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«Le commentaire sportif, c’est un art»

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«Le commentaire sportif, c’est un art»

Entré au panthéon du commentaire sportif pour son explosion rhétorique sur le « but du siècle » de Maradona, la voix du football du Rio de la Plata (né en Uruguay, starisé en Argentine) est avant tout un mordu des médias et un insatiable curieux. Rencontre avec cet infatigable poète du ballon rond, amoureux d'opéra.

Radio, télé, presse écrite : vous êtes un journaliste multimédia hyperactif…

Je présente un programme d’intérêt général tous les matins, du lundi au vendredi, sur Radio Continental, un autre à la télévision le dimanche soir, qui traite de politique et d’actualité, sur Canal 9, une émission dédiée à la jeunesse, également à la télévision. J’anime par ailleurs un programme sportif tous les soirs sur Radio Continental et je commente généralement deux à trois matches par semaine pour cette même radio. J’ai aussi une émission consacrée à la musique classique le samedi midi sur Radio Nacional et une autre le dimanche midi dédiée à la musique de Piazzolla. Et j’écris dans le quotidien El Tiempo deux à trois fois par semaine…

Sans compter vos chroniques vidéo sur le site de La Nacion à l’issue de chaque journée de championnat et vos articles pour le magazine sportif Un Caño

Oui, il y a ça aussi…

Et vous trouvez encore du temps pour dormir, manger, etc. ?

Je m’en sors, j’ai du temps pour dormir et je m’accorde même une sieste l’après-midi, que je termine à peine d’ailleurs… Et après 20 heures, j’ai du temps pour moi et ma famille et pour faire ce que j’aime : aller au théâtre, au cinéma, etc. Je ne considère pas toutes ces choses comme un travail, mais comme une opportunité de m’épanouir dans mon métier. Ça m’amuse. Même cette interview, qui fait partie de mon travail, je la fais avec plaisir. C’est un privilège d’exercer ce métier. Je vais régulièrement à New York et à Paris car je suis un fanatique d’opéra. Aujourd’hui, l’avantage, c’est que même quand je suis là-bas, je peux présenter mes émissions et écrire mes articles. A Paris, c’est fantastique car je commence à 13h. Par contre, à New York, il faut que je me lève à l’aube, mais ce n’est pas grave, je fais ça avec énormément de joie.

Où trouvez-vous encore la motivation pour suivre le football avec tant de ferveur ?

Ma curiosité, ma passion pour la radio, pour les médias, pour le journalisme. Le football n’est pas ma passion, ma passion, c’est le journalisme. Si j’avais dû commenter du basketball, j’aurais été aussi heureux. Mais le football s’est révélé être une équation économique clairement supérieure dès ma jeunesse. C’est pourquoi j’ai démarré avec le foot et continué au fil des années. Mais j’ai déjà commenté du basket, de la pelote basque, des courses automobiles, de la boxe, de tout…

Vous vous considérez avant tout comme un journalisme sportif ou généraliste ?

Je suis avant tout un locuteur (Ndla : annonceur de publicité à la radio). J’ai travaillé dans la publicité (Ndla : dans un français impeccable) à partir de 17 ans (Ndla : en 1964), puis deux ans après j’ai commencé à présenter une émission. Mais à l’époque, il fallait toucher un peu à tout à la radio.

Société et football sont deux thèmes que vous traitez dans vos différentes émissions. Les deux semblent très liés, notamment en Argentine, où les inégalités sociales et le ballon rond sont indissociables du quotidien…

Entre la politique et le football, il existe des vases communicants, comme les barras bravas (Ndla : supporters violents qui gangrènent les tribunes et la vie des clubs en Argentine), pour ce qui est des points négatifs. Toutefois, c’est très difficile de rencontrer quelqu’un en Argentine qui ne soit pas intéressé par le football, alors que tout le monde ne s’intéresse pas forcément à la politique. Mais, très souvent, les deux pouvoirs se croisent. Aujourd’hui, plus que jamais, il y a une union entre le sport et le gouvernement, qui a racheté les droits du championnat pour l’offrir au gens.

Et métaphoriquement parlant, peut-on considérer que ce que l’on peut observer dans les tribunes et sur le terrain est le reflet de ce qui se passe en Argentine ?

Absolument, le football est une métaphore économique, métaphore sociale notamment. Lorsque la société est déprimée, le football se déprime aussi. Quand un pays se socialise, comme c’est en train de se passer actuellement en Argentine, le football se socialise.

C’est-à-dire ?

C’est-à-dire que les neuf derniers championnats ont été remportés par huit équipes différentes. Aujourd’hui, n’importe qui peut accéder à la victoire, parce que la pyramide s’est rééquilibrée, parce que les grands joueurs sont partis pour des raisons économiques. L’un ne va pas sans l’autre.

Qu’est-ce qui vous passionne tant dans le journalisme ?

Le privilège de pouvoir transmettre la culture, à travers les médias. C’est merveilleux. En ce moment-même, des millions de gens refont le monde, dans les cafés, à Buenos Aires, à Paris… « Que fait-on avec Sarkozy, on vote ou on « botte » ? » (Ndla : jeu de mots en espagnol : « On vote pour lui ou on le vire ? » ). Je préfèrerais que vous le « bottiez »… Bref, ce que je veux dire, c’est que ces personnes discutent dans un microcosme et que nous avons la chance de parler à des milliers de personnes, au lieu de simplement parler avec un seul ami. C’est une grande responsabilité et un grand bonheur. Cette participation te rend un peu plus utile. Nous, les journalistes, sommes des diffuseurs de culture. Mais ce qui m’enchante par-dessus tout, c’est la diversité. Le matin, je parle politique, l’après-midi football. Puis j’essaie de m’adapter en fonction de chaque média, je ne présente pas de la même façon une émission de radio ou de télévision. Et quand j’écris, j’essaye de faire quelque chose de différent.

Et si vous deviez choisir entre commenter un match et animer une émission de football ?

Commenter un match, c’est toujours aussi excitant pour moi. C’est un art mineur que l’on apprend à maîtriser. Le fait de combiner une action de jeu à des paroles, de la passer dans mon tamis et de convertir le spectacle du football en mon propre spectacle pour les auditeurs, c’est un défi formidable. Il faut rendre ça beau, le jouer, le rendre attractif, être précis.

Quels changements majeurs ont marqué les médias depuis vos débuts, dans les années 60 ?

Il faudrait des heures pour répondre à cette question… L’apparition d’Internet est un élément majeur. Je ne suis pas un grand consommateur, je n’ai pas d’adresse e-mail. Les informations sont mastiquées, puis avalées, il y a chaque jour plus d’informations et moins de compréhension. Je ne sens pas que je m’informe quand je vais sur Internet, c’est très superficiel. Je suis un nostalgique, j’appartiens à la résistance. Après, je trouve ça merveilleux qu’un Argentin exilé en Chine puisse écouter la radio de son pays juste en cliquant sur un bouton.

Alejandro Carbone, à Buenos Aires

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