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Le Cesc ordinaire
Utilisé en joueur de rotation ou seulement pour finir les rencontres depuis le début de saison à Chelsea, Cesc Fàbregas traverse actuellement un nouveau chapitre de sa carrière : entre le banc, l'ombre et une lumière qu'il arrive à allumer de temps en temps comme cette semaine à Leicester. Sauf que son profil pourrait finalement être la solution pour débloquer le système Conte.
La vie de Cesc Fàbregas est ainsi faite. Il a toujours donné plus qu’il n’a reçu. C’est lui qui a fait la passe décisive à Iniesta lors de la finale de la Coupe du monde 2010, lui qui a remplacé Messi en pointe lorsque l’Argentin était blessé au Barça, lui aussi qui a toujours vécu à l’ombre de la paire Xavi-Iniesta, mais surtout lui qui a toujours choisi de se mettre dans la difficulté. Revenir à Barcelone en 2011, huit ans après avoir quitté le club, était « un défi » . Lui préfère l’expliquer différemment dans le SoFoot #106 : « J’avais besoin de me prouver que je pouvais jouer dans la meilleure équipe du monde. Me frotter aux meilleurs, c’est ce qui me permet de me lever de mon lit tous les matins. « Hey toi, il faut que tu bosses dur pour pouvoir jouer » ; voilà ce que je me dis en me réveillant. » Puis, cela s’est compliqué lorsque Cesc a compris qu’il ne pourrait jamais jouer « de la manière qui plaît à Fàbregas » . Alors, il a décidé de revenir en Angleterre, à Chelsea, en acceptant de voir son maillot brûlé par les supporters d’Arsenal, là où il était devenu en octobre 2003 le plus jeune joueur à porter le tricot des Gunners, à seize ans et 177 jours. Voilà maintenant deux ans que l’international espagnol (110 sélections) a retrouvé la Premier League. Et le voilà aujourd’hui face à une nouvelle quête de preuves. « C’est une nouvelle situation pour moi après treize ans de carrière à jouer quasiment tout le temps pour mon club ou mon équipe nationale et c’est assez difficile, je ne peux pas le nier. » Car, pour le moment et depuis le début de saison, Cesc Fàbregas ne reçoit toujours pas beaucoup, mais d’abord parce qu’il ne peut plus donner.
La variété selon Cesc
Les chiffres, d’abord. Depuis le début de la saison, Fàbregas n’a cavalé que pendant 32 minutes en Premier League. Il faut ajouter un match complet contre Bristol en League Cup (3-2) et un autre à Leicester mercredi (4-2, a.p.) où il a inscrit un doublé. C’est peu et c’est surtout un statut auquel l’Espagnol n’a jamais été habitué. Sous Conte, le milieu est devenu un joueur de fin de match, de rotation, et ce, malgré le fait que le coach italien a répété récemment que Cesc faisait « partie de ses plans et de ceux de Chelsea. On sait tous que c’est un joueur fantastique. Je le vois à chaque entraînement avec son implication. S’il continue sur cette voie, cela va devenir compliqué pour moi de ne pas l’aligner » . Face à Leicester en League Cup cette semaine, Fàbregas a apporté ce que Conte attend de lui : contrôler le jeu, le varier, être la sécurité derrière un Matić dont le profil est à l’opposé de celui de l’Espagnol. Et il a été décisif, sur un corner déposé sur la tête de Gary Cahill avant la pause, en concluant une intuition subtile de Hazard ou à la retombée d’un ballon mal boxé par Zieler. Le tout dans un 4-2-3-1 dessiné pour lui, que Conte avait déjà installé contre Bristol et contre Liverpool (1-2) où Fàbregas avait terminé le match avec un Kanté moins influent.
« C’est ce que j’attends d’un joueur, qu’il installe des doutes dans mon esprit plus que m’obliger à choisir quelqu’un d’autre » , expliquait Conte il y a quelques jours. Après la qualification contre Leicester, Cesc Fàbregas en a donc profité pour glisser qu’il espérait maintenant que son nouvel entraîneur avait vu qu’il « mérite de jouer un peu plus » et a réglé ses comptes avec la presse anglaise : « J’espère que ça va faire taire certains journaux qui disent tout le temps de la merde. » Depuis quelques mois, l’Espagnol se signalait surtout par des performances loin de sa première saison à Chelsea et un côté pleureuse qui agaçait. Cette fois, il a préféré se remettre au boulot pour obliger Conte à bouger ses schémas et sa première titularisation devrait arriver contre Arsenal samedi.
« Je n’ai jamais pensé à quitter Chelsea »
Ce que Conte attend de Fàbregas est nouveau, car le milieu international doit bosser sur son apport défensif, dans un rôle de liant de transitions défense-attaque. Les deux hommes ont largement discuté pendant la préparation, ont dessiné ensemble cette nouvelle fonction, et Leicester a été un premier bon aperçu malgré un Chelsea qui a posé de nouvelles questions sur son secteur défensif. Cet été pourtant, les qualités du joueur espagnol semblait un temps être devenues dispensables, ce qu’il a tenu à régler à la Cadena COPE il y a quelques jours : « Je n’ai jamais pensé à quitter Chelsea. Madrid ? Il y a peut-être eu des appels, il n’y en a peut-être pas eu, mais je ne pense pas à partir. Les rumeurs sur moi me fatiguent. » Ce serait trop simple pour un milieu dont la polyvalence a souvent posé la question de son vrai poste. Cette fois, alors que le Chelsea de Conte est encore en rodage, Fàbregas doit apporter sa vision, sa diversité pour permettre aux Blues de tenir un match dans sa totalité et de les tuer avant les dix dernières minutes. La défaite à domicile contre Liverpool a affiché les largesses des premières semaines du mandat de l’entraîneur italien, de la faiblesse des latéraux – Ivanović notamment, dont le coffre n’est plus le même – avec un style tourné sur l’intensité constante. Arsenal doit être la première pierre pour la suite. Avec Cesc ?
Profitez de nos bonus et pariez sur le match Arsenal-ChelseaPar Maxime Brigand