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Le Coca que Juande Ramos n’avait pas commandé
Ce soir, il y a derby. Pas forcément le plus médiatique de tous, le match fratricide entre le FC Séville et le Betis n’en reste pas moins le choc de la saison pour les Andalous. Et comme le prouve la rencontre du 28 février 2007, la passion autour du « Dervi » peut aussi déraper et passer du terrain au tribunal.
Stade Manuel Ruiz de Lopera, Séville. Quart de finale retour de la Coupe du Roi. 58e minute. But de Frédéric Kanouté. Le FC Séville ouvre le score sur le terrain du Bétis, et se dirige vers une qualification étriquée après le match nul et vierge de l’aller. Un homme lève les bras, puis s’écroule. On a beau lui donner quelques gifles, il ne répond pas. Emmené sur une civière, Juande Ramos, entraîneur du FC Séville, vient de se prendre une bouteille de Coca de 2 litres venue des tribunes en pleine poire. Le médecin du club, Adolfo Muñoz, intervient, mais flippe : « Il est tombé K.O comme un boxeur. J’ai même cru qu’il avait avalé sa langue sur le moment, et là, on aurait pu le perdre. Il ne se souvenait même plus du but après coup » . Revenu à ses esprits plus d’un quart d’heure après le choc, el Mister ne reviendra pas s’assoir sur le banc du stade ennemi. L’arbitre Undiano Mallenco ayant décidé d’interrompre le match après l’incident. Tous les regards se tournent alors vers les présidents des deux clubs.
« Pédé comme ton oncle »
C’est un fait, José Maria Del Nido, président des Sévillistas et José León, dirigeant suprême des Beticos, se détestent et se pourrissent par médias interposés. Durant tout le mois de février, les deux homologues n’ont cessé de se chercher : « On ne va pas se mentir, vu son niveau, le Betis ne peut pas être considéré comme un rival crédible du FC Séville » , lance notamment Del Nido. Mieux, à l’occasion d’une cérémonie en l’honneur du centenaire des Vert et Blanc, le président des Blanquirrojos refuse de poser pour la photo de groupe avec la statuette commémorative. Action-Réaction. Le lion León décide de placer son rival dans la liste des personnes non grata à la tribune présidentielle du stade Manuel Ruiz de Lopera, nom d’un emblématique patron du Betis, dont León est le neveu. Réponse du banni : « T’es aussi pédé que ton oncle » . Devant une telle escalade, le président de la région d’Andalousie réunit les deux protagonistes une heure avant le début du match afin d’enterrer la hache de guerre et de calmer leurs ouailles. Un brin tardif, en plus d’être faux-cul.
Veste en jean et crâne rasé
Et ce qui devait arriver arriva. Mais en pire. Pendant que le coach espagnol git au sol, les supporters des Verderones crient : « Qu’il crève ! Qu’il crève tout de suite ! » . L’ambulance dépêchée sur les lieux est accueillie à coups de pierres, et les forces de police anti-émeutes sont envoyées aux alentours du stade. Quelques jours après le chaos, l’enquête commence. Un suspect portant une veste en jean et le crâne rasé le jour du derby est recherché. Débusqué, le lanceur de boisson s’en sortira avec 5 000 euros d’amende, trois ans d’interdiction d’enceintes sportives, et 350 euros à verser directement dans la poche de sa victime. Le Betis, quant à lui, devra jouer ses trois prochaines rencontres à huis clos, et les 32 minutes restantes du quart de finale sur terrain neutre, à Getafe. Pour l’histoire, on se souviendra quand même des paroles du président León, à quelques minutes de la rencontre : « Je demande à nos supporters de ne pas agir contre l’intérêt du club, en lançant des bouteilles d’eau, par exemple » . Il n’avait pas précisé de Coca, aussi…
Par Walter Laouadi