- C1
- Gr. A
- Bruges-PSG (1-1)
Le Club Bruges séduisant face au PSG
Décevants pour leurs grands débuts en Ligue des champions à Bruges, les joueurs du Paris Saint-Germain ne s'attendaient pas à être autant bousculés par une équipe belge qui leur aura peut-être transmis quelques fondamentaux sur l'attitude à avoir sur la scène européenne. Une prestation étincelante de bout en bout pour le plus grand bonheur du stade Jan-Breydel. Et qui vient rappeler une chose : oui, le Club Bruges a les moyens de jouer les trouble-fêtes dans cette poule.
« Je suis très fier. Mes joueurs ont écrit une page d’histoire du club. On a fait un grand match, on a joué avec des… Comment on dit ça en français ? Des cojones. » Philippe Clément a doublement raison. Dans ce PSG qui s’est présenté en Belgique avec cinq titulaires (Navas, Hakimi, Paredes, Herrera, Messi) et un coach (Pochettino) dont la langue natale est l’espagnol, on dit bien « cojones » . Surtout, l’entraîneur du Club Bruges vise juste quand il souligne la qualité de la partition jouée par ses hommes mercredi soir dans un stade Jan-Breydel aux anges. Seul regret pour l’ancien international belge, ne pas avoir renversé totalement la bête : « On a essayé jusqu’au bout, c’est dans notre ADN. Mais on a vu que la fatigue était là à la fin. » Oui, le champion de Belgique en titre a de l’ambition, ainsi que les moyens de la réaliser, au vu de ce que les Belges ont proposé face à l’armada parisienne.
Vous avez dit Petit Poucet ?
Le 26 août dernier, au moment du tirage au sort, beaucoup prédisaient déjà l’enfer au Club Bruges dans ce groupe A, en compagnie du PSG, City et Leipzig. C’était oublier que le club belge, qui participe pour la quatrième fois d’affilée à la grand-messe du football européen, n’a jamais terminé dernier de sa poule (trois fois troisième et reversé en C3). Avec au passage quelques jolis coups, comme ce 3-0 collé au Zénith Saint-Pétersbourg la saison dernière ou encore un 4-0 au Monaco de Thierry Henry, voilà près de trois ans. Dans la capitale, tout le monde a retenu le triplé d’un Kylian Mbappé énervé en Belgique un soir de large victoire (0-5), effaçant de la mémoire collective la prestation indigente du retour, pour une courte victoire sauvée par Keylor Navas, décisif sur penalty (1-0).
Débarrassée de toute pression, cette équipe de Bruges a ainsi pris l’habitude de réaliser de belles choses sur une scène européenne réputée trop grande pour elle. Pourtant, Bruges est loin d’être un faire-valoir, fort de son statut de nouveau grand de Belgique, avec trois des quatre dernières couronnes en Jupiler Pro League. « En voyant les installations du club, j’ai dit : « Ah ouais, quand même. » Honnêtement, c’est loin d’être ce que j’ai connu à Nice ou même au PSG », s’exclamait même Stanley N’Soki à Goalavant la rencontre. Le « Bayern de Belgique » possède même un centre de formation de plus en plus réputé, comme le nul obtenu plus tôt dans la journée de mercredi en Youth League face aux U19 du PSG (2-2) était venu le rappeler.
Jeunesse foudroyante
Le Paris Saint-Germain pensait peut-être passer son automne entre amis, enchaînant les retrouvailles avec de vieilles connaissances. C’était compter sans la transformation du Club Bruges depuis deux ans, à commencer par son secteur offensif. Charles De Ketelaere (20 ans) et le capitaine Hans Vanaken (29 ans) ont bien grandi, devenant au passage internationaux belges. Et ont accueilli à bras ouverts le talent de Noa Lang (acheté 6 millions d’euros à l’Ajax) pour former un trio infernal, bien plus séduisant le temps d’une soirée que son pendant parisien. « Ce soir, Charles[De Ketelaere]a été brillant, mais je m’en voudrais de ne mettre que sa prestation en évidence. Vanaken a été monstrueux, Lang aussi. Et la défense a bien tenu le coup face aux trois monstres offensifs parisiens. Je suppose que le public a apprécié », récitait encore Philippe Clément.
Sans oublier un Stanley N’Soki très heureux d’apporter une nouvelle démonstration au théorème de l’ancien Parisien qui sort le match parfait contre les Rouge et Bleu. Impressionnant, le titi s’est amusé pendant 90 minutes à casser presque à lui tout seul la relation entre les trois membres de la MNM, manquant d’un cheveu de faire sortir un Neymar transparent de ses gonds. Oui, le Paris Saint-Germain et son attaque de feu ont déçu mercredi soir pour leur entrée en lice dans une Ligue des champions qu’ils abordent en favoris. Mais cette contre-performance doit beaucoup à la fougue d’une équipe qui s’est autorisée à lui rentrer dedans pour rêver en grand, elle aussi. Au moins le temps d’une soirée.
Par Tom Binet