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Le comparatif des gauchers de Ligue 1
Selon plusieurs études, les gauchers auraient des avantages dans les sports d'opposition. Seulement, les auteurs de ces recherches pourraient revenir sur leurs propos après avoir observé les premières moitiés de saison d'Hatem Ben Arfa, Ángel Di María ou encore Nabil Fekir. En Ligue 1, les gauchers connaissent des fortunes diverses, et semblent particulièrement briller du côté de Nice et Monaco. Une sorte de gauche caviar, quoi.
Dante, le plus philosophe
Le pied gauche de Dante est la base d’une philosophie de jeu bien précise, celle de Lucien Favre, qui consiste à construire de derrière. Les largesses défensives du Brésilien peuvent parfois surprendre, mais sa qualité première est de ressortir les ballons proprement. Ce sont ses premières passes qui mettent Seri, Cyprien, Walter et consorts en situation de créer des décalages. Sa capacité à allonger a fait merveille lors de la victoire 3-0 contre le Téfécé à l’Allianz Riviera, où deux de ses transversales ont fini en passes décisives. D’abord pied droit, puis pied gauche pour Belhanda, comme pour se rassurer sur la qualité de son pied fort. Aucun doute, Dante est un gaucher adroit.
Thomas Lemar & Bernardo Silva, les plus DBZ
Chacun, par sa créativité, permet à Monaco, meilleure attaque de Ligue 1, de flamber. Lemar dans le rôle de Goten, sait tout faire avec son pied gauche, percuter, passer, tirer les coups de pied arrêtés. Son pied apporte de la variété au jeu monégasque. Capable de frapper en force (Hugo Lloris en sait quelque chose), il sait aussi parfaitement enrouler son ballon de l’intérieur du pied.
Le Trunk portugais, Bernardo Silva, a déjà un peu plus de bouteille que le Guadeloupéen. Capable d’éliminer, pour aller marquer des buts mémorables tels que ceux inscrits au Madrigal face à Villarreal ou à Wembey contre Tottenham, le Portugais excelle aussi dans l’art de protéger son ballon. Inquantifiable en matière de stats, le natif de Lisbonne est la valeur ajoutée de l’AS Monaco devant. Quand l’un et l’autre fusionnent, l’adversaire en prend six, et peut soupirer : « Boooo… »
Gabriel Boschilia, le plus franc
Le Brésilien est remplaçant du côté de Monaco, mais son pied gauche impose déjà le respect. Lorsqu’il est sur la pelouse et qu’une faute est sifflée, ce sont ses partenaires qui lui posent le ballon, lui permettant de se concentrer uniquement sur sa cible. Malgré son faible temps de jeu, Boschilia a déjà inscrit quatre buts en L1, dont trois sur coups francs directs. Pas des coups francs de bourrin tirés les yeux fermés, non, des frappes enroulées qui contournent le mur et finissent leur course dans l’une ou l’autres des lucarnes. Au choix.
Hatem Ben Arfa, le plus assis
Et dire qu’on pensait qu’il avait trouvé chaussure à son pied. Cette saison, l’un des pieds gauches les plus soyeux de Ligue 1 se contente de gesticuler sous une couverture chauffante, siglée Paris Saint-Germain, comme pour marquer son impatience. Fini les « Hatem on t’aime » niçois pour Ben Arfa. Et si les quelques reins brisés à Angers provoquant un penalty nous ont rappelé sa saison azuréenne, la plupart du temps, quand il joue, le natif de Clamart veut tout faire tout seul. Un dribble, deux dribbles, ballon perdu, HBA joue à contre sens, pourtant ce pied est capable de penser, de prendre l’initiative au moment juste pour éliminer ou passer, mais la chaussure semble trop grande. Pas sûr qu’on puisse l’échanger.
Ángel Di María, le plus gauche
75e minute du clasicó PSG – OM, en octobre dernier, au Parc. Ángel di María sort sous les huées du public parisien. Le sifflomètre a parlé, l’Argentin réalise une saison de quidam. Lui dont le pied angélique a enchanté la Ligue 1 l’année dernière, peine en cette première partie de saison. Une qualité technique disparue, qui se traduit par moins d’actions décisives, l’Argentin semble également en retrait d’un point de vue physique, incapable de déborder ses vis-à-vis. C’est son mental qui est maintenant remis en question. N’est-il qu’un pied d’appui ? Fourré dans l’ombre d’un Zlatan, d’un Cristiano, ou d’un Messi ? Aujourd’hui, en tout cas, ce n’est plus qu’un pied « gauche » .
Rachid Ghezzal, le plus complet
L’ailier droit lyonnais est un beau joueur, buste droit, corps équilibré, son pied gauche est dans le prolongement de ce dernier. Pas très rapide, il sait pourtant prendre son temps pour regarder avant de frapper ou passer. Pour lui, œil et pied sont liés, Ghezzal ne regarde pas, ou peu, ses chaussures, mais davantage les cibles à trouver. Son pied gauche n’est pas celui qui dribble le plus, qui marque le plus, qui passe le plus, mais l’international algérien possède toutes ces qualités. À lui de les exploiter à fond, pour gagner en régularité.
Nabil Fekir, le plus inquiétant
Après la saison 2014-2015, beaucoup prédisaient un avenir radieux à Nabil Fekir, dont le pied gauche était, alors, régulièrement comparé à celui de Lionel Messi, rien que ça. Une rupture des ligaments croisés du genou droit plus tard, la rengaine a changé, le pied gauche tarde à faire ses preuves. Les éloges d’hier sont remplacés par des critiques acerbes. L’international français goûte même au banc de touche lyonnais cette saison. La route qui le sépare du niveau observé il y a presque deux ans est encore longue. À condition de bien de négocier les virages.
Yannis Salibur, le plus inattendu
L’ancien clermontois est l’un des principaux artisans de la marche en avant de Guingamp en cette première partie de saison. De plus en plus décisif, on l’a vu buteur face à l’OM, le PSG, ou Lyon. Bref, le natif de Saint-Denis est là dans les grands rendez-vous. Fin dribbleur, il possède, donc, désormais, d’autres cordes à son arc. Son seul problème : sa tendance à disparaître au cours d’un match.
Par Romuald Gadegbeku