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Le conseil de classe de la Ligue 1
À la fin de l'année 2017, il est l'heure pour le corps enseignant de faire le bilan. Au sein d'une classe toujours aussi homogène, certains élèves se distinguent pourtant. Dans le bon comme dans le mauvais sens.
Félicitations
AS Monaco (9/10) : Un huitième titre de champion acquis grâce à une phase retour monumentale (17 victoires, 2 nuls), une double confrontation épique face à Manchester City, un dernier carré européen que le football français attendait depuis 2010, la naissance d’un prodige, la remise en liberté d’un tigre : de janvier à mai, l’AS Monaco aura régné sur les émotions. Avant de ternir le tableau, mais si peu, avec son obsession des chiffres et une déroute sur la scène continentale.
FC Nantes (8,5/10) : Les correspondants étrangers, ça a parfois du bon. En accueillant d’abord le petit Sergio Conceição, un Portugais, le FC Nantes est sorti de la torpeur dans laquelle il était engouffré jusqu’à se hisser à une inespérée septième place. Encore mieux, les Canaris ont ensuite accueilli le petit Claudio Ranieri, un Italien. Et depuis, l’histoire est encore plus belle. Cinquième à la mi-saison avec dix-huit buts marqués et dix-huit encaissés en dix-neuf matchs, Nantes tire – et c’est le moins que l’on puisse dire – le maximum de son potentiel. Résultat, sur l’année 2017, les Canaris ont récolté 62 points. Soit le total accumulé par l’OM la saison dernière pour terminer cinquième.
14 – Le @FCNantes a remporté 14 matchs de Ligue 1 en 2017, seuls Monaco (23) & Paris (22) font mieux sur cette période. Renaissance. pic.twitter.com/Ssc8n5k65p
— OptaJean (@OptaJean) 2 octobre 2017
Tableau d’honneur
Paris Saint-Germain (8/10) : Paradoxalement, en perdant une intense bataille en Ligue 1 (n’était-ce pas la plus relevée du XXIe siècle ?), en passant du rêve au cauchemar en Ligue des champions, en se vengeant de ses deux bourreaux au mercato et en remettant les pendules à l’heure en ce début de saison, le PSG a peut-être gagné beaucoup plus qu’il n’a perdu. Car il a fait un apprentissage accéléré de l’exigence que réclame le désir d’excellence. Vive les douleurs de croissance ?
RC Strasbourg (7,5/10) : Des retrouvailles du club alsacien avec l’élite après une décennie d’absence, il y a déjà beaucoup à retenir : une victoire héroïque contre un PSG à qui on promettait une Nantes 1994-1995, une Meinau toujours en feu, le vin chaud de Thierry Laurey, la découverte de Jean-Eudes Aholou, 24 points déjà engrangés et trois concédés à Metz pour lui permettre de croire au miracle. Un retour au sommet parfait et fair-play.
Olympique lyonnais (7/10) : Lyon a fait du Lyon, du Aulas, du Génésio, du clivant. Éjecté du podium en championnat, l’OL a repris goût au frisson européen, avec un parcours pourtant teinté de frustration. On lui annonçait alors le pire après le départ de Lacazette et Tolisso, mais il se porte comme un charme depuis. Un formidable outil démontable, un centre de formation toujours aussi performant, le retour d’investissements significatifs sur le marché… Une année positive, même si l’OL a été à l’image de son président : capable du meilleur comme du pire.
Olympique de Marseille (7/10) : Pour une fois, l’Olympique de Marseille a décidé de miser sur le calme et la régularité. Bien sûr, c’est inscrit dans son ADN, l’OM ne peut s’empêcher de faire des remous, en témoigne le début de saison compliqué, le recrutement pour l’instant raté en panique de Kostas Mitroglou à la dernière minute, le pétage de plomb de Patrice Évra, et la récente passe d’armes de Jacques-Henri Eyraud avec Jean-Michel Aulas. Mais pour un club habituellement aussi instable que l’OM, c’est du pipi de chat. En 2017, Marseille a retrouvé de la sérénité, grâce à des hommes forts sur le terrain (Florian Thauvin, Luiz Gustavo, Adil Rami, Steve Mandanda). Résultat : 70 points pris sur l’année civile, et le droit de lutter pour le podium en fin de saison.
OGC Nice (7/10) : Il fallait bien que l’OGC Nice finisse par rentrer dans le rang. Après un début d’année 2017 sur la lancée de leur fin d’année 2016, c’est-à-dire exceptionnelle, les Aiglons ont logiquement fini par baisser en intensité. Même leur capacité à ressusciter des joueurs que l’on croyait perdus semblent s’être envolée. Contrairement à Hatem Ben Arfa, Dante et Mario Balotelli, le pari Wesley Sneijder ne paie pas. Mais les hommes de Lucien Favre ont le mérite de rester droits et forts dans la tempête. Après un début de saison catastrophique, les Niçois n’ont pas paniqué, ont laissé passer l’orage sans faire de bruit, et les voilà mine de rien revenus à la sixième place du championnat. Pas si mal.
Encouragements
Amiens SC (6/10) : L’élève à la progression la plus fulgurante. En décrochant son billet pour l’élite à la dernière minute de la dernière évaluation de la saison dernière, on ne donnait pas cher de sa peau. Mais force est de constater que les Picards sont bien plus coriaces qu’il n’y paraît, emmenés par le magicien Christophe Pélissier et le revenant Gaël Kakuta. Même si la toute fin d’année 2017 a été compliquée avec quatre défaites, Amiens a pour l’instant toutes les clefs en main pour se maintenir. Ce qui serait déjà une belle performance.
ES Troyes AC (6,5/10) : Gagner sa place en Ligue 1 aux barrages grâce à un numéro dix de quarante piges : une certaine idée du panache. Comme d’habitude, l’ESTAC prend des buts, en donne, mais joue. De l’insolent Khaoui au grand Suk en passant par Grandsir, il y a toujours un joueur à voir le samedi soir au stade de l’Aube. Habitué à faire l’ascenseur, le club troyen a essayé de grappiller des points le plus vite possible et demeure plus que jamais dans le coup pour le maintien. Déjà une petite victoire quand on se souvient qu’il n’avait pas gagné un seul match au terme de la phase aller il y a deux saisons.
EA Guingamp (9/10 en Bretagne, 3/10 en France) : La greffe Kombouaré a tellement pris que Guingamp n’a jamais paru aussi stable. Le même amour de la Coupe de France (demi-finale) et du football à l’ancienne : conquérant au Roudourou, doux comme le petit poucet sur la route (8 points pris en 18 matchs de L1 sur l’année civile). Et si les spectateurs costarmoricains étaient les mieux lotis de France ? Bien calés dans leur charmant petit stade à l’anglaise, ils ont juste à oublier que le football se joue également loin de leur forteresse d’irréductibles Bretons.
Dijon FCO (6/10) : Quand un promu s’offre un maintien historique face à un concurrent direct lors d’une 37e journée, on voit ce qu’il a dans le ventre. Et on voit qui est grand parmi les petits : Sammaritano. Dijon s’est sauvé comme il pouvait, avec ses tripes, mais aussi du jeu. On ne lui en demandait pas davantage. Et si la dynamique actuelle à Gaston-Gérard perdure, il est fort probable que la bande à Reynet continue l’aventure en Ligue 1 sans avoir besoin de se faire peur.
Montpellier HSC (6/10) : Un sauvetage assez pénible et la disparition tragique de l’emblématique Loulou Nicollin auraient pu enfoncer un club déjà dans le doute. Il n’en est rien. La nouvelle aventure qui s’écrit avec Der Zakarian est plutôt enthousiasmante, autant qu’elle puisse l’être du moins. Peu de buts évidemment, mais des performances solides contre les gros et la montée en puissance d’un latéral gauche sympathique : Roussillon. Pas de quoi mettre le feu à la Paillade, mais assez pour convertir tout doucement les pleurs en sourires.
Passage de justesse
SM Caen (5,5/10) : 28 buts inscrits en championnat durant l’année 2017, dont 22 pour le seul duo Santini-Rodelin : on a connu le Stade Malherbe plus attrayant. Suffisant tout de même pour arracher son maintien et s’encanailler dans le milieu cette saison. Petites éclaircies dans cette année sans relief : l’éclosion d’Aït Bennasser, la confirmation de Santini, et donc ce maintien acquis au Parc des Princes au prix d’un improbable scénario dont l’autre Ronny a su être le héros.
Stade rennais (5,5/10) : Médiocre, dans la moyenne, sans éclat. Comme d’habitude, on n’a jamais eu peur pour le club breton, mais il n’a fait peur à personne non plus. On regrettera l’histoire d’amour de nouveau ratée avec Christian Gourcuff, mais on saluera la main tendue à Sabri Lamouchi pour qu’il lance sa carrière française. Des demi-risques, des demi-matchs, et beaucoup de demis pour oublier cette morne année 2017. Cette décennie, tant qu’on y est.
SCO Angers (5/10) : Si l’on jugeait seulement le premier semestre de 2017, Angers aurait probablement les encouragements. Un maintien obtenu facilement avec une solide onzième place, un rôle de poil à gratter lors des confrontations directes avec les gros, et une finale de Coupe de France. Propre. Mais depuis, Cheikh Ndoye est parti en Angleterre. Et sans son capitaine courage, Angers n’est plus que l’ombre de lui-même. Les résultats sont en chute libre et malgré tous les effort de Karl Toko-Ekambi, Angers fait aujourd’hui partie des plus mauvais élèves de la classe. Pour l’instant, ça passe, mais il va falloir redresser la barre pour ne pas finir par redoubler.
Toulouse FC (5/10) : Hyper frustrant. L’appréciation que tout le monde a eue sur ses bulletins – « des capacités inexploitées à cause de sa nonchalance » – n’a jamais aussi bien collé à un élève. Doté d’un effectif loin d’être dégueulasse, Toulouse préfère se terrer au fond de la classe pour ronfler au chaud à côté du radiateur. Un gros poil dans la main qui ne l’a pas pénalisé en début d’année – le Téfécé a fini treizième –, mais qui commence à avoir des répercussions lors du deuxième semestre. On sait très bien que le Tef est un élève à réaction et se bougera les fesses une fois au pied du mur. Mais c’est dommage.
Avertissement de travail
Lille OSC (4/10) : OK, du terrain, on ne retiendra rien. Mais le LOSC aura quand même animé 2017 de ses feuilletons à rebondissements. De la reprise du club par Gérard Lopez à l’éviction de Marcelo Bielsa en passant par les manœuvres de l’énigmatique Luis Campos, nous aurons vécu le grand espoir et le retour à la froide réalité. 7 pour l’amour du risque, 1 pour la manière de les assumer. N’est pas Monaco qui veut.
Girondins de Bordeaux (4/10) : À la fin de la saison dernière, Bordeaux a lutté quasiment jusqu’au bout avec l’OM pour décrocher la cinquième place. Premier échec. Le premier d’un longue série en 2017. Ensuite, il y a eu l’élimination humiliante dès le tour préliminaire de Ligue Europa face à Videoton, et les onze défaites lors des douze derniers matchs de Ligue 1 pour clore l’année. Alors qu’on prédisait le meilleur et même la possibilité de lutter pour le top 5 aux hommes de Jocelyn Gourvennec, les voilà à un point de la zone de relégation. Il va falloir réagir vite, et en profondeur.
AS Saint-Étienne (4/10) : Au début de l’année 2017, tout allait bien dans le meilleur des mondes pour l’AS Saint-Étienne. Toujours aussi solidement installés dans le top six de la Ligue 1, les Stéphanois avaient même le privilège d’affronter le prestigieux Manchester United en Coupe d’Europe. Les frères Pogba se shakaient dans les couloirs et tout était sympa. Onze mois plus tard, Saint-Étienne a loupé sa qualification en Coupe d’Europe, a été humilié 5-0 à domicile face au rival lyonnais, a terminé l’année sur dix matchs sans victoires à un point de la zone de relégation. Une véritable catastrophe. Il va falloir réagir vite, et en profondeur.
Redoublement
FC Metz (3/10) : Souffre-douleur de ses petits camarades pendant toute l’année 2017, Metz a su rester fort pendant longtemps en parvenant à garder des résultats corrects (14e la saison dernière). Mais à force d’être passés à tabac dans la cour de récréation, le moral des Messins a fini par chuter. Aujourd’hui, les résultats sont en chute libre et on voit mal comment ils pourraient échapper au redoublement.
8 – Metz possède désormais la plus longue série de défaites d’une équipe à domicile dans l’histoire de la Ligue 1 (8). Désespoir. pic.twitter.com/jp2S1TjpVL
— OptaJean (@OptaJean) 29 novembre 2017
AS Nancy-Lorraine (3/10) : Descendre pendant que le voisin messin se maintient, c’est déjà partir sur de mauvaises bases. Alors quand il est de surcroît impossible d’envisager la remontée en raison d’un début de saison catastrophique marqué par l’éviction de Pablo Correa, autant dire que l’année 2017 a été sombre comme jamais, malgré une demi-finale de Coupe de la Ligue. Allez, un petit plaid, une bergamote, un feu de cheminée et on se regarde une vidéo des meilleurs skills de Sébastien Puygrenier pour oublier.
FC Lorient (2,5/10) : Après toute une année scotché à la dernière place, Lorient a réussi à accrocher un oral de rattrapage lors de la dernière évaluation. La direction avait été suffisamment clémente en lui accordant ce privilège, mais la défaite face à Troyes a soldé son compte. Redoublement logique, mais si déchirant tant Lorient a longtemps été un bon élève. En espérant qu’il revienne plus fort.
Réorientation professionnelle
SC Bastia (2/10) : Le bagarreur du préau a encore fait de belles bêtises. Et à chaque fois qu’il se faisait choper par les profs, le Sporting avait la même excuse : « Ça tombe toujours sur moi alors que j’ai rien fait ! » L’autre souci, c’est que quand il a fallu bosser un peu, il n’y avait plus personne. Dernier de la classe, Bastia ne pouvait échapper au redoublement. Mais la direction a carrément décidé d’une réorientation dans une filière professionnelle. Direction le centre de formation en apprentissage. Oui, la CFA.
Par Kevin Charnay et Chris Diamantaire