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« Le coach nous a fait une causerie Mission impossible »
Le FC Nantes à la trappe, la Loire-Atlantique ne compte plus que trois équipes encore en lice en Coupe de France. Parmi lesquelles l'Elan de Gorges (Régional 2), petit poucet planté au pays du muscadet et du Hellfest, qui dispute ce dimanche son septième tour contre Sablé-sur-Sarthe (N2). Posés à l'apéro avant cette rencontre, les principaux intéressés racontent... En espérant que la saison ne se termine pas dès ce week-end.
Avant votre sixième tour contre Challans remporté aux tirs au but (2-2, 5-3), vous aviez réalisé seulement trois entraînements en dix jours et sans possibilité d’opposition à onze contre onze. Les jambes n’étaient pas trop lourdes ? Alexis Pineau, commercial et capitaine : On s’est toujours entretenus chacun de notre côté, je croyais être rincé à la fin de la première période, et il me restait finalement encore du jus. Étonnamment, ça l’a fait physiquement.Arnaud Charpentier, éducateur sportif à la ville de Nantes et gardien de but : Ce sont surtout les ressources mentales, aussi. On n’a rien lâché, on a toujours cru en nos chances, et la magie de la coupe a fait son effet. Depuis notre qualification, on est qualifiés de « sportifs de haut niveau » (Rires) et on a obtenu une dérogation de la préfecture pour s’entraîner au-delà de 18 heures ou faire des oppositions. Mais une fois qu’on sera éliminés, on repartira sur des entraînements sans contact. Donc on va tout donner pour ce match.
Que pensez-vous de ce format improvisé de la Coupe de France ? AC : Ça perd son charme. La qualification contre Challans, c’était historique pour le club et ça devait être une fête. Mais le lien avec les supporters et la troisième mi-temps, ça n’existe plus.AP : Ce qui est frustrant, c’est qu’on aurait pu jouer une Ligue 2 en étant qualifiés pour le septième tour. C’est le petit regret qu’on peut avoir.AC : Lors du record du club, un sixième tour en 1997, ils avaient affronté le SCO qui était en National (défaite 5-0). Au sixième tour cette saison, on aurait pu jouer une National : Cholet. Mais ils ont été éliminés par Challans.
Durant votre parcours, vous avez pour le moment tapé deux équipes évoluant dans des divisions au-dessus de vous.AC : On a réalisé un match d’anthologie au quatrième tour contre Mayenne (2-1), une R1 qui visait la montée en N3. L’équipe était très diminuée, il nous manquait les trois quarts de l’équipe et il y a même un mec de la D3 qui s’est retrouvé à jouer. Le coach nous a fait une causerie avec une super mise en scène « Mission impossible » . Il s’était caché dans les douches, il avait mis la musique du film et il avait un texte avec le fameux « Ce message s’autodétruira ». Les maillots de Coupe de France étaient dans un carton, il fallait l’ouvrir au moment où il nous le disait et il y avait un papier pour chaque joueur. On devait les récupérer au bon moment et puis ensuite, on a gagné 2-1. Un vrai hold-up de Coupe de France : on marque après deux minutes sur une boulette d’un de leurs défenseurs et après, on est acculés. On ne fait que balancer le plus loin possible, parce que c’était une piste autour. Ils arrivent à égaliser à la 60e, mais il y a encore une boulette de leur défenseur à la 89e… Festival ! Pour le sixième tour, le coach a fait son discours, puis il nous a envoyé une vidéo sur WhatsApp. Ça retraçait tout notre parcours depuis le deuxième tour avec des photos, ça donnait des petits frissons. Le cinquième tour, ça a été une superbe fête face à Entrammes (4-2) en R3. C’était deux semaines avant le confinement, deux cars sont venus de Mayenne. Il y avait peut-être 500 ou 600 personnes dans les tribunes, ça chantait des deux côtés. Après le match, ils ont filé avec nous en troisième mi-temps et c’est un peu le dernier verre qu’on a pu partager. Et puis, on garde toujours des liens maintenant : l’idée est qu’ils participent à nos futurs tournois jeunes. C’est aussi la belle histoire de notre épopée.
Vous fêtez toujours les victoires au muscadet ?Raphaël Pabou, dirigeant et directeur sportif officieux : Exactement. On a tellement de vins de qualité, chez nous ! À tous les matchs, on change et on ramène de nouveaux viticulteurs. Ça met l’ambiance, ça rend les gens joyeux !AC : Notre slogan, c’est « Mus Qu’un Club » !
C’est quoi, le secret de cette épopée ?AC : On bat des records, depuis quelques années. On représente une génération, le coach est là depuis huit ans. Dans l’équipe première, 60% ont été formés au club. C’est la directive du bureau.RP : Depuis l’arrivée de notre président, on a réussi à structurer et à placer de vrais bénévoles. On a des jeunes qui sont montés et avec ces huit-dix ans de travail, on commence à voir les premiers mecs qui étaient en débutant à l’époque arriver en équipe première. Il y a très peu de mecs de Gorges qui jouent dans d’autres clubs.
Au tour précédent, malgré le huis clos, plusieurs supporters ont réussi à assister au match depuis le parking. AC : C’est le parking de la gare, qui surplombe le terrain.AP : Les ultras de la Carrière, notre kop à nous ! Sur le terrain, on les entendait bien. Ce qui était drôle, c’étaient les klaxons pendant la séance de tirs au but. Ça nous a donné du baume au cœur et sachant qu’il ne faisait pas beau, il fallait être motivé.RP : La semaine dernière, il y avait Vigneux, un club qu’on connaît bien, qui avait la chance d’avoir ses supporters juste derrière les buts.
C’est quoi, le plus triste ? Vos matchs à huis clos, ou l’annulation du Hellfest ?RP : Il y a match, mais ça n’est pas encore annulé cette année ! AC : On est tous bénévoles, en plus, on a vécu toutes les années du Hellfest. Clisson, ils sont dans notre groupe de R2. C’est notre grand rival, c’est vraiment le derby. Mais ils ont quand même le Hellfest !
Au tour précédent, vous avez partagé la dotation promise au vainqueur (7500 euros) par solidarité entre équipes amateures.AC : On a été précurseurs à vouloir partager la somme avec Challans, c’est notre coach qui a contacté le leur. Trois jours après, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, autre club du département de N3, a fait la même chose et plusieurs clubs ont suivi par la suite. AP : Pour le match face à Sablé, le partage ne sera pas 50/50 : ça va être 10 000 euros pour le vainqueur et 5000 pour le perdant. Ce qui est déjà beaucoup !
Propos reccueillis par Jérémie Baron