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Le come-back de Gouffran

Antoine Mestres
Le come-back de Gouffran

On l'avait un peu oublié, Yoan Gouffran, pris dans le marasme des Girondins en fin de cycle. Moqué aussi. Pourtant, cette année, après Olivier Giroud, le deuxième meilleur buteur français, c'est qui ? Bah, c'est Yoyo.

À une époque, quand le PSG était au plus mal, le PSG avait un rêve. Non, non, pas Kaká, pas Higuain, pas Lavezzi. Yoan Gouffran. Qui lui aussi avait un rêve : le PSG. Un mariage donc évident en 2007, à une date où le club parisien cherche désespérément un mec capable de tenir l’aile droite laissée à l’abandon par le départ de Fabrice Fiorèse. Au mercato hivernal, le contrat est acté, mais le PSG va mal, et Gouffran préfère finalement terminer la saison avec Caen. Une jolie veste pour le club de la capitale qui, du coup, se rabat sur le mémorable duo Souza-Everton. Un temps fâchés, les supporters parisiens lui en ont voulu. Maintenant, ils sont sans doute passés à autre chose. Et nous aussi, d’ailleurs.

Allez, on se l’avoue, on l’avait un peu zappé Yoan Gouffran. Enterré même. Titulaire discret l’année du titre bordelais de 2009, pas au mieux ensuite, puis au plus bas lorsque Bordeaux sombrait, on se demandait bien quelle tournure allait pouvoir prendre une carrière pourtant débutée avec brio au Stade Malherbe, avec un statut d'(international)espoir du foot français. Le 15 octobre 2011, au soir de la 10e journée, le premier tiers du championnat approchant, Bordeaux, qui vient de prendre 3-0 à Nice, 18e, fait pitié. En bas, tout en bas. Et Gouffran, avec un petit but au compteur, n’est pas au top non plus. Puis le 3/5/2 est arrivé, la remuntada bordelaise a opéré, et Yoyo, s’il n’est toujours pas devenu celui qu’on espérait à ses débuts, s’est remis à marquer.

Un joueur hybride

À Caen, dans une équipe qui jouait le contre, il était un ailier efficace (33 pions en trois saisons avec une pointe à 15 réalisations en 2006-2007), un bon buteur et le chouchou. Arrivant alors dans un Bordeaux au top du hip-hop, Gouffran s’imagine bien exploser définitivement au plus haut niveau et passer le cap. Oui mais voilà, dans une équipe censée faire le jeu, dans un rôle d’ailier plus classique, sur un système de jeu posé, Yoan a beaucoup de mal. Un peu comme un ailier fort en NBA qui fait gonfler ses stats dans le run and gun des Warriors de Don Nelson, avec tickets shoot à trois points à gogo, et qui se retrouve ensuite tout penaud chez les Spurs, au paradis de l’attaque placée. En Gironde, Yoan devient un joueur moyen, laborieux mais volontaire. Un joueur hybride. Un attaquant qu’on met à droite. Un ailier imparfait qui aimerait faire jouer devant. On ne sait plus.

Un joueur qu’on n’arrive ni à encenser, ni à enfoncer. Mais qu’on trouve pas très bon, quoi. Calé à droite dans le losange de Laurent Blanc avec Gourcuff derrière, Wendel à gauche et Chamakh devant, Yoan se cherche, sans trop trouver sa place. Et ses stats sont en chute libre. Si le club termine champion, il n’en est pas un joueur majeur pour autant. Car rarement décisif. Sauf lors de la dernière journée, où il inscrit le seul but de la rencontre face à Caen, but qui offre le titre aux Girondins et condamne son club formateur à la Ligue 2. Drôle d’histoire. Puis viennent deux saisons pour sept buts. Autant dire que dalle dans une équipe devenue moyenne.

Merci Gillot

L’été dernier, Francis Gillot est venu. La révolution tactique de janvier est passée, Obraniak et Mariano sont arrivés, et Bordeaux s’est refait la cerise. Gouffran, alors replacé dans un rôle de pivot dans une attaque à deux, a retrouvé un peu son jeu. Avec Jussie, Diabaté ou Maurice Belay autour de lui, l’identité de jeu bordelaise s’est renouvelée et il s’est remis à scorer. D’ailleurs, Francis Gillot, fin 2011, voyait déjà les signes annonciateurs d’une bonne passe à venir : « Il est plus mature et plus réfléchi dans ce qu’il fait. Il fait le bon geste au bon moment, c’est comme cela que l’on marque des buts. À l’entraînement, il est en pleine bourre, il court partout. » Et Yoan le lui a bien rendu. Content d’être mis en pointe, là où il se sent plus à l’aise. Là où ses anciens coachs ne voulaient pas le voir.

Dans un France Football de mai, il déclarait d’ailleurs : « Que ce soit Blanc ou Tigana, ils ne m’ont jamais fait jouer à mon vrai poste. Quand j’étais titulaire, c’était milieu droit, jamais devant, dans l’axe. Pour dépanner, O.K., mais tout le temps, non. C’est simple, avec eux, je n’ai jamais joué à mon poste. À la fin, je prenais ça pour une sanction, j’en avais ras-le-bol. Seul le coach Gillot a été réglo avec moi » . Avec 14 réalisations, il termine donc deuxième meilleur buteur français de l’exercice achevé, à égalité avec Bafé Gomis. La saison prochaine, Gouffran entrera dans sa dernière année de contrat. Pour les deux cocontractants, en pleine bourre à l’heure actuelle, il s’agit donc de faire le bon choix. Pour s’éviter un nouvel épisode Chamakh. Pour s’éviter une carrière en forme de yo-yo.

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Antoine Mestres

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