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  • Désignations 2018 & 2022

Le cirque suisse

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Le cirque suisse

L'étau se resserre autour de la FIFA sans qu'on ne sache vraiment s'il pourra un jour faire exploser la reine du football mondial, bien campée en Suisse, un pays formidable. On en a malheureusement pour encore très longtemps.

Aujourd’hui, le monde du football aura les yeux rivés sur la Suisse et les désignations des prochains pays hôtes des Coupes du Monde 2018 et 2022. Et cette semaine, la BBC a mis le doigt sur une couture sensible du costume d’une FIFA de plus en plus affligeante : l’éthique. Le Sunday Times avait déjà tapé dans la fourmilière en piégeant deux membres exécutifs (les fameux clampins décidant si oui ou non un pays a le droit d’organiser la Coupe du Monde), Amos Adamu (Nigéria) et Reynald Temarii (Tahiti). Les deux fautifs ont pris respectivement trois ans et un an de suspension d’activités liées au football par la commission d’éthique de la FIFA. Soit. Mais la BBC a mis une seconde baffe ce lundi lors de l’émission “Panorama”, avec un documentaire à charge proprement intitulé « Fifa’s dirty secrets » .

Andrew Jennings, sorte de Michael Moore version “cup of tea”, sans la casquette et les horribles tee-shirts, scrute depuis dix ans les travers de la maison du foot mondial, au point d’être blacklisté du quartier médias au QG de la FIFA à Zürich. Les soupçons de corruption, il les avait. Il enquêtait notamment sur les relations entre les hauts dirigeants de International Sport & Leisure (ISL), société détentrice exclusive des droits d’exploitation commerciale de la Coupe du Monde depuis une vingtaine d’années (sponsors et droits TV), et les membres du comité exécutif de la FIFA. Seules les preuves manquaient. Seulement, il y a « un mois, une source fiable et de confiance » dixit Jennings dans le documentaire, a refilé un petit bonbon : le listing secret de tous les paiements reçus (175 paiements pour un montant total de 100 millions de dollars) par les membres FIFA, entre 1989 et 1999, de la part d’ISL (ISL ayant fait faillite en fin 2001). Selon la source, Ricardo Texeira (président de la Confédération brésilienne), Issa Hayatou (président de la CAF) et Nicolas Leoz (président de la Conmebol) ont reçu quelques pots-de-vin dans l’histoire : 9,5 millions de dollars pour le premier, 100 000 francs en cash pour le second et 600 000 dollars pour le dernier.

Pour Sepp Blatter, inutile d’aller plus loin dans la polémique : « Dans son verdict du 26 juin 2008, la cour pénale de Zoug a largement exonéré les managers d’ISL, n’a condamné aucun responsable de la FIFA, notamment concernant les accusations de paiements de commissions » . Sepp oublie juste de dire que les managers d’ISL ne comparaissaient pas devant la cour pénale de Zoug pour corruption mais pour « mauvaise utilisation de l’argent de la compagnie » , la corruption ne faisant tout simplement pas partie des crimes à l’époque en Suisse. Et Sepp oublie également de mentionner qu’en juin dernier, une nouvelle procédure a conclu à un accord permettant à quelques officiels mouillés de verser 3,5 millions de livres. Bien sûr, cette seconde procédure n’est pas passée devant la cour et l’identité des officiels incriminés est tenue aujourd’hui secrète.

Le lobbyiste qui a géré Bhopal

Au-delà de cette affaire de corruption, ce documentaire d’une trentaine de minutes met en lumière le no man’s land juridique dans lequel se trouve la FIFA, bien heureuse d’être dans une Suisse où les principales préoccupations résident surtout dans le paiement des vignettes d’autoroute, la disparition des minarets, le secret bancaire ou l’expulsion des étrangers en situation de délits. Les membres FIFA ne sont pas fonctionnaires et échappent du coup à la loi suisse interdisant la corruption de fonctionnaires étrangers, la FIFA n’étant pas une organisation gouvernementale. La FIFA répond juste à ses propres règles et demande par exemple au gouvernement des pays candidats de signer une série de garanties allant de l’interdiction du travail illégal jusqu’à l’exemption complète de taxes pendant la compétition sur tous les produits estampillés FIFA. L’institution mondiale recèle surtout d’une nébuleuse de personnes aux casseroles nombreuses.

[page] Revenons à Texeira, le gendre de Joao Havelange (tiens tiens) n’est en effet pas un inconnu dans le microcosme des hommes véreux. Le Congrès brésilien s’était penché sur son cas dans le début des années 2000 pour de belles irrégularités financières dans la signature du contrat Nike avec la Seleçao même si les conclusions avaient été bien étouffées par quelques membres de la commission d’enquête, liés étroitement avec la Confédération brésilienne de foot (comme Eurico Miranda, propriétaire du club Vasco de Gama). Et on ne parle pas des 17 tonnes de biens importés non-déclarés en douane lors du retour de la Seleçao après la victoire à la World Cup 94. Prenez aussi le cas de Jack Warner, le président de la Concacaf., faisant partie des 24, pardon des 22 (retirez Adamu et Temarii) du comité exécutif FIFA. Lors de la Coupe du Monde 2006, il avait vendu au marché noir des tickets de matches faisant un profit d’un million de dollars. Sommé par la FIFA de rendre le million à une œuvre de charité, le gredin a récidivé pour l’édition 2010, sans que la FIFA ne bronche. Il est assez amusant aussi de se souvenir qu’Issa Hayatou s’était présenté contre Blatter en 2002 à la présidence de la FIFA, avec comme promesse de campagne, l’assainissement de l’institution.

Enfin, on ne va pas s’étendre sur le cas de Peter Hargitay, un lobbyiste européen payé 1,35 million de dollars et chargé de driver la candidature australienne pour le Mondial 2022 (bonus de 2,54 millions en cas de succès) alors que ce même Peter était le conseiller spécial de Blatter de 2002 à 2007. Dans ses charts également, Hargitay a rendu service à l’Union Carbide de Bhopal, en tissant la stratégie de non-paiement d’indemnités aux victimes de l’explosion de l’usine indienne. Voici donc en substance le pedigree de certains des membres du comité exécutif de la FIFA qui feront partie des sages choisissant les deux futurs pays d’accueil des Mondiaux 2018 et 2022 et des vautours traînant autour. Ah oui, on oubliait. La cerise sur le gâteau est à mettre au crédit du Comité International Olympique (CIO) qui « va demander aux auteurs du documentaire de lui fournir les preuves des allégations faites » . Oui, oui, on parle bien du CIO, l’organisation au-dessus de tout soupçon, même dans l’attribution des JO de Nagano, Salt Lake City, Sydney ou Pékin. The game is fair-play on vous dit…

Ronan Boscher

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