nivellement par le bas, Knapp s’en sort à peu près, mais la rencontre avec son correspondant madrilène devrait lui remettre les pieds sur terre. Il va falloir descendre à la mine.
Ils sont besogneux, mais magnifiques
Augsburg : 7/10
Avec lui, c’est toujours tout ou rien. Pendant longtemps, c’était tout, à tel point que le petit gars a commencé à faire peur aux cadors. Bon, il n’a pas supporté le duel avec Bayern, qui l’a tranquillement renvoyé à ses chers études. Toute sa belle confiance a alors semblé brisée, et Hanovre en a profité. Mais celui qui aime particulièrement le gingembre s’est ressaisi contre Gladbach dans la dernière ligne droite. Une réussite sur laquelle il va falloir capitaliser pour, pourquoi pas, s’offrir un voyage à l’étranger, dont il n’était déjà pas si loin l’année dernière. On lâche rien.
Hoffenheim : 6,5/10
Modeste, ce tout petit gars-là est un véritable ascenseur émotionnel. Et vas-y que je te déroule complètement cet exercice, et puis voilà que je foire le suivant dans les grandes largeurs. On ne sait jamais ce qui va arriver, sauf que ça va sûrement être le bordel. Certains professeurs, adeptes du verre à moitié vide, aimeraient plus de régularité dans la norme, mais Hoff est un homme d’étincelles, capable de faire feu de tout bois. Malheureusement, le genou de Süle a lui été transformé en petit bois, et ça on aime moins.
Ils se planquent sous une table au milieu de la classe
Hanovre : 6/10
Hanovre, c’est exactement le mec pas sexy de la promo, dont rien que le blaze fait peur, mais qui s’avère après quatre ou cinq semaines de cours le bon camarade avec qui on s’amuse beaucoup sur les bancs – et en dehors. Avec son capitaine courage Lars Stindl et ses noms compte-triple comme Schmiedebach, Schlaudraff, Kiyotake et Ron-Robert Zieler (champion du monde, mine de rien), les 96ers ne font pas rêver grand monde sur le papier. Avec Jimmy Briand sur le côté droit et un jeu agréable, direct et offensif – bien qu’assez inefficace depuis novembre –, ils ont pourtant bien prouvés qu’ils avaient leur place au chaud dans le championnat, quelque part vers la 10e place. Ils seront encore là l’an prochain pour jouer les trouble-fête, on ne le regrette pas.
Francfort : 5,5/10
Il est grand, il a une queue de cheval, une passion pour les aigles, une veste Rivaldi qu’il aimerait militaire. Par-dessus le marché, il est quand même assez moche. Il a déjà redoublé quelque fois, n’est pas vraiment malin, même un peu benêt. Il est moyen en tout, sauf en EPS, où ses années de retard se transforment en avantage. Un manuel, qui finira tranquillement en CAP. Mais avec qui on ne pourra s’empêcher d’aller boire un coup de temps en temps.
Ils ne sont pas encore bien intégrés, mais ont survécu au bizutage
Paderborn : 5,5/10
Le SCP devait être le Greuther Fürth de la saison, le nouveau Brunswick, aka le club venu de l’inconnu, promis à la relégation et qui sert de défouloir aux attaquants venus du reste de l’Allemagne. Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu. Dès le début, Paderborn a fait montre de courage, de qualités et d’envie, arrachant des points, grappillant des performances reconnues, jusqu’à affronter le Bayern dans la peau du dauphin à la 5e journée. Depuis, les autres se méfient et laissent moins passer Elias Kachunga et ses potes, mais Paderborn reste solide au-dessus de la ligne de flottaison. Un semestre prometteur qui doit porter ses fruits au second.
1. FC Cologne : 5/10
Pile dans la moyenne, le Effzeh n’est pas de retour à son meilleur niveau et loin, très loin d’espérer briller au niveau européen. Toutefois, les résultats de Cologne sont encourageants. Parce qu’à défaut d’avoir retrouvé son lustre d’antan, le FC Cologne a effectué ce qu’il faut pour une admission en année supplémentaire de Bundesliga grâce à sa défense. Solide, très solide, l’équipe chère à Lukas Podolski a davantage passé de temps à préserver des scores qu’à attaquer, marquant un maigre total de 17 buts. Tant pis pour les supporters, tant mieux pour le classement.
Ils n’en foutent pas une, mais on va les faire passer quand même
Mayence : 4,5/10
Mayence a commencé l’année tambour battant, grâce à un Shinji Okazaki dans la forme de sa vie. Mais depuis, le Japonais est rentré dans le rang, rendant tout plus compliqué pour ses coéquipiers. Le club a entamé une longue chute vers le bas du classement, toujours plus bas, pour finir cette Hinrunde à la 12e place. En soi, la place n’est pas inquiétante, la forme plus, d’autant que le départ d’un génie comme Thomas Tuchel n’est pas ce qu’il y a de plus aisé à compenser. Mayence sera à surveiller en 2015.
Hertha Berlin : 4,5/10
Jos Luhukay a réussi son pari la saison dernière : maintenir le Hertha dans la 1re division, pour mettre fin à la passion de l’ascenseur du club de la capitale allemande. Pour 14/15, le départ de Ramos a été compensé, mais seul Julian Schieber (auteur du chemin inverse) a été convainquant. Salomon Kalou préfère s’épancher dans la presse et recevoir des amendes de 5000 €, et Valentin Stocker affiche 4 passes décisives, mais est capable d’encore mieux. La défense allant de mal en pis (déjà 35 buts encaissés), le Hertha avance finalement sans certitude, si ce n’est qu’il vit de son inconstance, comme à son habitude. Hertha, par goût des choses compliquées.
Hambourg : 3,5/10
9 buts… Le HSV n’a réussi à marquer que neuf fois en 17 rencontres. La première était fin septembre, à la 6e journée, pour une défaite 1-2 contre l’Eintracht. Alors certes, Hambourg compense avec la 4e meilleure défense d’Allemagne, mais ce maigre bilan illustre bien les problèmes récurrents dans le Nord. Club à l’ambition mal gérée, aux conflits incessants, à l’instabilité permanente, le HSV ne s’en sort pas et dérive sur les bords de la relégation. Pourtant, Pierre-Michel Lassoga est resté, Nicolaï Müller est venu, Van der Vaart est collé au HSV comme une huître à son rocher… Avec tout cela, les Rothosen devaient enfin ressortir la tête de l’eau après être passé proche de la catastrophe la saison dernière. Ils sont finalement tout proches de replonger. Attention !
Stuttgart : 2,5/10
Le VfB a tout ce qu’il faut pour réussir. Un grand stade dans une grande ville pour un club historique au service duquel sont de nombreux talentueux joueurs : Alexandru Maxim, Timo Werner et les inusables Vedad Ibišević ou Ginczek. Armin Veh aux manettes, Stuttgart envisageait une place de retour en Europe. L’échec est terrible. Et Armin Veh le sait : « Je pense que c’est mieux si je ne suis plus là. » Depuis, le VfB a quitté la dernière place et claqué 4-1 au rival fribourgeois grâce à Huub Stevens, venu jouer au pompier et essayer de sauver la machine de Mercedes une seconde fois. Avec un peu de travail, le redémarrage peut être spectaculaire.
Werder Brême : 2/10
Les maux sont les mêmes, le médicament est relativement similaire. Comme le VfB, le Werder est un club historique mal parti et pour qui un changement d’entraîneur a fait du bien. Le Werder va mal. Ce n’est pas la première fois. Les années 2000 et la folie Thomas Schaaf sont loin, très loin. Avec Robin Dutt, les Brêmois ont limité la casse une année, avant d’être dans une situation très complexe fin 2014. L’ancien entraîneur adjoint a réinsufflé de l’allant chez les Werderaner, martyrisant même sans grandes difficultés le Borussia Dortmund pour s’offrir un peu de répit avant Noël. Rien n’est assuré, mais le Werder a choisi la bonne direction.
On cherche à joindre les parents pour comprendre ce qui se passe
Dortmund : 1/10
Loin de tous, loin derrière, l’élève modèle est en pleine crise d’adolescence et ne veut plus se mettre au travail. Par conséquent, ses résultats sont en chute libre : 30 points déjà derrière le Bayern Munich, et plus de défaites enregistrées en six mois qu’au cours d’une saison entière depuis l’arrivée de Jürgen Klopp. Dortmund rêve de Ligue des champions, repense à son bel été sur les plages du Brésil, se rappelle l’époque où il donnait des roustes au délégué et passe totalement au travers de tous ses examens, sans exception. Pas de traitement de faveur : Dortmund est loin derrière, à la traîne, et n’a plus que six mois pour retrouver le droit chemin.
Fribourg : 6/10 à la 80e, 0/10 dans les dernières minutes
Élève solide, habitué à devoir cravacher, mais qui s’en sort souvent bien, grâce à un travail sérieux, régulier, appliqué, Fribourg a un très gros souci cette saison : il ne finit pas ce qu’il commence. Alors qu’il menait contre le Hertha Berlin, il concède un coup franc cadeau pour Ronny à la 96e. Alors qu’il menait à Hoffenheim, il concède un coup franc. Alors qu’il menait contre Paderborn, ou Mayence, ou encore Hanovre, il concède l’égalisation. Des points qui s’envolent et qui font chuter dangereusement la moyenne du club derrière tous les autres. Fribourg est dernier, mais Fribourg a l’habitude. Et s’en sort toujours.
Par Côme Tessier et Charles Alf Lafon