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Le chemin de Grosskreutz
Arrivé cet été sur les rives du Bosphore, Kevin Großkreutz n'a toujours pas disputé une minute en match officiel avec Galatasaray. La faute à un transfert foireux. Résultat, il ne risque pas de jouer sous les couleurs du GS, tant il a le mal du pays et veut partir. Problème : personne ne veut de lui.
Les histoires d’amour finissent mal en général. L’idylle entre KG et le Borussia Dortmund n’y fait pas exception. Cet été, le Dortmunder Jung s’est retrouvé en quelques semaines mis au ban de son équipe de cœur. Une décision qui coïncide avec l’arrivée de Thomas Tuchel en lieu et place de Jürgen Klopp. L’ancien coach de Mayence qui a très vite fait comprendre à Großkreutz qu’il n’avait rien à faire de son statut d’icône, et l’a très vite exclu de ses plans. Vexé, blessé, Kevin est allé jouer quelques matchs en équipe réserve, en Regionalliga (4e division, ndlr). Mais la douleur était trop forte, et très vite, le double champion d’Allemagne a commencé à déverser son spleen sur les réseaux sociaux. « On m’a demandé si quelqu’un était venu me voir pour une prolongation de contrat. Ma réponse : cela fait des semaines que personne n’est venu me parler. Et bien sûr que je suis déçu. C’est comme si on vous disait que vous n’aviez plus le droit d’aller au stade » , peut-on lire sur Instagram. En gros : on lui a manqué de respect à lui, le gars qui peut jouer partout (même au goal), le double champion d’Allemagne, le champion du monde. Des propos qui n’ont bien évidemment pas plu à la direction, qui a décidé que l’avenir de Kevin ne s’écrirait plus en noir et jaune.
Problème technique
Encore fallait-il trouver un point de chute. Là où le départ de Jakub Błaszczykowski (lui aussi devenu un joueur culte au fil des années) s’est fait dans une certaine élégance (un prêt à la Fiorentina), là où le départ de Kevin Kampl s’est fait en bonne intelligence (transfert au Bayer Leverkusen), celui de Kevin Großkreutz a oscillé entre l’absurde et le n’importe quoi. Après que plusieurs clubs (comme l’Eintracht Francfort, par exemple) ont refusé de signer l’international allemand – sous prétexte qu’il coûte trop cher en salaire et en transfert –, la direction s’est mise en tête de le faire partir à n’importe quel prix. Finalement, à quelques heures de la fin du mercato, Galatasaray décide de faire une offre. Tout le monde se met d’accord, ne reste plus au Cimbom qu’à envoyer les papiers à la FIFA. Le club turc déclare avoir envoyé les documents officiels à 23h55. Sauf que les vraies galères commencent. Premier problème : la FIFA déclare avoir reçu les documents 48 secondes après minuit, soit au-delà de la date limite. Deuxième problème : l’instance dirigeante du football mondial n’officialisera pas de suite le transfert, sous prétexte que les documents envoyés n’ont pas été signés. Néanmoins, Dortmund et Galatasaray s’accordent sur le transfert du joueur. Mais à cause du retard dans l’envoi des documents, Kevin Großkreutz ne pourra pas jouer avant le 1sup>er janvier 2016.
Le mal du pays
Malgré un transfert foiré, KG ne se laisse pas abattre. C’est une nouvelle aventure qui l’attend sur les rives du Bosphore, dans l’un des clubs les plus prestigieux du pays. Mais voilà : très vite, le manque de compétition mène au manque de motivation, qui mène à la frustration. Petit à petit, Kevin est envahi par le « Heimweh » , le mal du pays. Il veut retrouver l’Allemagne, et surtout sa ville, Dortmund, son quartier, Eving, et sa famille. Il veut retrouver la douce odeur de la currywurst et se balader tranquillement dans les rues de la cité de la Ruhr. Son employeur comprend et lui offre des billets d’avion pour qu’il puisse rentrer autant qu’il le souhaite. Mais sa situation ne s’améliore pas. En vrai, il n’a toujours pas digéré son départ du BvB, la manière « passive » dont il a été poussé vers la sortie. Et une galère en amenant une autre, il se retrouve (sans le vouloir) au début du mois de novembre dans une rixe impliquant sa mère et une autre femme au bord du terrain du VfL Kemminghausen, un club de quartier dirigé par Marcel Großkreutz, le père. D’abord accusé d’avoir donné un coup de pied au ventre de la dame qui se crêpait le chignon avec sa mère, Kevin sera finalement disculpé par un témoin. Une histoire qui prouve bien que quand on a la scoumoune, elle vous colle à la peau.
Un départ imminent ?
Qu’en est-il aujourd’hui ? Aux dernières nouvelles, Großkreutz n’a plus envie de rien à Istanbul. « Un matin, je l’ai vu assis devant le centre d’entraînement. Je lui ai demandé s’il y avait un problème, il m’a dit qu’il ne pouvait plus continuer ici » , a raconté Mustafa Denizli la semaine dernière aux médias turcs. L’entraîneur de Galatasaray à qui Großkreutz a demandé de le « laisser quitter le club pour rentrer en Allemagne » . Oui, mais pour aller où ? Là est bien le problème. Il y a quelques semaines, Jörg Schmatdke, directeur sportif du 1.FC Cologne, a fait taire les rumeurs qui envoyaient Kevin chez les Geißböcke. Leverkusen semblerait être intéressé, mais rien de concret pour l’instant. Quant à Dortmund, ce n’est même pas la peine d’y songer : Hans-Joachim Watzke lui a définitivement fermé la porte. « Un retour n’aurait pas de sens » , a déclaré le boss du BvB à Sport Bild. Heureusement, il reste toujours un peu d’espoir. En effet, le dernier bruit de couloir en date viendrait de Liverpool, où il se murmure que Jürgen Klopp aimerait bien récupérer son ancien joueur, qui sait plus que personne ce que le verbe « se sacrifier » signifie. Si cela venait à se concrétiser, ce serait une belle histoire pour celui qui, depuis un an et demi, a connu la trajectoire la plus effrayante de tous les champions du monde 2014.
Par Ali Farhat