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- Bournemouth-Tottenham (1-0)
Le chemin de Travers
Premier gardien de moins de vingt ans titulaire en Premier League depuis Joe Hart il y a treize ans, l'Irlandais Mark Travers a écœuré les attaquants de Tottenham et grandement participé au succès de Bournemouth ce samedi. Ce n'est sûrement qu'un début.
Pour recevoir le titre de héros de Bournemouth ce samedi après-midi, on aurait pu désigner Heung-min Son, coupable d’avoir complètement perdu ses nerfs pour être exclu juste avant la pause au Vitality Stadium. Ou encore Juan Foyth, qui a laissé les visiteurs terminer à neuf contre onze en dégainant les crampons sur Jack Simpson juste après son entrée à la mi-temps.
The man of the moment ?Hear what @MarkTravers40 had to say to afcbTV after a day he will never forget ? https://t.co/wroAJfM8pM#BOUTOT // #afcb ? pic.twitter.com/f0ow6V9ZoV
— AFC Bournemouth (@afcbournemouth) 4 mai 2019
L’honneur aurait aussi pu aller à Nathan Aké, l’auteur du pion de la délivrance dans le temps additionnel (91e). Ou à Ryan Fraser, qui a encore assuré le service pour claquer sa quatorzième passe décisive en championnat cette saison. Mais si l’on rembobine les 95 minutes qui ont précédé le gain de trois points des Cherries face à Tottenham, c’est peut-être le portier Mark Travers, 19 ans pour sa première à ce niveau, qui sort du lot.
Travers, ce porc
La scène a pu prêter à sourire, et représente bien l’impression qu’a donnée le gardien irlandais en première période face aux Spurs. À la 33e minute de ce match, le consultant de RMC Sport Kévin Diaz, sans l’information sous ses yeux, en est rendu à spéculer quant à la taille du dernier rempart né en 1999. « Il est grand ! Il doit être à 1,92m facile. » Presque : le digne hériter de Joe Hart culmine à un centimètre de moins. Mais une chose est sûre : il sait prendre de la place, et faire de sa taille un atout.
Il faut dire qu’à ce moment-là, Travers s’est déjà fait remarquer en une demi-heure en enchaînant plusieurs parades de classe face aux gâchettes londoniennes. Un chef-d’œuvre en quatre actes : une mise en jambes face à Dele Alli (14e), une claquette devant Lucas (19e), un angle bien bouché du pied face au même Brésilien (25e) et, surtout, une envolée magnifique sur un coup de casque d’Alli (33e). Le tout sans broncher, en totale décontraction, l’air de rien. Et voilà comment on transforme un basculement dans le grand bain en premier coup d’éclat. C’était d’ailleurs la journée de la jeunesse, puisque Harvey Elliott (Fulham) est lui carrément devenu le plus jeune joueur de l’histoire de la Premier League.
Habile de ses pieds
S’il restait encore relativement inconnu jusqu’ici, Travers n’avait pas attendu ce 4 mai 2019 pour briller. Il l’avait déjà fait en réalisant quelque chose que son poste permet pourtant peu : marquer un pion. Et pas une vulgaire tête en fin de match sur un cafouillage dans la boîte. Non, plutôt un coup franc frappé de son propre camp parfaitement dosé pour lober son homologue adverse et trouver directement le chemin des filets pour signer le but de la victoire. C’était en août 2017 sur la pelouse de Bishop’s Stortford, pour commencer de la meilleure des façons son prêt dans les bas-fonds du football anglais du côté du Weymouth FC (septième division).
Celui qui s’apprête à souffler ses vingt bougies a traversé la mer d’Irlande à l’été 2016 pour signer à Bournemouth, notamment après un passage aux Shamrock Rovers. Jusqu’ici cantonné à évoluer avec les jeunes pousses (malgré quelques bancs en coupes) sur les bords de la Manche, le natif de Kildare a pourtant déjà tapé dans l’œil du sélectionneur des Boys in Green Mick McCarthy puisqu’il a fêté sa première convocation en mars pour les qualifications à l’Euro, restant toutefois sur le banc contre Gibraltar et la Géorgie. En club, le flou entourant la hiérarchie des gardiens a souri à Travers : si Asmir Begović a longtemps été le numéro un et que le vieillissant Artur Boruc (39 piges) a assuré l’intérim lorsque Eddie Howe a décidé de se passer des services du Bosnien, la porte s’est finalement ouverte lors de cette 37e journée et le jeunot s’est engouffré dans la brèche en signe de promesse pour la suite. Désormais, le flou semble s’être un peu dissipé.
Par Jérémie Baron