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Le cocktail de Krivets
Il y a deux ans, le FC Metz est allé chercher Sergueï Krivets dans l'espoir de le voir marcher sur la Ligue 1. Mais l'international biélorusse du Bate Borisov n'a jamais trouvé ses marques en France. Il est donc parti se relancer en Pologne cet été, et va affronter les Bleus ce mardi. Et montrer quel joueur il est vraiment ?
L’info a été officiallisée dans un tweet au début de l’été. Après deux saisons, une en Ligue 1, l’autre en Ligue 2, Sergueï Krivets a quitté le FC Metz. Par la petite porte, d’un commun accord, et en bons termes. « Il restait sur des saisons compliquées, il a eu du mal à jouer en Ligue 2, rembobine Philippe Gaillot, directeur sportif des Grenats. On l’a rencontré, on lui a demandé si on repartait sur une troisième année comme ça, en lui expliquant bien les difficultés qui l’attendaient, et on a convenu que c’était mieux pour tout le monde d’arrêter. » Libéré de sa troisième et dernière année de contrat, le milieu offensif s’engage au Wisła Płock, en première division polonaise. Avec regrets pour le dirigeant messin : « On reste persuadés que c’est un joueur de grande qualité, et qu’il va briller dans son nouveau club. » Un constat partagé par l’agent Didier Philippe, qui l’a fait venir en Lorraine. « Cela reste un joueur de qualité, pour preuve, il est encore en sélection biélorusse et il a marqué lors du dernier match contre la Norvège. » Un match amical durant lequel il est sorti du banc comme joker, un rôle presque comparable à sa dernière année française.
Et si Metz l’avait cramé ?
Au FC Metz, on n’a toujours pas compris les raisons de l’échec sportif, car « en matière d’état d’esprit, d’implication, il a toujours été irréprochable, assure Gaillot. Son talent était évident, mais cela ne se traduisait pas en efficacité sur le terrain. On a beaucoup discuté avec lui pour tenter de le valoriser dans l’équipe, on a essayé plusieurs positionnements, mais cela n’a jamais pris. » Didier Philippe pense que la première cause des déboires de Krivets en France est liée à un surmenage : « Il arrivait du Bate Borisov où il avait commencé sa saison en janvier, il a enchaîné les barrages de Ligue des champions, puis la Ligue 1 sans coupure. » Pour ses débuts contre Lyon, il n’a donc pas de problème de rythme, il régale. Mais à l’approche de l’hiver, il décroche. « Il était crâmé » , se remémore son ancien agent, « il aurait fallu le ménager, mais Albert Cartier ne souhaitait pas le faire sortir de l’équipe, c’est compréhensible. » En Biélorussie, Krivets pouvait compter sur « certains matchs faciles en championnat, et devait vraiment appuyer en Coupe d’Europe » . À Metz, il faut se dépouiller chaque week-end, car « le championnat est beaucoup plus homogène, et la répétition des matchs à intensité a été trop dure pour lui » , analyse l’agent.
« Sergueï ne garde pas un mauvais souvenir de la France »
Mais sur un match, comme celui des éliminatoires contre les Bleus, le génie peut sortir de sa boîte. « Il peut nous faire mal, car il est doué. La dernière passe, les décalages, la vision du jeu, il voit des choses que peu d’autres joueurs voient » , assure Gaillot. Le trentenaire n’a pas réussi à briller en France, avec 40 matchs et 2 buts en deux saisons, mais il pourrait remettre les pendules à l’heure pour une rencontre qui compte plus que double. Sentiment de revanche à craindre ? Simplement l’envie de bien faire selon Didier Philippe, car « Sergueï ne garde pas un mauvais souvenir de sa période en France, ni aucune rancune » . Reste que depuis la frappe d’Eder en finale de l’Euro, l’équipe de France a normalement appris à respecter les pensionnaires méconnus ou contrariés de Ligue 1.
Par Nicolas Jucha
Propos recueillis par Nicolas Jucha.