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- FC Barcelone-Real Madrid (1-3)
Le comeback triomphal de Sergio Ramos pour le Clásico
Après le contraste mesuré entre le naufrage défensif en Ligue des champions contre le Shakhtar mercredi (2-3) et la victoire dans le Clásico ce samedi, il n’est plus possible d’invoquer la coïncidence ou de jouer les aveugles : le Real de Zidane est dépendant d’un joueur, et son opium se nomme Sergio Ramos. Le boss du Real l’a une nouvelle fois prouvé en menant les siens vers un succès convaincant contre le Barça d’un Messi muet pour la sixième fois d’affilée contre le rival madrilène.
C’est une curieuse habitude. Un peu partout en Europe, lorsque le collectif est en péril, on aime chercher la fleur de sa dépendance. Ainsi, on a vu pousser la Messi dépendance du Barça, la Neymar-Mbappé dépendance du PSG ou, plus récemment la Fernandes dépendance de Manchester United. Lorsque le tour du Real arrive, c’est le nom de Karim Benzema qui fuse de toutes parts. Pourtant, ce serait oublier que le Real s’est avant toute autre chose appuyé la saison dernière sur sa défense de fer pour ajouter une 34e Liga à son palmarès, et qu’il a remis ça ce samedi lors du Clásico à Barcelone. En plus d’avoir mis Messi au fond de sa poche, Ramos a encore prouvé qu’il était plus qu’un défenseur hors pair. Lorsque Lenglet est tombé dans le panneau en tirant son maillot, personne n’a douté qu’à 34 ans, le sang glacial du Churu, comme le surnommait son ex-coéquipier Saviola, donnerait un avantage décisif au Real. Et bien sûr, Ramos n’a pas tremblé.
Et à qui d’autre que Sergio Ramos peut-on imputer cette perméabilité ? Le Viking espagnol est un leader hors pair qui ferait passer Ragnar Lodbrok pour un petit joueur. Sa seule présence sur le pré rend ses coéquipiers plus sereins, plus confiants, et son premier duel décourage souvent les intrépides attaquants adverses à un nouvel affrontement. Les imprudents qui reviennent à la charge repartent rarement indemnes. À l’image de son tacle sur Messi dans le temps additionnel ce mercredi, alors que la victoire était acquise, Ramos ne lâche rien, et contraint ses coéquipiers à faire de même. Car si, comme souvent la saison passée, un but de Benzema suffit au Real pour l’emporter, c’est parce que les attaques adverses se cassent les dents sur une défense orchestrée d’une main, et surtout d’une voix, de maître. Et quand il faut en planter un de plus, c’est Sergio Ramos, onze buts en championnat la saison passée, qui surgit, à la réception d’un corner ou pour transformer un penalty.
Comme des airs de déjà vu
Mercredi, c’est un Shakhtar pourtant largement amoindri par les absences de dix joueurs, dont les cadres Stepanenko, Alan Patrick ou Junior Moraes, qui s’est joué d’un Real orphelin de son leader. Une débandade sur laquelle les parieurs les plus malins ont sûrement mis une petite pièce en voyant le capitaine espagnol absent de la feuille de match. Avant les Ukrainiens, Manchester City s’était délecté de cette fébrilité pour bouter la bande à Zidane hors de la Ligue des champions dès les huitièmes. Si les erreurs de Raphaël Varane avaient profité à Raheem Sterling et Gabriel Jesus, les approximations de brebis privées de leur berger, de Militão à Casemiro, en passant par Carvajal et Mendy, auraient pu rendre l’addition encore plus salée.
Avant cette rencontre contre Donetsk, les Merengues n’avaient remporté qu’un seul de leurs sept matchs de Ligue des champions quand Ramos était absent. Et lorsqu’un Ajax fringant, mené par un Tadić en état de grâce, avait balayé au Bernabéu un Real aux abois, qui assistait au désastre en tribunes ? Bingo, c’est ce bon Sergio ! Si le bilan se fait plus contrasté en Liga (huit victoires, deux nuls et trois défaites sur les treize matchs manqués par Ramos depuis le début de la saison 2018-2019), l’impression visuelle ne ment pas. Lorsque le général est absent, le régiment troque ses armes contre des fleurs et se mue en une timide bande désorganisée. Le Barça le sait désormais mieux que personne.
Par Tom Dépériers